Citations sur L'Assassin royal, tome 8 : La Secte maudite (35)
"Le bonheur du Lignage, c’est que les animaux partagent leur existence avec nous ; son malheur, c’est que ces existences sont rarement aussi longues que les nôtres."
C'est un ami;mon prince, le meilleur que j'ai jamais eu, et le meilleur que vous aurez sans doute, vous aussi jamais.
Petit rère, ne me traite pas comme si j'étais déjà mort ou agonisant. Si cest ainsi que tu me vois, j'aime mieux être mort pour de bon. Tu voles le maintenant de ma vie quand tu crains que je disparaisse demain. Ta peur a des grifes glacées qui m'enserrent et me dépouillent du plaisir que je tire de la chaleur du jour.
Le bac, grande embarcation à fond plat en bois brut, était fixé à un cordage épais tendu entre les rives du fleuve. Des attelages de chevaux assuraient sa translation d’une berge à l’autre, et, à son bord, des hommes le maintenaient dans l’axe à l’aide de longues gaffes. Ils firent d’abord monter les chariots de dame Brésinga, et ensuite seulement les passagers et leurs montures. Je fermai la marche, et Manoire se montra rétive, mais elle finit par obéir, davantage, je pense, pour rester en compagnie des autres chevaux qu’en réponse à mes encouragements et à mes cajoleries. Le bac s’écarta de l’appontement et entama lourdement la traversée de la Cerf. L’eau clapotait en gargouillant contre le bord du chaland à pleine charge
"Mon frère ?"
"Continuez sans moi. Il faut être rapide et agile pour cette chasse."
"Tu veux donc que je continue sans mon nez ni mes yeux ?"
"Ni ta cervelle, malheureusement. Va, petit frère, et garde tes flatteries pour qui voudra les croire. Un chat peut-être."
Ma bouche était pleine d'onguent et de poils du loup, et mes doigts étaient enfoncés dans sa fourrure. Je le serrais contre moi, et, sous mon étreinte, ses poumons laissèrent échapper le dernier soupir qui y restait prisonnier. Oeil-de-nuit était mort. Une pluie glacée tombait en cataracte devant l'entrée de la grotte.
Fitz, tu sais que je t’aime, n’est-ce pas ?
Je me figeai.
C’est pourquoi il me déplairait d’être obligé de te tuer , poursuivit-il. Je reconnus une excellente imitation de ma voix et de mes inflexions. Je le regardai, les yeux écarquillés. Il s’était redressé dans son fauteuil et m’observait par-dessus le dossier avec un sourire peiné. Ne t’avise plus jamais de vouloir ranger mes vêtements. La soie véruléenne, ça se plie soigneusement, ça ne se fourre pas en vrac au fond d’un coffre.
— Je tâcherai de m’en souvenir , répondis-je d’un ton mortifié.
[...] l'Art n'est ni un lieu ni un temps à proprement parler; parfois, il me semble qu'on peut le définir comme l'état de l'être débarrassé des limites du soi, mais, en d'autres occasions, cette vision me parait trop étriquée, car les limites du "soi" ne sont pas les seules que nous imposons à notre expérience de l'être.
Cela m'était égal : même si nous n'avions plus pu partager que la souffrance, c'est avec bonheur que j'aurais accepté la sienne. Nous étions toujours ensemble.
Sois prudent, mon cœur, lui transmis-je, mais doucement, doucement, afin qu'il ne perçoive pas combien j'avais peur pour lui.