Les tribulations d'un français en France

J'ai appris la géographie sur la porte d'un frigidaire. Ce n'est pas très glorieux. Dans chaque boîte de Cordons Bleus il y avait un département à collectionner. Et sur cet aimant, plutôt qu'un drapeau, la spécialité du cru. (...) J'ai collectionné ce pays-là avant même de l'aimer. Je l'ai aimé parce qu'il était bigarré, chatoyant, criard ; parce qu'il nécessitait de manger des cordons bleus et parce qu'on n'en avait jamais fini de le compléter ; aujourd'hui encore me manque l'Indre, qui est le département le plus rare et vaut douze Finistère dans les bourses d'échange.

« Qu'est-ce qui vous intéresse ? demande Belmondo à Gabin dans 'Un singe en hiver'. Le matador, le taureau ou l'Espagne ?
- Le voyage », répond le vieux.

L'été approchait - comme il est de coutume vers la fin du printemps - et j'avais 24 ans. je travaillais déjà depuis quelques années pour le magazine Paris-Match en qualité de "pigiste permanent". Cela signifie que mon contrat était provisoirement définitif ou, pour dire les choses plus nettement, définitivement provisoire. Cela ne posait aucun problème : j'étais jeune, la précarité m'allait bien au teint.

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Se promener dans Truchtersheim n'est pourtant pas de tout repos. L'Alsace est ce pays dans lequel on ne peut marcher tranquille sans que les automobilistes freinent à votre hauteur, au cas où vous souhaiteriez traverser. De sorte qu'on passe ici son temps à changer de trottoir pour rendre la politesse.

On recense dans le monde deux pyramides romaines. L'une est à Rome, comme chacun sait. L'autre est à Autun, comme tout le monde l'ignore.

Dans le moindre village, dans le plus insignifiant patelin, mille pelotes attendent qu'on en tire le fil. Ce sont de petites histoires en dormance. Des romans que personne ne lira jamais.

Nous réveillons le patron pour demander la direction du Colorado. Ailleurs en France, cette question nous ferait passer pour des fous. Ici on s'entend simplement répondre : "Par là pendant un moment, puis à gauche et tout droit." Le bistrotier ajoute qu'on ne pourra pas le manquer : un Colorado, même de poche, on ne passe pas à côté. Et il disait vrai.

Les vieilles diseuses voient l'avenir dans le marc, quant à moi je lis le présent dans les cafés.

A la condition de ne pas être chauve, un bon moyen d'en apprendre sur une ville est de se rendre chez le coiffeur.

L'homo modernus ne se contente plus de venir au monde et de le trouver beau : il se pique de l'aménager. Il l'organise, l'agrémente selon son goût et le met aux normes. C'est important les normes. Ça rend la vie plus conforme. Pour ce faire, il suffit d'avoir recours à la trinité des "3 P" : Parking, Panneaux, Poubelles. Ainsi met-on la Nature au pas.