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Critique de paulmaugendre


Mourir à quatre-vingt-dix ans, c'est plus que dans la logique des statistiques. D'autant que l'homme découvert chez lui, une vieille ferme sise près de Roscoff, Auguste Morvan, veuf depuis quelques mois, était malade et n'avait plus grande espérance de vie.

Seulement, Francine, qui vient soulever la poussière tous les deux jours, découvre Auguste dans son fauteuil, la poitrine trouée d'une décharge de chevrotines, ce qui ne pardonne pas.

Aussitôt la brave dame alerte la gendarmerie et c'est l'adjudant Morgane le Cerf, de Saint Pol de Léon, assistée de son adjoint Vachet qui procède aux premières constatations après s'être rendue sur le théâtre d'un épisode profanatoire peu banal dans un cimetière.

Pas de cadavre, cette fois, mais des inscriptions sur la tombe d'un couple d'octogénaires décédés à deux ans d'intervalle quelques années auparavant. Assassin, par deux fois, en lettres rouges sang et au singulier.

Il semble que ces deux faits, apparemment sans lien, auraient en point commun une vengeance. D'autant qu'une lettre a été déposée près du cadavre d'Auguste, qui ne l'est plus guère, une missive anonyme bien évidemment, composée à l'aide de mots entiers ou non découpés dans des journaux. Toutefois, la médecin légiste, en procédant à l'autopsie, ne s'attendait certes pas à une découverte qui change tout mais ne résout rien.

Si Auguste vivait seul, sans enfant, il n'en va pas de même du couple dont la tombe a été profanée. Et Morgane débute son enquête en interrogeant la fille du couple qui vit non loin. Naturellement celle-ci en tombe des nues. le nom d'Auguste Morvan lui dit vaguement quelque chose. Elle se souvient que son père fréquentait parfois un Auguste, ancien agriculteur mais elle ne peut apporter guère plus de précisions.

Le commissaire Nazer Baron, qui vit au Croisic, est mandé au téléphone par son chef de la DIPJ de Rennes, qui lui-même a été contacté par le capitaine de gendarmerie de Saint-Pol-de-Léon. En effet sur la missive déposée près d'Auguste Morvan figurait l'inscription A l'attention du commissaire Baron. le texte figurant sur la feuille est plutôt sibyllin : Plus la patience est grande, plus la vengeance est belle.

Il ne reste plus à Nazer Baron que de se rendre à Roscoff, et dans la région léonarde et collaborer avec Morgane le Cerf pour rechercher le début d'un commencement de début de fragment d'embryon de pas grand-chose de morceau de fil qui pourrait le conduire à la résolution de cet énigmatique correspondant qui s'est inspiré d'un historien et écrivain malien, Massa Makan Diabaté, et de son ouvrage le Boucher de Kouta, pour rédiger ces deux lignes.

Seulement Nazer Baron ne comprend pourquoi cette missive lui a été adressé car il ne connait, pas même de nom, la victime récente et le couple. Pourtant il sent que quelque chose le ramène à une affaire ancienne dont il ignore les tenants et les aboutissants et dont il l'un des morceaux du puzzle. Et il arrivera à attraper un bout du fil et à remonter le temps en interrogeant, en compagnie de Morgane, qui se révèle être sa bonne fée, des personnes ayant toutes plus ou moins connu les défunts. D'autant qu'une troisième victime est à déplorer, victime qui possédait un lien avec les deux précédents défunts.



Et c'est ainsi que le lecteur va retrouver un protagoniste aperçu fugitivement dans un ouvrage précédent d'Hervé Huguen : le troisième des deux et qui semblait avoir été oublié par l'auteur dans la suite des enquêtes de ce commissaire aux allures de Maigret

Et tout comme Simenon, Hervé Huguen privilégie les aspects psychologiques et sociologiques dans les enquêtes qui sont confiées à son héros. Mais il y apporte un élément qui ne manquera pas d'intéresser les lecteurs, le côté historique plus ou moins proche. En effet, les racines du mal sont enfouies depuis soixante ans dans les limbes de la mémoire collective, mais le drame qui est à l'origine de ceux auxquels Nazer Baron se trouve confrontés ressurgit soudain sur une impulsion logique, voire nécessaire de comprendre.

Et comme le déclare si bien Morgane le Cerf :

La haine est comme le hareng, mon capitaine, elle a besoin de mariner.

Contrairement à bon nombre de ses collègues et confrères, de fiction ou réels, le commissaire Nazer Baron se révèle être non seulement sympathique mais, à mon avis, qui provoque l'empathie, ce qui n'est guère courant à cette époque de violences au cours de laquelle ceux-ci ne se montrent pas à leur avantage.
Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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