Voici donc Fitz lancé dans une course contre la montre. Il doit, du mieux possible, préparer le clan des artiseurs. Pour protéger le Prince durant le voyage, ô combien dangereux, que ce dernier s'est engagé à faire pour prouver à la Narcheska, sa future femme, qu'il est digne de l'épouser. Et ce n'est pas une mince affaire. Non seulement, Fitz ne sait que partiellement ce qu'il fait, après tout, il n'a jamais bénéficié d'une formation d'Art digne de ce nom, mais en plus il doit faire face à une relative incompétence d'Umbre, dont la motivation n'équivaut en rien son talent, à une puissance incontrôlée de Lourd, le simple d'esprit, et à une position peu évidente à tenir face au Prince. Qui perce, doucement, ses secrets. Ajoutons à cela un manque de temps. Et une quantité trop importante de soucis annexes. Car, et c'est heureux, Fitz a une vie, avec tout ce que cela comporte, à côté de son rôle d'assassin. Enfin presque.
Toujours les mêmes ingrédients dans ce onzième tome. Et ça fonctionne encore. Bien entendu, et comme pour les précédents livres, il ne faut pas s'attendre à d'épiques combats. Sanglants et magiques. Non. Ici, nous sommes dans les complots. Dans la manipulation. Dans la clandestinité. Dans un univers où la tête compte finalement plus que les muscles. Chaque personnage joue un rôle. Chaque personnage possède sa part de mystère. Son identité. Ses secrets. Et ils doivent s'en accommoder. Agir en conséquence. Avec intelligence. Dans un unique but. Préserver la couronne et les Six-Duchés des menaces qui sont là, tapies dans les coins et recoins de Castelcerf.
Ce qui est appréciable dans ce tome ce sont les secrets qui se transforment. Certains, vieux de plusieurs livres, commencent à s'effriter. de nouveaux apparaissent. Aussi potentiellement mortels. Et
Hobb parvient toujours à surprendre. Malgré des ficelles et une recette maîtrisées. Les principaux protagonistes quant à eux grandissent et évoluent. Comme Umbre qui montre un côté sombre que l'on pensait avant tout dirigé vers les ennemis de la couronne. Jamais dans le but d'éventuellement assouvir ses ambitions. Devoir, du haut de son adolescence, se rapproche de l'homme qu'il deviendra. le Fou devient une ombre dont le rôle n'est pas bien défini. Mais il est toujours là. Les nouvelles têtes prennent également un peu d'épaisseur et commencent à appréciablement remplacer les disparus. Ce qui permet aux lecteurs d'encore plus s'immerger dans le récit. Et d'éviter de tourner en rond.
L'histoire, quant à elle, suit simplement son cours. Logiquement. On vit le voyage, long, de la suite royale. On vit les leçons d'Art. On ressent les doutes, les vides de Fitz. Qui reste pareil à lui-même. Angoissé mais enfermé dans un rôle qu'il n'a pas choisi mais qu'il se refuse à quitter. Loyal jusqu'à en être pathétique. C'est ce qui fait son charme. Ce qui fait qu'on s'y attache. Dans mon cas. L'histoire donc. Elle progresse doucement et nous quittons, pour quelques temps, Castelcerf et ses environs. Nous passons du temps en mer. Et chez les ennemis d'hier. Ces Outrîliens qui ne savent pas s'ils veulent la paix et la prospérité ou s'ils souhaitent reprendre les armes. Peuple de guerriers qu'il est. C'est à une étrange danse que nous invite
Hobb. Entre faux semblants et jeux de cache-cache, elle nous emmène encore avec elle dans son aventure mystique et mystérieuse. Par delà les mers et les glaces. Et on la suit. Presque avidement.
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