AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Andromeda06


En terminant "La salle de bal", je savais que je reviendrai tôt ou tard vers Anna Hope. Ça aura été finalement plus tôt que tard, puisque "Le rocher blanc" m'a fait de l'oeil lors de ma dernière visite à la bibliothèque, bien mis en évidence sur l'une des étagères. Anna Hope change ici totalement de style, tant dans la narration que sur les sujets traités.

Roman à quatre voix et se déroulant sur quatre temporalités, il y a tout de même un dénominateur commun : le Rocher blanc. Situé sur la côte nord-ouest du Mexique, il est considéré comme l'origine du monde par la tribu indienne wixárika. Lieu sacré, il est un site de pèlerinage, encore de nos jours.

2020. Alors qu'une crise sanitaire touche son pays, l'écrivaine anglaise est au Mexique, mais pas uniquement pour se documenter en vue de son prochain livre. Avec sa fille de 3 ans et son mari, elle est des pèlerins se rendant au Rocher blanc, afin d'y faire offrandes et sacrifices selon les rituels du peuple wixárika. Pour cette partie, j'ai cru comprendre que l'autrice s'était un peu servi de son histoire personnelle.

1969. Chanteur quelque peu provoquant, dont la notoriété n'est plus à faire, après un concert à Mexico avec son groupe, il se rend au Rocher blanc, seul, par un besoin de s'échapper, de couper ses liens. J'ai eu un doute sur l'identité de ce chanteur tout du long, qui m'a été finalement confirmée dans les notes de l'autrice en fin d'ouvrage. Je tairai son nom, mais je pense que les fans (ou pas d'ailleurs) auront tôt fait de le reconnaître après quelques lignes (pour ma part, je pense avoir une bonne excuse : je suis née alors qu'il était mort depuis plus de dix ans).

1907. Les Yoemem, parce qu'ils s'opposent à la dépossession de leur terre ancestrale, sont déportés par milliers, entassés dans des bateaux et débarqués en face du Rocher blanc, avant d'être vendus sur place pour la plupart des enfants, ou d'entamer une marche forcée de plus de 300 km, puis montés à bord de wagons à bestiaux, vendus comme esclaves et emmenés dans les champs de sisal. Peu d'entre eux sont arrivés à destination bien portants. Les enfants, personnes âgées et malades mouraient bien avant, souvent pendant la marche. La fille est l'une d'entre eux, avec sa soeur Maria-Luisa.

1775. Lieu sacré pour les Wixárikas, le Rocher blanc est aussi un avant-poste pour les Espagnols. C'est d'ici que partent les navires pour explorer le Ouest-Pacifique. le lieutenant est le commandant de l'un de ces navires.

Si je suis assez dubitative en ce qui concerne la conclusion de chacune de ces quatre histoires, je reste en revanche subjuguée par la jolie plume d'Anna Hope, toute en puissance, quelque peu poétique et envoûtante. Quelque soit l'époque dépeinte, elle réussit à nous y emmener. J'ai nettement préféré la partie avec la fille, beaucoup moins celle avec le chanteur. Mais dans tous les cas, on peut se rendre compte de son travail de documentation pour chaque époque relatée.

Il y règne une aura bien particulière, un peu mystique, en grande partie due aux croyances wixárikas. C'est un bout de leur histoire, à travers le temps, qu'elle nous conte, leur culture, les us et coutumes, les rituels, les différents conflits avec "l'envahisseur", les drames qui en découlent, tels que le génocide du début du XIXe siècle. Pour moi qui ne connaissais absolument rien de l'histoire de ce peuple, ce fut très enrichissant.

Je n'ai pas aimé la façon dont l'autrice a terminé l'histoire de chacun des personnages, qui m'a laissé sur ma faim à chaque fois. Si l'on peut tout de même imaginer le sort de chacun, j'ai trouvé que c'était bien trop vague, pas assez clair, peu concluant à vrai dire. J'ai trouvé également que ce qui les reliait, à savoir le Rocher blanc, était bien trop mince, pas assez consistant, rendant les quatre intrigues trop indépendantes les unes des autres.

Mais sinon, je n'ai vraiment rien d'autres à lui reprocher. C'est très très bien écrit et décrit. Les intrigues sont parfaitement bien implantées dans leur contexte historique. Les sujets abordés, et notamment tout ce qui touche au peuple wixárika, sont intéressants.

Globalement, la lecture se veut prenante, parfois même ensorcelante.
Commenter  J’apprécie          5910



Ont apprécié cette critique (59)voir plus




{* *}