Avant tout, je tiens à remercier les éditions PVH pour leur confiance et de m'avoir permis la découverte de ce roman via l'opération Masse critique de Babélio.
Premier constat à la réception du précieux : c'est un bel objet, indéniablement, la couverture en nuances de gris exhibe une police de caractères aguicheuse et promesse de surprises.
J'avais été séduit par la 4ème de couverture, présente ici plutôt sur la couverture à proprement parler, un choix réussi. Je me suis dit : voilà un résumé aux accents tout lovecraftiens, avec le
flot d'idées associées à cet auteur : l'enchantement de l'étrange, les personnages valétudinaires (spoiler : fort heureusement, les personnages sont plus humains et fraternels !).
Ainsi a débuté la lecture. La description du métier du protagoniste m'avait intrigué : spécialiste dans la résolution de conflits. L'étrange commençait ici ! C'est finalement quelque chose qui colle assez bien au personnage. Prométhée Kasonga, armé de bon sens, va devoir résoudre l'énigme d'un immeuble qui a disparu en plein Berlin, volatilisé, avec des dizaines de personnes à l'intérieur, dont la cousine de Prométhée, avec qui il a un lien particulier dévoilé que l'on découvre comme une pelote de laine d'où l'on tire un fil.
Sur la forme, le langage est accessible et pourra convenir aux adolescents comme aux adultes. Si j'ai parfois regretté l'absence de pauses ou de lignes plus contemplatives - le thème peut aussi s'y prêter -, force est de constater que le style sert l'intrigue, dont la première qualité est le rythme effréné, associé à un suspense omniprésent. Les pages se tournent sans y paraître, le récit ne souffre d'aucun creux et l'on plonge rapidement dans le cauchemar en même temps que les personnages. le revers de la médaille est peut-être un certain manque d'épaisseur de personnages annexes, comme Digger, au contraire d'un Prométhée Kasonga tout en nuances et en fragilités, à l'opposé du héros classique. Il brille d'abord par son humanité, et c'est un certain optimisme (bienvenu en tout temps) de l'auteur que l'on découvre. J'ai lu sur une autre critique que le lecteur avait envie de secouer le personnage principal, voilà pour moi un bel exemple de réussite, un héros qui plaît à tout le monde, quelle plaie !
Sur le fond, il est difficile de ne pas trop en dévoiler. Voilà un roman agréablement protéiforme. On s'éloigne assez rapidement d'une atmosphère dérangeante à la
Lovecraft. La première moitié du roman se range plutôt dans le fantastique aux accents de polar, quand la seconde partie évolue en fable survitaminée. le titre du roman est parfaitement choisi et m'avait interpellé. Il fait sens à la lecture, avec une métaphore tissée sur le récit. Car, au delà de la lecture premier degré, déjà fort plaisante, j'ai aimé, et même préféré, croiser, pêle-même, une certaine critique de la société mêlée à certaines considérations qui renvoient sans doute à la personne à qui l'auteur a dédié son roman dans la première page. C'est un message fort, qui ne m'a pas laissé insensible, bien qu'atténué par la volonté d'ouverture du roman à une suite, considération toute personnelle ! le roman constitue un tout auto-suffisant et digne d'intérêt.