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Citations sur L'animal et son biographe (26)

Aujourd'hui mes proches sont Edwige et Cédric, Charnot et les chasseurs. Tous sont radicalement différents des gens que j'ai connus mais rien n'est plus stimulant pour un romancier que l'exploration d'univers contrastés. Le véritable écrivain s'aventure dans les jungles sociales, voyage dans les pays les moins touristiques et conquiert les topographies de l'esprit humain. L'immobilisme de la pensée, le repli sur son ego sont les ennemis du créateur.
En écriture, en peinture ou en musique, c'est à l'artiste d'être au service de son oeuvre; peu importe sa vie mais s'il doit faire le deuil d'une existence ou d'une autre du jour au lendemain au nom de sa création, il n'a pas le droit d'hésiter. Comme je n'ai jamais aussi bien écrit que depuis ma présence dans ce lieu, je dis au revoir à mon existence passée.
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Il faut reprendre mes esprits,il est prudent de retourner sur mes pas, cette route ne mène nulle part - j'aurai agi plus tôt si ce type ne m'avait pas inquiétée.J'avance en priant, invoquant le ciel de me guider. Si je ne peux rejoindre Marnas aujourd'hui, j'espère au moins que j'aurai mémorisé le chemin qui mène à la maison d'Edwige et de Cédric, l'enchevêtrement des chemins de terre sans panneau de signalisation. Mon ventre se creuse, je vais tourner de l'oeil, me reprends, des crampes saisissent dans leur étau plusieurs muscles à la fois, m'imposant des arrêts, et ma bouche est sèche comme du bois. Je halète. L'air me brûle les poumons. Le soleil s'est couché, j'écarquille les yeux, il ne faut pas se perdre.
Enfin un croisement que je distingue à sa couleur, c'est le premier chemin vers la maison, je progresse prudemment. A la deuxième intersection, je me mets à douter de la direction, prends à gauche, sans conviction. Au bout d'un kilomètre environ, la sensation que je me suis trompée de direction m'impose un demi-tour. A mon corps de tenir.Eviter de penser, repousser l'inquiétude. Juste l'effort, le bon rythme qu'accompagne un bon souffle.
Miraculeusement, la fatigue s'oublie, j'emprunte alors le chemin de droite.
[...]
Mon corps continue sans moi, sans que j'ai vraiment conscience de fournir un effort. Soudain surgissant comme un Sphinx, une autre bifurcation me force à choisir entre le chemin de droite et celui de gauche. Aucun souvenir, mon corps flanche, la terre m'attire à elle. Je tombe. Trou noir.
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Ils n'ont laissé aucun mot, je n'aurai pas droit à une explication. [...]
Je referme la porte et, exaspérée, me décide à quitter cet endroit.Par mes propres moyens.Après une dernière vérification de mon téléphone - toujours sans réseau-, je prends mes affaires et me sauve. Est-ce bien raisonnable?
Tant pis. Je suis une vagabonde qui ne doit rien à personne.
A quelques pas de la maison, un local à outils dont la porte est entrouverte. Contre le mur, un vélo, un VTT en assez bon état dont je règle la selle. Plus d'hésitation, j'enfourche la bicyclette après avoir attaché mon sac en bandoulière et emprunte le premier chemin de terre. ça descend, tourne, puis ça monte. Je pédale à bonne allure. Entre plusieurs chemins, je choisis le plus "large" ou le plus central, une déduction qui porte ses fruits puisque j'arrive alors sur une route goudronnée. Mon coeur s'emballe. Cette route doit mener à un bourg, un village ou une ville. J'accélère.[...]
La route goudronnée s'étend sans fin en ondulant. Encore quelques kilomètres, endurer et se taire. Non, ce n'est pas vrai, ce n'est plus possible, ça ne peut pas continuer sans signalisation comme ça, dans les montagnes. Et les villages! Où sont les villages?
L'idée que je n'arrive nulle part m'étreint soudain. Absurde mais crédible. Je m'arrête, m'assois au bord de la route, éclate en sanglots. Je suis seule. Perdue.
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Il faut reprendre mes esprits,il est prudent de retourner sur mes pas, cette route ne mène nulle part - j'aurai agi plus tôt si ce type ne m'avait pas inquiétée.J'avance en priant, invoquant le ciel de me guider. Si je ne peux rejoindre Marnas aujourd'hui, j'espère au moins que j'aurai mémorisé le chemin qui mène à la maison d'Edwige et de Cédric, l'enchevêtrement des chemins de terre sans panneau de signalisation. Mon ventre se creuse, je vais tourner de l'oeil, me reprends, des crampes saisissent dans leur étau plusieurs muscles à la fois, m'imposant des arrêts, et ma bouche est sèche comme du bois. Je halète. L'air me brûle les poumons. Le soleil s'est couché, j'écarquille les yeux, il ne faut pas se perdre.
Enfin un croisement que je distingue à sa couleur, c'est le premier chemin vers la maison, je progresse prudemment. A la deuxième intersection, je me mets à douter de la direction, prends à gauche, sans conviction. Au bout d'un kilomètre environ, la sensation que je me suis trompée de direction m'impose un demi-tour. A mon corps de tenir.Eviter de penser, repousser l'inquiétude. Juste l'effort, le bon rythme qu'accompagne un bon souffle.
Miraculeusement, la fatigue s'oublie, j'emprunte alors le chemin de droite.
[...]
Mon corps continue sans moi, sans que j'ai vraiment conscience de fournir un effort. Soudain surgissant comme un Sphinx, une autre bifurcation me force à choisir entre le chemin de droite et celui de gauche. Aucun souvenir, mon corps flanche, la terre m'attire à elle. Je tombe. Trou noir.
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Ma voix voyage loin.J'appelle encore. "Y a-t-il quelqu'un?" Personne ne répond.
Je vérifie à nouveau la messagerie de mon téléphone portable. Toujours rien. Et quel que soit l'endroit où je me déplace autour et à l'intérieur de la maison: pas de réseau. Je ne peux pas être contactée, je ne sais pas si Brigitte a tenté de m'appeler.
[...]
La maison est vide mais les gens vont sûrement revenir. En attendant, je rentre chercher un téléphone fixe, jette un oeil partout. Pas de téléphone. J'ouvre des armoires dans l'espoir de tomber sur un ordinateur et une connexion internet qui me permettrait d'envoyer un mail aux organisateurs. Quête à nouveau inutile. Puisque personne ne peut répondre à mes questions, je me donne l'autorisation de fouiller. La maison est réellement habitée car les objets semblent avoir été utilisés et rangés depuis peu. Mais pas d'ordinateur et toujours pas de téléphone.Les habitants communiquent sans doute avec un portable dont l'opérateur, plus efficace que le mien, capte un maigre réseau. A moins qu'ils n'en soient réduits à utiliser des talkies-walkies ou des signaux de fumée. Je vais attendre que la dame de ce matin ou l'homme à la casquette rentre - car cette maison est certainement leur domicile.
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Le lecteur a souvent le don de vous projeter hors de la matrice de la création pour vous montrer ce qui sous-tend votre roman et qu'on a mis en oeuvre sans se l'expliquer.
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Mais je vous assure, Etienne, que j'ai beaucoup aimé cette première journée. Il soupire et bredouille qu'il est vraiment désolé, jamais il n'aurait imaginé que des lecteurs vindicatifs se seraient déplacés pour polémiquer avec un auteur.jamais.C'est la première fois qu'il se trouve impliqué dans un tel imbroglio. Pendant quelques secondes sa main droite quitte le volant et s'anime en rotation près de sa tempe. ( "des dingues"). Il est bien plus troublé que moi.J'ai beau répéter que ça va et qu'il doit cesser de s'en faire, il demeure abasourdi.
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Les jeunes auteurs et les écrivains plus anciens mais dont la notoriété demeure modeste ont en commun d’être invités à des conférences estivales dont personne n’a eu vent, à l’exception des vacanciers des campings participant à l’animation « littérature en tongs », une parenthèse culturelle parfois perçue comme une activité parmi d’autres, un passe-temps simplement moins fatigant que le ski nautique ou les matchs de ping-pong.
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« Je comprends que je ne suis qu’une curiosité supplémentaire sur un lieu de vacances où les gens prennent du bon temps. » (p. 16)
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« Il fallait coincer l’auteur. Si ce n’est avec de l’argent, du moins avec un sentiment qui annihilerait ses réactions de défense : l’effroi. » (p. 119)
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