je marchais parmi des floraisons éclatantes écloses sur un lacis de verdure noire qui s'agrippait aux arbres vivants et aux souches mortes. La lune mûrissait comme un fruit doré entre les branches, et de temps à autre un frémissement de la pénombre me révélait, plaqués contre l'écorce, un pelage de fauve ou des écailles de serpent. J'éprouvais un sentiment de sécurité dont je ne m'étonnais pas : quelque chose de sinueux et de royal cheminait à mes côtés, qui se confondait avec la nuit. Puis je me trouvai allongé au plus épais d'un fourré. Une silhouette glissa près de moi comme ondule une fumée sombre; je sentis le poids d'un corps, la pression retenue des griffes et la brûlure du regard.