Si
L'île du Crâne était à l'origine un one-shot, huit ans plus tard,
Anthony Horowitz a décidé de lui offrir une suite. Dans
Maudit Graal, nous retrouvons donc David, Jill et Jeffrey (presque) tels que nous les avions quittés.
Il faudra cependant accepter "d'oublier" le dernier chapitre/épilogue de
L'île du Crâne, qui rendrait tout ce tome incohérent (
car ici les parents de David ne sont absolument pas au courant que la magie existe, alors qu'ils devraient l'être au vu de la fin de L'île du Crâne. de plus, il est clairement mentionné que David ne les a pas revus depuis son entrée à Groosham Grange. A l'inverse, l'épilogue de L'île du Crâne ne peut pas avoir lieu après ce tome-ci, puisque David y revoit ses parents).
Le changement d'ambiance entre les deux histoires est radical: on passe du suspense d'un huis-clos pesant à celui d'un complot à déjouer. Il y a donc ici nettement plus d'action, mais si l'intrigue de
L'île du Crâne était déjà relativement prévisible, elle l'est malheureusement encore davantage dans cette suite. Là où le premier tome gardait jusqu'au bout certains de ses mystères, ici, les ficelles sont tellement grosses qu'il ne faudra pas longtemps au lecteur pour avoir certains doutes. Dommage.
Mais si ce manque d'originalité dans la construction de sa trame principale empêche
Maudit Graal d'être meilleur que son prédécesseur, à côté de ça, il en gomme les principaux défauts.
Si
Anthony Horowitz n'a rien perdu de son humour et de ses idées loufoques (bien au contraire!) ils sont cette fois-ci mieux dosés et exploités à bon escient. Les parents de David sont toujours aussi... spéciaux mais l'auteur ne tombe pas à nouveau dans le malaisant. C'est ailleurs qu'il fait étalage de son génie créatif, toujours plus too much, toujours plus WTF. C'est à se demander où il a été chercher tout ça! Couplé à une maîtrise du suspense toujours aussi irréprochable, il permet à l'auteur de nous servir un final proprement époustouflant.
On appréciera aussi David, effectivement bien changé depuis le premier tome, et pas forcément tout à fait en mieux... mais tellement crédible et humain!
Maudit Graal est donc, paradoxalement, à la fois plus classique et moins inspiré mais aussi plus fou et mieux équilibré que son prédécesseur. Les deux romans sont tellement différents dans leur atmosphère, dans leur type d'intrigue et dans les thèmes abordés qu'il est difficile de les considérer comme un ensemble. Et pourtant,
Maudit Graal ne peut se lire (et surtout se comprendre) sans avoir préalablement terminé
l'île du Crâne. Et si les deux ouvrages forment un dyptique plutôt étrange, celui-ci n'en reste pas moins plaisant à lire.