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Critique de Biblioroz


Quelque cinquante ans déjà. Comme chaque année, elles se sont donné rendez-vous dans ce restaurant londonien. Ag et Prue attendent Stella. Une légère gêne s'installe mais celle-ci se dissipera vite en évoquant leur passé commun.

Souviens-toi, en octobre 1941…

Toutes les trois participent à l'effort de guerre en se portant volontaires pour remplacer les hommes dans les différentes fermes du pays. Faith Lawrence a réussi à convaincre son mari de la nécessité d'accueillir ces aides indispensables pour venir à bout de toutes les tâches que requiert Hallows Farm, leur exploitation perdue dans la campagne du Dorset.

La plume d'Angela Huth, d'une fluidité tout à fait captivante, n'a aucun mal à nous transporter au sein même de cette ferme où l'arrivée de cette jeunesse féminine, pleine d'entrain et de préoccupations amoureuses, va quelque peu chambouler ses habitants habituels. Les propriétaires et leur fils Joe, refusé par l'armée du fait de son asthme, vont être pris dans un tourbillon de sentiments qui vont s'immiscer dans leurs habitudes.
Selon les saisons, le quotidien des multiples tâches qui rythment les longues journées de travail à la ferme font indéniablement le charme de ce roman. Les soins apportés aux animaux, la traite, le ramassage des betteraves fourragères, la taille des haies protectrices, l'épandage de fumier, les champs à labourer et semer… nous ancrent dans la grange, dans l'étable, dans la porcherie ou au grand air des étendues agricoles, dans le froid, sous le soleil ou l'humidité pénétrante des longues averses.

Mais ce qui fait la force de cette histoire se trouve assurément dans ses personnages. L'auteure réussit à nous les rendre attachants en développant avec finesse leurs différents ressentis, leurs rêves, l'évolution de leurs rapports humains avec de tendres affections qui émergent.
Les trois filles vont illuminer de leurs vies pétillantes l'intérieur austère et sombre de cette ferme.
On sourira devant Prue, avec ses ongles vernis, son parfum parisien et sa petite touche de coquetterie indispensable se caractérisant par des petits noeuds qu'elle ne manque jamais de serrer sur sa chevelure, même pour aller traire les vaches. On visualise avec plaisir son côté un peu star, avec sa tenue réglementaire pas très glamour et ses bottes en caoutchouc. Elle ne se privera pas pour autant de faire papillonner ses longs cils pour séduire le premier venu.
Ag sera l'étudiante bien posée qui arrivera avec ses livres de Thomas Hardy et ses références poétiques alors que Stella sera hypnotisée par un jeune Philippe qu'elle a embrassé juste avant son départ et dont elle idéalise l'amour.
On prendra aussi pitié du vieux Ratty qui vient parfois prêter main forte à la ferme. le pauvre fuit l'irascibilité galopante de sa femme tout en éprouvant, face à son admiration pour Ag, un douloureux sentiment nostalgique de vie perdue.

Les attentions, les élans d'amitié et d'amour, d'entraide, de compréhension mutuelle naissent progressivement entre tout ce petit monde et dégagent un délicieux bien-être à leur lecture.

La guerre semble bel et bien en arrière plan dans cette campagne retirée, loin des bombardements londoniens, mais on sent nettement sa présence dans de petits détails qui font planer au-dessus de tous cette angoissante menace.

C'est un roman frais, avec, bien sûr, un côté sentimental qui prédomine. J'y ai juste trouvé parfois un peu trop d'insistance qui dérape légèrement vers quelques passages un peu gentillets sur les états d'âme amoureux des unes et des autres. Peut-être apprécient-elles un peu idéalement toutes les corvées de la ferme, y trouvant à chaque fois, malgré les courbatures, le mal au dos et la fatigue, un plaisir dont elles sont elles-mêmes surprises. Mais après tout, pourquoi pas ?
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