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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans le paysage de la littérature noire helvétique, Marie-Christine Horn s'est toujours distinguée en adoptant les codes du genre afin de mieux les transgresser pour surprendre le lecteur au détour d'une écriture aussi maîtrisée qu'incisive qui met davantage en lumière le thème abordé. Ainsi La Piqûre (L'Âge d'Homme 2017) et Tout Ce qui Est Rouge (L'Âge d'Homme 2015), deux romans policiers mettant en scène l'inspecteur Rozier, prennent une tournure déconcertante puisque le policier reste toujours en retrait pour laisser un espace plus important aux protagonistes impliqués dans les enquêtes, ce qui permet d'avoir un regard plus aigu et plus sensible sur les sujets évoqués, que ce soit l'immigration et les défis qui se posent en matière d'intégration ou l'univers psychiatrique et les thérapies des patients au travers de l'art brut. Avec 24 Heures (BSN Press 2018), bref roman oscillant entre le thriller et le roman noir, le lecteur découvrait le monde de la course automobile et de ses rivalités tout en s'immisçant dans l'intimité d'une famille et des secrets qui en découle. D'ailleurs on reste dans le domaine du cercle familial puisque le dernier ouvrage de la romancière aborde le délicat sujet des violences domestiques avec un roman noir engagé, au titre mystérieux et inquiétant, le Cri du Lièvre.

Comme à l'accoutumée, Manu est partie en forêt, à la cueillette de champignons, lui donnant ainsi l'occasion d'échapper à l'enfer de son quotidien, de laisser derrière elle, les affres d'un travail pesant et d'un chef odieux et surtout de ne plus croiser Christian son mari aussi volage que violent. Une balade incertaine qui prend la forme d'une errance volontaire de plusieurs jours. Une fuite en avant avec cette volonté de se fondre dans cette nature luxuriante. Mais la découverte d'un lièvre se débattant vainement pour s'extirper du piège qui l'entrave va déclencher toute une série d'événements qui s'enchaînent en donnant l'occasion à Manu de croiser d'autres victimes de maltraitance comme Nour la jeune infirmière fragile ou des femmes révoltées à l'instar de Pascale, une gendarme qui peine à étouffer cette colère qui gronde en elle. Les trajectoires de trois destins de femmes bafouées qui s'entremêlent pour ne former plus qu'une seule et même tragédie.

Le Cri du Lièvre met donc en lumière ce hurlement silencieux de la souffrance domestique qui s'installe dans l'intimité du cercle familial et que les proches, amis et collègues ne sauraient ou ne voudraient percevoir. Un sujet tabou que Marie-Christine Horn aborde, avec autant de force que de conviction, au travers d'un texte pertinent qui décline toutes les formes de brutalités qui s'installent parfois de manière insidieuse au sein du couple. Parce que le thème des violences conjugales a fait l'objet de récits ineptes, particulièrement dans le domaine du thriller, avec des auteurs renouvelant leur fond de commerce d'horreurs, de tortures et de violences gratuites où le sensationnalisme du récit desservait un sujet si sensible, il faut saluer toute les nuances d'un texte subtile, tout en retenue, qui aborde pourtant, de manière frontale, ce mal insidieux qui frappe tant de femmes. Une violence sous-jacente, qui n'en est que plus impactante, imprègne donc l'ensemble de ce court récit faisant l'étalage de tous les maux qui peuvent ronger un couple à l'exemple de celui que forme Christian et Manu et dont cette dernière se remémore, au gré de son errance forestière, quelques épisodes marquants qui l'ont peu à peu détruite. Mais que dire du mariage des parents de Manu dont Marie-Christine Horn dépeint le lent déclin avec une lucidité et un réalisme qui fait frémir. Bien loin de toutes mises en scène spectaculaire, la tragédie s'inscrit dans la dérive d'un quotidien qui n'en est que plus terrifiant en entraînant les protagonistes vers leurs funestes destinées.

Oscillant entre son envie de fuite et sa volonté de se confronter à son agresseur, Manu, jeune femme vulnérable, s'achemine à son corps défendant vers le fait divers qui va bouleverser sa vie. Point de bascule et symbole omniprésent d'un destin auquel elle ne peut échapper, le lièvre piégé devient ainsi la représentation de cette épouse meurtrie qui ne peut supporter l'image de détresse que l'animal lui renvoie. Fuite ou confrontation voici donc pour Nora les enjeux qui sont posés en fonction des rencontres qu'elle va faire avec d'autres femmes meurtries comme Nour ou Pascal cette policière ambivalente dont on regrettera le manque de développement tant ce personnage de gendarme paraissait prometteur et dont on aurait aimé découvrir plus en détail le parcours au sein de l'institution policière qui semble avoir généré toute une partie de sa colère et de sa frustration, devenant ainsi source de danger. Glaçant.

Cruel et poignant éclairage d'un mal insidieux générant de terribles faits divers défrayant l'actualité, le Cri du Lièvre est un roman noir essentiel qui dépeint avec beaucoup de justesse et d'à propos les mécanismes de délitement et de violence rongeant des foyers à la dérive qui abandonnent leurs rôles de conjoints pour endosser désormais ceux de victimes et de bourreaux.

Marie-Christine Horn : le Cri du Lièvre. BSN Press 2019.

A lire en écoutant : Retourne Chez Elle de Ariane Moffat. Album : le Coeur Dans La Tête. 2005 Les disques Audiogramm Inc.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Violence domestique un sujet fort
Je viens de terminer le cri du Lièvre, que j'ai vraiment apprécié et bien aimé.
Le roman parle d'un sujet très sensible, celui de la violence domestique envers les
femmes, qui sont maltraitées par leurs maris et aussi la violence sur le lieu de travail où les
femmes sont violées et maltraitées par leur chef ou supérieurs.
La protagoniste de ce roman s'appelle Manu. Elle vit avec son mari, Christian, un
homme décrit comme possessif et violent.
Malheureusement Manu vit la même situation en dehors de sa maison, dans son lieu de
travail dur où elle a dû faire face à un chef odieux qui ne la respecte pas.
La protagoniste dans le roman raconte avoir perdu beaucoup d'amis à cause de son mari
et se sentir seule au monde.
Un jour elle décide de se rendre en forêt et d'échapper à son mari et elle rêve de
recommencer de zéro, d'avoir un bon travail avec un chef plus gentil et un collègue aussi
gentil et chaleureux.
Elle enfile donc les chaussures de marche, attrape un sac à dos, glisse les couteaux dans la
poche arrière de son jean et au moment où elle entre dans la forêt, elle commence à se sentir libre, comme une reine et à avoir le contrôle de la situation. Elle nous fait comprendre qu'elle se sent aussi très respectée par la nature.
Que fera Manu seule dans la forêt ? survivra-t-elle ? mourra-t-elle ? pourra-t-elle échapper à
son mari et réaliser ses rêves?
Le roman explique les faits à la première personne avec une description très détaillée pour nous faire comprendre les sentiments qu'elle éprouve ou qu'elle a éprouvés.
Le roman explique aussi les conséquences psychologiques que peuvent avoir les personnes qui subissent des violences domestiques pouvant avoir des répercussions graves sur la santé mentale.
Pour conclure, j'ai beaucoup aimé ce livre et je le recommande à tout le monde pour deux
raisons:
La première c'est pour avoir parlé et dénoncé d'un sujet très délicat qui, de nos jours, est
très fréquent dans le noyau familial qu'il faut résoudre et interdire ces actions parce qu'elles
causent des morts et des problèmes psychologiques.
La deuxième est la technique qu'a utilisée l'auteur pour décrire chaque moment du livre : elle arrive à transmettre aux lecteurs la même expérience..


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le Cri du lièvre de Marie-Christine Horn
du piège à la liberté

L'histoire est celle d'une femme battue, Manu. N'en pouvant plus de la violence de son mari Cristian, elle va partir vivre en totale autonomie dans la forêt. Cependant, elle va réaliser, grâce à un lièvre piégé qu'elle aussi était prise au piège et qu'il était temps d'en terminer. Elle va donc retourner à la civilisation avec un but bien précis.

J'ai apprécié ce livre car il aborde des sujets différents comme les violences conjugales mais aussi le fait de vouloir vivre indépendamment en se servant des ressources à disposition. Manu est un personnage très intéressant. Son histoire est inspirante. Même si sa vie a été gâchée par son mari elle va quand même réussir à rebondir et à faire ce qu'elle aime, vivre dans la forêt, cohabiter avec les animaux et respecter l'environnement.

Le personnage qu'incarne Pascale, la policière qui devient presque effrayante en voulant protéger Nour, une autre femme battue que Manu a rencontré lors de son séjour à l'hôpital est très intéressant car on remarque une sorte de hiérarchie dans le trio. Pascale domine.
J'ai beaucoup aimé la manière dont Cristian est mort car c'était comme si la nature l'avait voulu, il méritait de mourir. J'aurai presque voulu qu'il souffre plus.

Je pense que ce livre est un bon moyen d'ouvrir les esprits sur les violences conjugales. Il m'a aussi donné envie de faire comme Manu, vivre dans la forêt. Ce livre m'a fait réaliser beaucoup de choses sur la nature, la société et notre mode de vie qui est si facile, où on a tout à portée de main.
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Le Bien et le Mal, les deux faces du même visage de Janus

Le cri du lièvre et une oeuvre qui traite des violences conjugales mais aussi de l'isolement de l'ermite volontaire. Après avoir été battue, une femme nommée Manu décide de s'en aller lors d'une de ses balades, pour vivre en forêt et échapper à son bourreau. L'attachement qu'elle développera pour la nature, et la contrainte de revenir à la ville après la perception de ça propre mort tel un instinct de survie sont au coeur de ce roman que l'on peut qualifier de noir et d'engagé.

Pour commencer, l'aspect cru du livre, très bien illustré par sa couverture rouge sang, et le peu de dialogues permettent au lecteur d'être spectateur de l'histoire tout en restant impliqué dans cette dernière grâce aux descriptions visuelles, de sensation et de ressenti qui sont mises en avant. Notamment, la métaphore du lièvre qui évolue en même temps que Manu tout au long du livre aide à l'étude de l'évolution de ce personnage et éclaircit le mystère flottant autour du titre « le cri du lièvre ».

Cependant, les longues descriptions parfois huées, ici n'empêchent pas l'action d'avancer et ne le rendent pas soporifique. Justement, elles aident le lecteur à cerner au mieux le personnage de Manu et à comprendre ces choix. On y voit que l'attachement que Manu porte à la nature finit par la détacher des émotions liés aux autres humains. Elle devient presque insensible aux autres, ce qui pourrait lui donner un aspect de psychopathe, très tendance actuellement, comme lorsqu'elle énumère des instructions minutées afin de commettre un meurtre, pourtant on remarque la douceur qui émane d'elle lorsqu‘elle est dans la nature ce qui démantèle cette image effrayante et attrayante de Manu. Ce contraste est lié avec la différence entre l'urbain synonyme de prison et le rural de liberté pour Manu. Ces endroits, dans lesquels elle ressent des émotions différentes, sont très intéressants pour observer l'adaptation quelle est obligée d'y faire. Ainsi, ces grandes différences du personnage principal le rendent instiguant et imprévisible.

Aussi, le thème de la séparation entre rural et urbain, celui des violences conjugales et évaluation de l'immigration avec le personnage de Nour et son mari sont des causes encrées dans l'actualité et très médiatisées qui donnent un attrait particulier au livre.

Pars ailleurs, au cours de l'histoire, on découvre que lorsqu'une femme battue est retrouvée, elle subit souvent une hospitalisation forcée. Cette façon de retenir quelqu'un captif «pour son bien » alors qu'il vient de sortir des griffes d'un autre prédateur est révoltante, bien qu'évidente venant de la nature humaine. Nature dont Manu s'éloigne le plus possible. Cette façon de protéger quelqu'un au prix de sa liberté est aussi incarnée par le personnage de Pascale qui devient presque effrayante en voulant protéger Nour. Cette idée de dominant et de soumis est notamment mis en pratique avec le trio que forme Pascale, Nour et Manu. Cela nous mène au besoin de pouvoir de l'humain sur les autres, dénoncé par le viol particulièrement détaillé d'une jeune fille fait par Christian, le mari de Manu après la disparition de cette dernière. On peut noter le possible clin d'oeil à Christian Grey du film Cinquante nuances de Grey qui pratiquais, lui aussi, un sexe violent pour son propre plaisir.

Pour conclure, on peut dire que cette oeuvre est un véritable hommage aux femmes battues, un gage d'espoir délivrée à travers une histoire sanglante et noire plus adaptée aux adultes mais qui peut aussi faire office de témoignage pour ouvrir l'esprit des jeunes.
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