Heureusement que je n'ai pas commencé
Houellebecq par
Les Particules élémentaires car j'aurais vraisemblablement renoncé. Mais maintenant que je connais bien
Houellebecq (Platerforme,
La Carte et le territoire,
Ennemis publics, Soumision, La Possibilité d'un île et
Extension du domaine de la lutte), je peux comprendre et apprécier
Les Particules élémentaires. Alors, comme d'habitude, il n'y a pas vraiment d'histoire: il s'agit du destin parallèle de deux demi-frères, pathétiques: Michel, le biologiste généticien et Bruno, le prof. Leur vie est plutôt nulle et inintéressante, comme celle de tous les personnages houellebecquiens: l'un cherche à baiser par tous les moyens; l'autre se passionne pour le catalogue alimentaire de Monoprix tout en réfléchissant sur la génétique. Les deux sont incapables d'amour. Car c'est ça, le vrai thème de tous les romans de
Houellebecq, ce qui fait son originalité, sa force: comment aimer et être aimé dans une société ultralibérale et nombriliste ?
Houellebecq n'est pas un romancier; c'est un sociologue, un philosophe (Bernard Marris l'avait bien compris). Ouvrage après ouvrage, il démontre la décadence de nos sociétés occidentales essentiellement mues par la compétition narcissique cachée derrière le paravent de la Liberté. On qualifie souvent
Houellebecq de réac. Je pense qu'il l'est. On le qualifie également souvent de facho (en général, ceux qui pensent cela n'en ont jamais lu une ligne); c'est ridicule et malhonnête. Il est réaliste, pessimiste, sans pitié et férocement drôle.
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