Que personne ne vienne me parler de fleurs bleues ou roses, ou d'eau de rose ou de bleuet ou ce que vous voulez de facile, n'en déplaise aux donneurs de leçons et de cours de littérature qui ne voient pas plus loin que le bout de leur Goncourt.
Bon d'accord, ce n'est pas de la grande littérature, même si
Linda Holeman n'a certainement jamais prétendu rivaliser avec un de nos immortels, et voilà un roman que sans doute personne ne lira plus dans cent ans. Mais dans cent ans, nous serons tous morts, et en attendant, quel plaisir ! Quel plaisir de suivre l'itinéraire de cette jeune Américaine issue d'une Canadienne et d'un Irlandais, jeune femme coincée à la vie étriquée et aux désirs limités, voire inexistants, et ne voyant pas plus loin que le bout de son jardin et des ailes des papillons qu'elle aime à peindre. Elle qui n'attend rien de la vie à part parfaire les nuances du bleu des ailes de ces mêmes papillons, va tomber amoureuse. Ah, l'amour... Et le jour où son amant la quitte, elle va tenter l'incroyable pour le retrouver, elle qui je le répète ne voit pas plus loin que le bout de son jardin, allez, pas plus loin que les rues d'Albany, la ville qu'elle n'a jamais quittée. Ce jour-là, l'itinéraire de Sidonie au prénom ancillaire va prendre, au-delà de tous les océans, la voie royale, que dis-je, impériale qui va faire d'elle une princesse du désert. Sidonie, ébahie par les couleurs, les parfums, la profondeur des souks, les ombres de la médina, les déferlements d'étoffes, découvre qu'on peut peindre autre chose que les ailes bleues des papillons et les fleurs bleues, et se remplit les yeux du bleu unique des jarres du jardin Majorelle, où elle côtoie le maître lui-même, des touristes américains, un imprévisible jardinier et un petit garçon en mal d'amour maternel.
C'est une bien belle histoire, faite d'amour et d'aventure, et çà on en a toujours besoin, et faite aussi d'ouverture et de tolérance, d'apprentissage réciproque des langues et des cultures, d'apprentissage de la liberté surtout.
Alors non, ce n'est pas fleur bleue, mais c'est bleu comme les jarres du jardin Majorelle, et c'est aussi rouge comme l'amour passion qui vous prend par surprise et rouge comme les murs de cette ville exceptionnelle qu'on appelle
la perle du sud.
Un week-end à Marrakech, çà vous tente ?