Citations sur La belle n'a pas sommeil (43)
- Depuis, tu vis en retrait du monde...dit-il d'une voix rêveuse. Entouré de papier. En misanthrope.
- Ah non, je rectifie vigoureusement. Pas misanthrope: j'aime les hommes, les femmes, les enfants... Mais anachorète : je crains leur nombre. (p. 93)
Frédéric Berthet, cité dans le livre :
"Ayez la grace d'un courant d'air, la fluidité de l'éternel, tout à la fois, la permanence et l'impermanence des êtres sérieusement atteints. Devenez une espèce à vous tout seul, évolutif et scissionnaire. Expliquez posément la situation à votre compagne intersidérale."
Le soleil de septembre demeure en tenue d’été, la plus simple. Dans le ciel un nuage esseulé lui tient lieu de maillot.
Des millions et des millions nous sommes à nous croire solitaires, en retrait, marginaux (...)
Des millions à bouger le moins possible, à nous taire, afin de ne pas déranger le feuilleton de nos microfictions, en ne réclamant qu'une seule chose : la paix, la paix épaisse, confortable, soporifique. Les meilleurs jours, je me persuade que ce sont notre nombre, notre poids, notre silence qui pèsent sur la terre, freinant sa vitesse, la retenant par les cheveux, l'empêchant de tourner follement. (p. 19-20)
"Je n'imaginai pas à quel point les enfants se tenaient sages, leurs parents également, dès qu'on leu racontait des histoires."
Le soleil de septembre demeure en tenue d'été, la plus simple. Dans le ciel un nuage esseulé lui tient lieu de maillot. L'herbe devenue blonde, puis brûlée, craque avant de finir en poussiére sous le pied. On croise sur les petits chemins des camions de pompiers, aux aguets. Les couleurs de l'automne naissent dans des tons assourdis, jaune lichen, marron rouillé, comme si elles avaient connu, plutôt qu'un incendie, son souffle chaud, sous lequel des fougères achèvent de caraméliser.
se faire larguer n'est jamais agréable. A partir d'un certain âge, cela dessine crûment le chemin vers le lieu où nous avons tous rendez-vous, seuls, à minuit.
"_Ça ne se voit pas que je traverse une période difficile ? Ça ne se voit point que je n'ai rien ? Les livres sont aussi nécessaires que le pain."
Pourquoi M. Givenchy, comme un parfum ? Parce qu'il est subtil, volatil, je suppose, appartenant à la même espèce d'évaporation que "la part des anges"...
Il était une fois, dans la vie de ces gamins, une déesse blonde qui s'était généreusement penchée au-dessus d'eux, leur proposant, dans l'éclat d'yeux islandais où frémissaient des coquelicots, une compréhension magique, poétique du monde. Puisqu'elle-même existait, il fallait bien que tout cela fût vrai. Personne n'avait envie de voir s'enfuir, en même temps qu'elle, le dessous des océans, l'intérieur des palais, les arbres aux souhaits, les trésors cachés. Et moi, encore moins que le public.(p188)