Sans compter la neige

Je remercie Babelio et son opération "Masse Critique" et naturellement les Editions Les Escales qui m'ont permis de découvrir ce roman de la rentrée littéraire de l'hiver 2019.
J'ai beaucoup bataillé pour progresser dans ma lecture, tant le style ne correspond pas à l'écriture que j'apprécie. le texte m'a semblé confus, construit sur trois niveaux, trois périodes distinctes. le passé, avec un père énigmatique dénué d'émotions, le texte est imprimé dans une autre police. le présent qui raconte le chemin parcouru lors d'une tempête de neige par un futur papa pour rejoindre à la clinique sa femme qui accouche. Une période intermédiaire, la vie d'étudiant du narrateur, racontant des mauvaises rencontres et des périodes peu studieuses.
Assez désespérée par ma lecture, je suis péniblement arrivée à la page 162 (le livre en compte 175!) et là j'ai vécu ce qui pourrait être un instant de grâce. Tout s'est éclairé enfin, et l'histoire a eu un sens. L'auteur aurait du débuter son roman par les tous derniers chapitres de son roman, celui-ci aurait eu une toute autre portée.
Sans compter sur ma ténacité cette rencontre littéraire aurait pu être un rendez-vous manqué.

Tandis qu'un homme prend la route pour rejoindre sa femme qui va accoucher, il nous narre les trois époques importantes de sa vie. Celle-ci, son enfance avec son père Cajun (francophone de Louisiane), sa vie d'étudiant, la plus palpitante, celle du Sexe, drogue et rock. le sujet m'a plu, les musiques qu'il cite aussi. La construction entre époques m'a parue un peu bancale. Bonne analyse d'un homme qui fait le point sur sa vie, ses joies et ses erreurs. Auteur à suivre.

C'est l'histoire d'une nuit a priori comme les autres (enfin, à part une naissance), où rien ne va se passer comme prévu. C'est l'histoire d'un homme qui s'apprête à devenir père et qui va soudain se trouver confronter à ses manques et à ses questions non résolues vis à vis de son propre père. C'est l'histoire de ces failles que l'on a enterré bien profondément, pense-t-on et qui resurgissent sans crier gare, une nuit de neige. Quand Russell quitte son bureau après l'appel de sa femme, il pense être dans les temps pour rejoindre la maternité et accueillir son bébé ; il a un peu de route mais en principe... Mais la neige s'en mêle et son parcours s'en trouve transformé.
Si l'histoire n'est pas très originale, le point fort de ce roman réside sans conteste dans son écriture très agréable et surtout très prompte à rendre une ambiance. Ouatinée, givrée, blanche. C'est personnellement ce qui m'a fait continuer ma lecture malgré mon faible intérêt (tout personnel) pour les cogitations du héros parce que cette capacité à faire ressentir n'est pas donnée à tout le monde. On replonge dans les souvenirs de Russel, son enfance du côté de la Louisiane, les mystères qui entourent l'absence de sa mère... Un road-trip forcé, une parenthèse temporelle certainement nécessaire pour lui permettre de poursuivre sa vie et d'accueillir comme il faut son enfant.
Un livre sympathique, qui devrait plaire à pas mal de monde.

Russel Fontenot va devenir papa.

Oui, ce soir, sa copine Jennie va accoucher de leur premier enfant, et il faut absolument que Russ quitte son boulot au plus vite pour rejoindre l'hôpital, qui se trouve tout de même à trois heures de route… Sans compter la neige…

A bord de sa voiture, il prend la route, direction l'avenir et direction les souvenirs. Car ce trajet saupoudré de tendre neige accule notre Frenchie Boy à ce que sa vie va devenir, mais aussi à ce qu'elle a été depuis toutes ces années. Au carrefour de la ville et au tournant de sa vie, est-il sûr d'aller dans la bonne direction ? Est-ce vraiment cela qu'il veut ? A peine sorti de l'école, un coup de foudre, et pouf !, un bambin dans les bras ?

Ce n'est pas tant la naissance de son fils qui pose problème à Russ, mais plutôt le fait qu'il devienne père. Comment devenir père ? L'apprend-on seulement un jour ? Et son père à lui, le « vieux » comme il l'appelle, que lui a-t-il enseigné toutes ces années ? Son silence plus lourd que n'importe quel mot, son absence qui pèse, tous ces rudiments qu'il n'a jamais transmis à son fils, tous ces moments qu'ils n'ont pas passé ensemble, ces fous rires qu'ils n'ont pas eus, ces leçons qu'il ne lui a pas apprises… Qu'en fait-on ? Comment devenir ce dont on n'a jamais eu l'exemple ?

C'est celui-là, le vrai trouble, devenir père…

Alors dans sa voiture, Russ rumine et se souvient, il se remémore la rencontre avec Jennie, son copain Adam, son vieux, leur maison, le groupe de musique, les expériences, la drogue et l'alcool… Mais surtout, il se cherche. « Qui suis-je ? » est certainement la question la plus effrayante, celle qui reste sans réponse, celle qui ravive les blessures et les fait éclore au grand jour…

“What can I say to this child of my own
When he looks up to me for the answers
You've got trust in his eyes and such innocent ways
What are the words I can say
Can I tell him of my life
And can it be used for his own life's goal and example
To follow and fondly remember someday
What are the words I can say”

(Leon Russell – Father's shoes)

Jennie n'a pas bien choisi son jour pour partir à la maternité ! Juste quand Russell, son compagnon, est à Washington, à plusieurs centaines de kilomètres. Juste au moment où il doit présenter un nouveau concept de portail numérique. Juste au moment où les souvenirs remontent et risquent de l'étouffer. Et tout ça sans compter la neige qui commence à bloquer les routes...
Comme des flashes mémoriels, des scènes de son enfance remontent à la surface et le souvenir d'un père mal-aimant vient contaminer sa prise de conscience de futur père. Russell se laisse peu à peu envahir par le passé : sa jeunesse sur le campus universitaire, son amitié avec Koz, sorte de mauvais génie autodestructeur, sa rencontre avec Jennie...
Rythmée par les heures qui passent et un temps qui semble s'éterniser sur la route alors que l'accouchement est imminent, la narration tresse des fils entre passé et présent et à la trajectoire géographique se superpose celle de la vie, pleine de bifurcations, d'obstacles, de rencontres, imageant les difficultés du passage de l'état de fils malheureux à celui de père responsable. La tentation de la fuite, du changement de direction devient progressivement palpable, irriguant l'intrigue et lui donnant de l'épaisseur.
L'écriture retranscrit avec justesse et finesse ce flux de pensées dont les habitués de longs trajets reconnaîtront la mécanique. Je me suis projetée sans peine dans cette histoire que j'aurais malgré tout préférée plus tendue. Je garde le sentiment d'avoir lu une bonne fiction, qui, sur moi, n'a pas eu un impact extraordinaire.

Un jeune futur père,Russel Fontenot, se raconte dans le huis-clos de sa voiture au coeur d'une tempête de neige alors que sa femme est entrain d'accoucher à plusieurs centaines de kilomètres. Il a très peur de devenir père. Dans cet environnement désolé et neigeux, très bien rendu, son passé lui revient par flash, ce qui n'a rien de rassurant.
Ce récit sur 3 époques se déroule sur une fin d'après-midi et une nuit. Il y a aujourd'hui avec la naissance imminente de l'enfant, les années d'étudiant avec la recherche de soi, l'alcool, le sexe, la musique, la drogue... et l'enfance sans mère avec un père fruste et mutique. Russel se pose toutes les questions qu'un homme doit se poser face à la paternité. Mais en plus, d'où vient-il? Qui est-il? Peut-il être un bon père? Va-t-il prendre la fuite?
Malgré la complication un peu inutile de ces aller-retours entre les 3 périodes où, à mon avis les divagations étudiantes prennent trop de place, j'ai poursuivi ma lecture car je voulais comprendre ce qui hante Russel, pourquoi il a si peur d'être père et connaître les secrets qu'il tait depuis si longtemps. Mon sentiment final est mitigé et je ne crois pas que je garderai longtemps le souvenir de ce roman.
#SansCompterLaNeige #NetGalleyFrance

Russell va devenir père. Mais avant de pouvoir être père lui-même, il a quelques comptes à régler avec le sien.

Alors, pas vraiment étonnant qu'il mette si longtemps à rappliquer lorsque sa chère et tendre accouche. Il lui faudra bien le temps du trajet pour digérer sa jeunesse, son éducation et sa culture.
Sans compter la neige, c'est un roman initiatique qui sort un peu du lot, un road-trip enneigé (de base, ça change) mais surtout, un récit sur une relation père-fils bien singulière.
C'est quoi un père, d'abord ? Est-ce qu'on peut en être un quand on a eu celui qu'a eu Russell ? C'est à ce genre de questions qu'il va répondre au long de son voyage.

Alternant souvenirs d'enfance, d'adolescence, vie de jeune adulte un brin chaotique, rencontre avec son grand amour et déconvenues et rencontres sur la route, Russell va avoir du temps pour réfléchir et remettre un peu d'ordre dans ses pensées, dans l'homme qu'il est devenu lui-même. Et ressasser les questions toujours restées sans réponse.

Et il en a bien besoin. Volonté de l'auteur, peut-être, en tout cas, les flashbacks et leur apparition subite au cours du récit m'ont parfois laissé un sentiment de confusion. Sûrement un peu le même que ressentait Russell.
Comme c'est par ailleurs bien écrit et que les réflexions sont intéressantes, je suis passée outre, mais ça pourrait décourager les moins patients / enthousiastes.

La question de la construction de l'identité est carrément centrale, vous vous en doutez. Et puisque "le vieux" se revendiquait comme cajun et portait fièrement cette culture, son fils s'est construit en opposition complète. Il va lui falloir aussi accepter les ressemblances, les racines, la culture qu'il a essayé d'anéantir chez lui pour finir de mûrir.
Et c'est là un autre point d'intérêt du livre pour moi : la culture cajun. C'est beaucoup à travers la musique qu'on va la découvrir et c'est très chouette. Je n'ai pas encore pris le temps d'écouter ça, mais ça m'a donné vraiment envie.
(Faut dire que j'ai super envie de découvrir la Louisiane de manière générale depuis des années, donc j'avais sûrement un terrain favorable de base).
Après, pour en revenir au livre, je ne pense pas qu'il me reste en mémoire des années, on n'est pas face au genre de coup de coeur qui résonne. Mais c'est une lecture agréable (même si elle souffre parfois de manque de fluidité), immersive et qui amène quelques réflexions en plus de faire découvrir un pan de la culture nord-américaine assez méconnue.
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