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EAN : 9782757808115
192 pages
Points (30/11/-1)
3.35/5   69 notes
Résumé :
On nomme " baïne ", dans le Sud-Ouest de la France, une lagune entre le rivage et un banc de sable, formée par la houle de l'Atlantique. Des failles dans le banc génèrent un courant violent, appelé " sortie de baïne ", qui attire au large le nageur imprudent. Sandrine Laguibson, la trentaine, a réalisé son rêve d'estivante : habiter toute l'année à Soulac, une station balnéaire de la pointe de Grave. Ses deux enfants sont nés dans la région, ainsi que son époux, leu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
3,35

sur 69 notes
Sandrine Laguibson a pour ainsi dire tout pour être heureuse : Julien, d'une part son mari avec qui elle semble heureuse et épanouie entourée de ses deux enfants et de ses amies. Cependant, lorsqu'on vit dans une presqu'île, il ne s'y passe pas grand chose et forcément, l'arrivée d'un "étranger", même si ce dernier n'est que Parisien, ne passe pas inaperçue. Arnaud, photographe en repérage pour un film que son père souhaiterait adapter à partir d'un livre, est de cette espèce : une espèce curieuse dont on regarde et surveille les faits et gestes, comme une bête curieuse. Lorsque Sandrine lui apprend qu'elle pense avoir trouvé l'endroit idéal pour ce tournage, Arnaud ne se le fait pas dire deux fois. Cependant, l'océan peut parfois se montrer très cruel? Vous ne faîtes pas le lien ? C'est normal ! Lui qui a déjà emporté l'une de leurs amies qui le connaissait pourtant très bien, peut très bien à nouveau s'attaquer, non seulement aux touristes insouciants mais aussi à ses enfants. Sandrine va découvrir ce qu'est la vraie vie pour son plus grand bonheur mais ce dernier ne la conduira -t-elle pas à sa perte ? L'amour est fragile mais il peut aussi être destructeur, ravageur et cela, elle va le découvrir à ses dépens.

Un huis-clos avec un nombre de personnages restreint mais pour construire un roman comme celui-ci, il n'en faut que trois : l'épouse, le mari et....

Un roman extrêmement bien construit et bien écrit qui, si parfois laisse entrevoir l'ombre d'un drame approchant en raison de ces forts courants marins qui peuvent être traîtres, ne laisse rien présager jusqu'à la dernière page ! Je ne pourrait que trop vous encourager à vous laisser bercer par le doux ronronnement des vagues et par vous laisser charmer, encore une fois, par l'écriture et le style d'Eric Holder !
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Entre Eric Holder et moi il y a un souvenir, un lien. Je l'ai découvert à l'occasion du Prix France Télévision 2018 pour lequel j'étais jurée avec La belle n'a pas sommeil qui m'avait complètement subjuguée par l'univers qu'il créait autour de ses personnages, de ce qu'il mettait de lui, de son univers, de son amour des livres et dès que j'en ai l'occasion je lis ses ouvrages comme La correspondante, Les chemins délicats. A chaque fois il m'emmène sur ses chemins, avec ses mots, dans son pays, le Médoc, où ailleurs mais à chaque fois c'est un voyage plein de douceur, une autre manière de raconter la vie.

Ici il s'agit d'une histoire de rencontre entre Sandrine et Arnaud. Elle est mariée, a deux enfants et vit à Soulac, petite ville du bord de l'Atlantique.  La venue de "l'Etranger", Arnaud, dans la ville, va bouleverser sa vie bien réglée entre son travail dans un hôtel et des visites organisées pour les touristes pendant la saison. Ici tout le monde se connaît, s'épie car en dehors des mois d'été, ce n'est finalement qu'un petit village tranquille, où tout événement, passage fait l'objet de discussions et de commentaires.

Au premier regard ils sont attirés l'un vers l'autre, il va symboliser pour Sandrine, l'ouverture vers un autre monde, celui des tournages de films dont il est venu faire un repérage dans la région. Elle qui pensait sa vie toute tracée, s'effaçant dans son rôle de mère et d'épouse, va trouver le lieu qu'il recherche et ainsi se sentir exister, valoriser.

La baïne, ce courant maritime souterrain qui peut vous entraîner loin des côtes et vous noyer si vous tentez de lutter contre elle et c'est un peu ce qui va emporter Sandrine dans ce nouvel univers où elle va prendre confiance en elle, va se découvrir un visage, des réactions qu'elle n'imaginait pas posséder et vouloir changer sa vie. Elle va tour à tour résister ou se laisser porter, consciente du danger qui la guette.

Le premier personnage de ce roman est le Médoc et on ressent tout l'attachement de l'auteur à ce pays, à ce terroir, à ses paysages contrastés entre végétal et maritime. Il les décrit, les place et en fait souvent l'entrée en matière des situations et faisant de lui un décor actif et symbolique du roman.  A la manière des voisins épiant Sandrine, j'ai écouté le bruit de mer, le vent dans les terres et les pins, lu la manière d'Eric Holder de nous raconter une histoire d'amour entre deux êtres que rien n'appelaient à se rencontrer et qui vont vivre sur quelques mois une relation intense mais dangereuse quand elle se déroule sous les yeux d'une petite communauté, quand on vient de deux milieux différents et que l'on a pas les mêmes attaches.

"C'était l'heure où l'on déléguait au phare de Cordouan, avant-poste du désert salé, les frayeurs nocturnes, lui accordant une vertu de paratonnerre. La tempête, les coups de chien l'atteindraient en premier. (p109)"

Certes ce n'est pas un Grand roman, mais j'ai passé un agréable moment de lecture, bercée par l'écriture de cet auteur disparut en 2019, qui m'emporte à chaque fois dans un voyage, même si l'histoire en elle-même ressemble à tant d'autres, même si la fin est assez prévisible et au moment de refermer le livre j'ai toujours la même pensée : c'était bien.

J'ai aimé et j'aime Eric Holder définitivement parce qu'il possède un "je ne sais quoi" qui m'embarque à chaque fois.
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La baïne est un courant marin qui se révèle violent pour Sandrine et Julien, couple uni par un quotidien sans aspérités jusqu'à l'arrivée d'Arnaud, parisien venu faire des repérages pour les besoins d'un film.
Ce pourrait être une histoire d'adultère ordinaire si elle ne se déroulait pas à Soulac, presqu'île au tempérament ilien et sauvage, dans un Médoc aussi beau que violent, bordé par la menace permanente d'un océan farouche. Au milieu des carrelets, ce triangle amoureux prend d'étranges contours. On devine une fin tragique, le suspense naît moins de la catastrophe que de l'attente qui la précède. Pour cela, l'auteur défile avec une élégance glaçante la trajectoire de Sandrine, cette femme infidèle qui, au fur et à mesure qu'elle s'épanouit au milieu de la douceur des oyats, voit le ciel bleu au-dessus de sa tête s'assombrir. La vigilance n'est jamais suffisante lorsque les regards aux alentours se font inquisiteurs et carnassiers à l'égard de tous ceux qui ne sont pas nés ici. Les instincts grégaires sont redoutables.
Avec la force de la justesse et de la simplicité, Eric Holder sait transformer des vies minuscules en un drame sombre qui transfigure la banalité. Il confère une certaine poésie aux évènements les plus prosaïques en ponctuant doucement ses effets, empruntant une voix douce avant de suggérer subrepticement un ton plus inquiétant…il y a comme une beauté austère dans l'écriture, sans oublier une sensibilité qui saisit tout aussi bien le vertige de l'amour que la solitude des gens et des paysages face aux regards suspendus.
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Avec "La Baïne", roman de Éric Holder qui n'est toutefois pas son meilleur livre, nous voici transportés dans l'estuaire de la Gironde avec ses ciels et ses couleurs, ses gens et ses paysages, ses rouges-queues et ses abat-d'eau, ses bacs et ses marées, ses épis roses et ses orages, ses chasses et ses pêches, ses immortelles et ses fougères, ses crevettes et ses civelles, ses humeurs et ses mots, je cite, mais sans l'accent qui conviendrait : sortie de baïne et grave, chablis et carrelets, mattes et grépins, drolles et gavays, rebeisons et landescots.
Preuve qu'on peut, en littérature, et exemplairement dans ce roman, allier le populaire et, comme dit plaisamment un ami, le qualiteux.
On ajoutera, et ceci n'est certes pas une qualité commune à tous les écrivains, cette qualité, donc, délicate et fraternelle, dont Éric Holder fait preuve au fil de tous ses livres depuis La Belle Jardinière (c'est en tout cas le premier que j'ai lu, juste avant Bruits du coeur), celle d'aimer ses personnages, je dis bien « aimer ». Car Éric Holder sait les aimer vraiment (tant d'écrivains, soit dit en passant, qui s'en moquent, de leurs personnages, s'en moquent et les moquent) et il manifeste cet amour, cette empathie, dans chaque page, par chaque page, il sait les aimer, autrement dit les comprendre et les accepter ; parce qu'il sait que les personnages ingrats n'existent pas : pas d'humains ingrats, non, de même qu'il n'existe de paysage ingrat que pour qui ne sait regarder. Éric Holder, nouvel habitant de la Gironde, pays adopté, bougrement adopté, l'habite vraiment, et comment, et combien, avec cette curiosité enthousiaste qui lui fait nommer jusqu'aux modèles des machines à vendanger Braud je-ne-sais-plus-combien et agace Juliette, lectrice du Matricule des anges rétive à l'anachronique médoquine Oui, Éric Holder, pour qui « le bonheur est dans le près », sait regarder et dire cet autre estuaire, le plus grand d'Europe, d'où partit Lafayette pour soutenir les insurgés américains et sur les deux rives duquel s'élèvent des vins d'exception, cet estuaire de vignerons, blayais ou médoquins, charentais ou bourgeais, cet estuaire que le vent remonte pour nettoyer le paysage, cet estuaire de pêcheurs, cet estuaire de chasseurs, cet estuaire d'hommes et de femmes si finement observés, écoutés, et dont il parle, dont il écrit si bien, si juste, dans jamais d'affèterie parce qu'avec Éric Holder, toujours, depuis toujours, et je ne sais pas dire mieux, c'est pointé juste, oui, c'est ça, je crois, son style, sa façon, son talent : du pointé juste.
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Sandrine est une jeune femme qui vit dans le Sud-Ouest près de la mer où des failles dans les bancs de sable forment un courant violent qui entraîne les nageurs imprudents au large.
Entre son mari et ses deux enfants, la vie ne lui semble pas assez palpitante.
Un étranger venu en repérage pour un film dans la région changera le cours de sa vie.
Roman court et percutant qui m'a rappelé l'univers de François Mauriac.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Autrefois le Médoc ne ressemblait pas à une corne défiant l'Atlantique et protégeant l'oeil de Bordeaux. C'était au nord un chapelet de rochers émergés, une terre inégale au sud, sans cesse transformée par les marées et l'érosion. Il aura fallu le travail opiniâtre, séculaire, de l'homme pour scinder l'eau qui nous entoure entre océan et Gironde, assécher celle des marécages et donner à un banc de sable troué l'allure d'une péninsule.
"Médoc", la région au milieu du flot. De là vient qu'à Soulac, située près de la pointe, côté salé, on nous prête un tempérament d'îliens. Et certes, lorsque nous gagnons Le Verdon, la commune voisine, du côté saumâtre où s'engouffrent les cargos, nous ne pouvons nous défaire du sentiment que le continent se trouve sur la rive opposée, en Saintonge.
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À Soulac, en hiver, neuf jours sur dix, nous affrontons le rien. S'il faut sortir, nous remontons le col, baissons la tête . Des feux cavernicoles brillent au fond des rares boutiques ouvertes dans la rue de la Plage . Le vent ratisse le crâne nu des dunes et ses implants d'oyats .Le personnel du casino s'ennuie dans le clignotement des machines à sous.
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Ce soir-là, dans le hall de l'hôtel, en lui tendant la main, Arnaud « l'Etranger » fut témoin d'une subite transformation. En même temps qu'elle rougissait, ses yeux couleur de mer en hiver s'étaient agrandis et approfondis, il y avait eu une fossette qu'il aurait voulu retenir au coin de la bouche, une manière gracieuse de bouger son cou, un pan de front émouvant dévoilé par les cheveux. Une sorte de courant d'air était passé, dessinant un autre visage, et avait fait naître, en se dissipant, le désir de le revoir. Ne manquait à cette femme, de son point de vue, qu'un embrasement pour rayonner.
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"Les lieux que nous aimons nous appartiennent en propre, se persuada-t-elle§ Ils abritent nos histoires inaliénables, intransmissibles."
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Les mots que Julien utilisa n’étaient pas nouveaux pour elle. Ils reprochaient toujours à Sandrine de demeurer étrangère. Lui avait cru que les années de vie en commun la rendraient transparente, les zones d’ombre grandissaient.
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Videos de Eric Holder (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Eric Holder
01.02.18 - INTEGRALE - Jean Teulé, Olivier Bourdeaut, Jacques Weber, Faïza Guène et Éric Holder.
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