p.453.
À quel autre endroit étaient-ils censés mettre leurs poubelles ? Dans un trou creusé dans la terre ? Ils vivaient dans un trou creusé dans la terre.
p.438.
Il fallait parler pour être entendu. C’est un fait qu’il avait tendance à oublier, à force de s’entendre penser en permanence.
p.430.
Il se disait que la barbarie contenue dans ces murs appartenait au passé et qu’on ne devait jamais l’en exhumer ni la répéter.
p.378.
Donald songea que chaque silo avait un maire pour serrer des mains et sauver les apparences, tout comme le monde d’avant avait des présidents qui se succédaient. Pendant ce temps, c’étaient les hommes de l’ombre qui exerçaient le véritable pouvoir, qui jouissaient de mandats illimités. Le fait que le silo obéisse à la même supercherie n’était pas surprenant ; c’était le seul moyen de gouverner que connaissaient ces hommes.
p.292.
– La peur, dit-il La peur de mourir suffit à peine à contrer cette manie qui nous anime. Si on ne leur montrait pas ce qu’il y a dehors, ils sortiraient eux-mêmes pour voir. C’est ce que nous avons toujours fait, en tant que race.
Donald réfléchit un instant. Il songea à sa propre envie de fuir ces parois de béton, même si c’était la mort qui l’attendait dehors. La lente agonie à l’intérieur était pire.
p.285.
Donald acquiesça, comprenant que seuls ceux qui faisaient les lois étaient habilités à les outrepasser.
p.260.
- Mais ce n’est pas ce qui m’a frappé. Je ne l’ai jamais vu aussi triste que lorsqu’il m’a dit la chose suivante. Il a dit…
Erskine posa une main sur le pode.
- Il a dit qu’assis là à vous regarder travailler dans vos bureaux, à apprendre à vous connaître, il se disait souvent qu’on vivrait dans un monde meilleur avec des gens comme vous au pouvoir.
- Des gens comme moi ? s’écria Donald en secouant la tête. Qu’est-ce que ça veut dire ?
Erskine sourit.
- Exactement la question que je lui ai posée. Il m’a répondu que c’était un fardeau d’accomplir ce qu’il savait être correct, sain, logique.
Erskine fit courir sa main le long du couvercle comme s’il pouvait toucher sa fille au-dessous.
- Et que les choses seraient bien plus simples, et que l’on se porterait tous bien mieux si l’on avait des gens assez courageux pour faire ce qui est juste à la place.
p.257.
– Quand on ne peut s’en prendre qu’à Dieu, on lui pardonne. Mais quand ce sont nos congénères, on les tue.
p.255.
- Je sais que vous cherchez des réponses. Nous en cherchons tous. Le monde est cruel. Il l’a toujours été. J’ai passé toute ma vie à trouver des moyens de le rendre meilleur, de le réparer, à rêver d’un idéal. Mais pour chaque optimiste dans mon genre, il y a dix acharnés prêts à tout détruire. Et il suffit qu’un seul d’entre eux ait de la chance…
p.251.
- Il vous aimait beaucoup, vous savez.
- Non, je l’ignorais… Il ne me l’a jamais fait savoir, en tout cas.
- Ce n’était pas son genre, dit Erskine en esquivant un sourire. Très doué pour discerner le caractère des autres, beaucoup moins pour communiquer avec eux.