Si l'on ne meurt pas d'une blessure, on guérit d'une façon ou d'une autre, et il en va de même pour le chagrin. De la terrible douleur de l'instant de la séparation, nous passâmes tous deux dans les jours grisâtres de la stupeur et de l'attente hébétées ; c'est toujours ainsi que m'est apparu le chagrin, comme un temps où l'on attend, non que la souffrance s'efface, mais que l'on s'y habitue.
"Petit frère, ne me traite pas comme si j'étais déjà mort ou agonisant. Si c'est ainsi que tu me vois, j'aime mieux être mort pour de bon. Tu voles le maintenant de ma vie quand tu crains que je disparaisse demain. Ta peur a des griffes glacées qui m'enserrent et me dépouillent du plaisir que je tire de la chaleur du jour."
...j'étais incapable de trouver en moi assez d'amour de la vie pour avoir peur de la mort
ATTENTION : SPOILER IMPORTANT (ne pas lire si envie de lire le cycle)
"Attends-moi ! criai-je, et mon propre cri me tira du sommeil. Non loin de là, le fou se redressa, les cheveux en bataille. Je clignai les paupières. Ma bouche était pleine d'onguent et de poils de loup, et mes doigts étaient enfoncés dans sa fourrure. Je le serrai contre moi, et, sous mon étreinte, ses poumons laissèrent échapper le dernier soupir qui y restait prisonnier. Œil-de Nuit était mort. Une pluie glacée tombait en cataracte devant l'entrée de la grotte.
L'histoire n'est pas plus figée ni morte que l'avenir. Le passé est tout près ; il commence à la dernière respiration qu'on a prise.
- Je crois que je vais le laisser vivre sa vie d’adolescent quelques temps.
- Pensez-vous que ce soit raisonnable ? demanda-t-elle, mais elle souriait en posant la question.
- Non. […] Je pense que c’est stupide et merveilleux.
C’est toujours ainsi que m’est apparu le chagrin, comme un temps où l’on attend, non que la souffrance s’efface, mais que l’on s’y habitue.
Il pencha la tête et je vis dans son regard ce que je redoutais le plus : derrière les spéculations se cachait un besoin dévorant de compagnie ; comme des larmes de sang, de ses yeux coulait une solitude insupportable.
Cette fable, dans la tradition du Lignage, est une mise en garde : il ne faut pas former de relation avec un animal incapable de prendre autant qu’il donne.
une grande partie du malheur des hommes provient des espoirs qu'ils nourissent