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*** Rentrée littéraire 2020 #19 ***

Dès les premières pages, on est plongé avec bonheur dans une saga familiale maorie dans la Nouvelle-Zélande rurale des années 1950, sur les traces de Simeon 15ans, un personnage immédiatement attachant. C'est à travers sa rébellion qu'on découvre l'organisation immuable du clan Mahana, trois générations qui cohabitent sous la coupe tyrannique du grand-père, le patriarche du titre.

Pour un lecteur français, le roman est forcément très dépaysant lorsqu'il décrit les us et coutumes des Maoris, entre concours de Kapa haka et tontes de moutons. Mais ce serait extrêmement réducteur que de ne parler que d'exotisme tant Witi Ihimaera est un maître conteur qui tire son roman vers l'universel. La trame est toute shakespearienne, avec en toile de fond les rivalités claniques opposant la famille de Simeon à une autre famille maorie depuis 1919 et un affrontement devenu homérique entre les patriarches respectifs.

Universel aussi car Simeon fait l'expérience douloureuse que font des millions de jeunes de par le monde, pris entre les exigences de la tradition familiale et la soif de liberté. Simeon refuse que tout soit déterminé par l'ordre de naissance dans la lignée : son père est le dernier fils, le septième d'une fratrie de 9 enfants, et se voit donc refuser l'accès à des terres et à l'indépendance, condamnant ainsi Simeon au même sort, alors que celui-ci assume d'être un «Whakahihi » ( un «  je sais tout », insulte ultime lancée par le patriarche analphabète.

Au-delà, de ces grandes qualités de narration, ce qui frappe dans ce roman très aboutie, c'est la verve, la vivacité et l'humour qui soufflent dans toutes les pages. On rit beaucoup, les dialogues sont savoureux et pétulants, portés par la fougue irrévérencieuse de Simeon qui ose s'opposer frontalement à sa grand-père jusqu'à faire exploser les secrets de famille et les mensonges qui ont bâti la mythologie familiale. David contre Goliath.

Tous les ingrédients sont là pour prendre du plaisir dans ce conte épique qui offre une belle leçon de vie et d'humanité.

A noter que le Patriarche est une réédition de Bulibasha, roi des gitans, paru initialement en 1994.
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Auteur : Witi Ihimaera
Editions : Au vent des îles
Année : 2020

Résumé : Siméon est le petit dernier d'une famille Maorie vivant sous la coupe d'un patriarche omnipotent. Chef de clan, chef religieux, Tamihana régie la vie de chacun des nombreux membres du groupe et ses décisions, mêmes les plus injustes, ne souffrent d'aucune discussion. C'est sans compter sur Siméon et son âme rebelle, le jeune homme au caractère trempé, aux remarques acerbes, va faire souffler un vent de rébellion sur le clan.

Mon humble avis : Ce n'est pas tous les jours que nous avons la chance de lire le texte d'un auteur Maori, avouez-le. Et quand ce texte est d'excellente facture, cela devient même un sacré privilège ! Car oui, le patriarche est un grand roman, une saga Néo-Zélandaise âpre, édifiante, souvent hilarante mais aussi une plongée dans un monde qui disparait, rongé par le modernisme. Vous l'aurez compris le thème principal de ce livre est la rivalité : rivalité entre les générations, rivalité entre des clans mais au-delà de ce constat, c'est aussi un livre sur la puissance des liens familiaux, sur les valeurs claniques, sur la force des liens du sang. Traversé d'un souffle rare, enlevé, le roman de Ivhimaera narre les traditions du peuple Maori, les tribulations d'une famille, le quotidien d'un jeune garçon tiraillé entre ses aspirations personnelles et les coutumes ancestrales de sa communauté. Siméon est un personnage attachant, idéaliste, un esprit vif qui insuffle à cette saga un rythme endiablé, où les compétitions entre clans s'enchaînent, où l'exotisme des premières pages s'efface progressivement au profit de l'universalité du propos. C'est trépidant, truculent et l'auteur excelle dans les dialogues, ce qui n'est pas si courant. Pour conclure, force est de reconnaître que le patriarche est un excellent roman d'apprentissage, un roman foisonnant et un témoignage, parfois glaçant, sur les us et coutumes de certains peuples du Pacifique Sud. À découvrir.

J'achète ? : Les yeux fermés. Tu y découvriras des concours de tonte de mouton, des parties de hockey endiablées mais aussi un regard plein d'acuité sur les traditions Maories, sur les hommes et les femmes de cette communauté. Tu y découvriras aussi Siméon, ce jeune homme idéaliste que rien ne semble pouvoir arrêter. Un auteur à découvrir et un titre qui restera dans les mémoires, à n'en pas douter.

Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Le patriarche, c'est la saga Maorie, l'originalité même du continent austral.
En lisant ce roman, on intègre toute une famille scindée par le sang, avec des liens indéfectibles. Notre jeune héros, Simeon, le rebelle, le petit fils tiraillé entre la culture religieuse du grand-père et son affirmation personnelle au coeur des années cinquante en Nouvelle Zélande.
Cette saga familiale est riche et très bien documentée en ce qui concerne la culture Maorie, toute la tradition indigène est prépondérante et il y règne une hiérarchie implacable, d'où le titre de ce fameux roman qui promet un long chemin de découverte pour les amateurs de cultures étrangères.
Un grand merci à babelio pour cette masse critique.
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Une histoire enfoncée dans le poids de la terre et le caractère fixée de traditions. Qui peut savoir comment survivre librement à des survivances que personne ne connait comme destinées à disparaître ?
C'est un très beau décor où il vaut mieux se laisser envahir par sons et images que par les odeurs, où laine et anguilles accompagnent autant de vifs mouvement de détente que la violence de la soumission.
Comme dans tout saga le début semble lent, même s'il est riche d'indices. Puis on pressent, puis on ressent la force de l'un, la force de l'autre, et voilà que nous ne lâchons plus ce rythme d'événements collectifs qui tournent autour de statues vivantes sculptées dans des histoires répétées pas si minables et des secrets pas si devinables.
La saveur de cette histoire n'avait pas besoin du piquant de la culture maorie pour être relevée mais il se peut fort que la traduction de Mireille VIGNOL nous aide bien dans la langue française pour apprécier le travail de Witi IHIMAERA. On y retrouve la force de la sobriété et le souffle de l'aventure.


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Une bien belle découverte, grâce à la Masse Critique, un roman que je n'aurais probablement jamais lu sans cela. Un grand merci à Babelio et aux Éditions Au Vent des îles.
De l'humour, une famille hors du commun, la découverte d'un pays presque inconnu pour moi, et surtout, une lecture extrêmement agréable, fluide, bien écrite, un joli "page-turner".

Le Patriarche, c'est le grand-père de Simeon / Himiona. le jeune garçon nous raconte à la première personne la vie de sa tribu hors du commun.

Ayant découvert la Nouvelle-Zélande avec Les rives de la terre lointaine, j'étais curieuse de la voir par les yeux des Maoris.
J'ai été d'abord surprise car je m'attendais donc à voir l'histoire du point de vue d'une famille maorie traditionnelle. Mais cette famille-là est "convertie", des chrétiens pratiquants et très rigoureux, (des Mormons, mais je ne l'ai compris qu'en le lisant).
Mais on va tout de même entrer profondément dans le quotidien de cette famille maori, des traditions, avec notamment tout ce qui a trait à la tonte des moutons, et c'est très étonnant.


Une grande famille, où tout le monde est aux ordres du grand-père, même si on découvre peu à peu combien il est injuste, borné et parfois à la limite de la folie.
Seul Simeon, le fils du plus jeune fils, celui qui n'a aucun droit, mais tous les devoirs, va oser s'opposer à ce patriarche.
On a du mal à comprendre comment des adultes, nombreux et responsables peuvent ainsi se laisser commander par un homme qui ne jure que par la famille et par Dieu. Il se croit quasiment l'envoyé de Dieu sur terre, et tous doivent s'incliner.
J'ai parfois eu envie de secouer un peu ces adultes si peu adultes finalement dans leur relation à la famille. de même qu'à la fin, j'ai été outrée (le terme est faible) par leur attitude envers leur mère.
Difficile de distinguer ce qui est dû à la tradition des Maoris de ce qui émane de leurs croyances religieuses, imposées, et de l'aura du grand-père.
Quelles qu'en soient les raisons, c'est une lecture inoubliable, drôle et émouvante, animée et agitée, hautes en couleurs.
On voit en lisant un film se dérouler sous nos yeux, la course des rivaux à l'entrée du pont, les campements pour la tonte des moutons, les compétitions, sportives ou pas ... et d'ailleurs, le film existe, tiré du livre et réalisé par Lee Tamahori (réalisateur entre autres d'un James Bond !!)
Je me suis particulièrement attachée au narrateur, si courageux face au reste de la famille, à sa petite soeur Glory, et à leur grand-mère Ramona.
Avec, dans un second rôle important, la chanson Ramona.
Et la dernière partie change soudain d'ambiance, pour nous faire découvrir les vérités qui nous avaient échappées, comme elles avaient échappées aux membres de la famille. D'un coup, tout se met en place, et on a envie de relire depuis le début.

J'ai un peu regretté qu'il n'y ait parfois pas de traduction des petites phrases en maori, pas toujours compréhensibles même si ça ne gêne pas la lecture, j'aurais aimé savoir, je suis curieuse !
J'ai apprécié d'en apprendre un peu sur la Nouvelle-Zélande, et notamment de croiser Apirana Ngata, qui a réellement existé, personnage important de la communauté maori.

Witi Ihimaera est, semble-t-il, le premier romancier maori a être publié. Il a reçu de nombreux prix et c'est un auteur très prolifique, livres, films, documentaires, tout en enseignant la littérature anglaise à l'université d'Auckland.


J'ai eu aussi le plaisir de découvrir Au Vent des îles, éditeur francophone qui publie des textes contemporains, du Pacifique et d'Océanie.
Lien : https://livresjeunessejangel..
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Saga maorie sur l'appartenance et l'indépendance, entre le rire et l'indignation, la colère et la préservation du mensonge filial brisé. le patriarche mène ce roman familial, à l'ombre de celui national maori, avec une verve contagieuse pour mieux interroger la ressemblance, voire la préexistence des récits qui nous conforme.Saga maorie sur l'appartenance et l'indépendance, entre le rire et l'indignation, la colère et la préservation du mensonge filial brisé. le patriarche mène ce roman familial, à l'ombre de celui national maori, avec une verve contagieuse pour mieux interroger la ressemblance, voire la préexistence des récits qui nous conforme.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Captivant, de haute voltige, « le Patriarche » est une épopée. La rencontre fabuleuse avec le peuple Maorie dans les années cinquante. Conté par le narrateur Simeon fil route de cette histoire dont on ne lâche pas un seul instant la voix de cet enfant. « le Patriarche » est le chef du clan de cette grande famille. « La famille observait toujours une stricte hiérarchie. Quelle que fût l'occasion, les oncles Matiu, Maaka, Ruka, Hone et leurs familles étaient les plus proches de grand-père, dans cet ordre précis. le reste suivait, par ordre de naissance, et si quelqu'un se plaçait au mauvais endroit, gare à lui. » Les dés sont lancés. le Patriarche est sectaire. le regard vif, dur, empreint d'ordres et de d'autorité. La main leste, trop, beaucoup trop. Il est le maître absolu de cette fratrie et nomme ses fils en chiffre d'arrivée au monde. Il est la somme d'une idiosyncrasie opprimante, arriérée, où les femmes sont soumises et ne se mêlent pas des affaires des hommes. Il instaure chaque vendredi un rituel de réunion où ses paroles ne doivent pas être contredites. Il demande le déroulement des tâches exécutées. Tontes des moutons, travail à la ferme etc. Des comptes-rendus qui sonnent comme des sommations. Ils font à genoux des prières. Rituel incontournable. Ce grand-père maorie, mormon étouffe les siens. Lui seul donne les ordres, abat les cartes. Néanmoins, un vent de révolte gronde. Simeon est rebelle, éclairé. Sachant lire et écrire, éveillé aux questions existentialistes. Cet enfant ose s'exprimer, affirmer ses opinions. Malgré les coups il va chercher sa voie dans un ailleurs plus aérien, plus nuancé. Même si l'éducation, l'empreinte religieuse sont des sceaux à jamais. « Mes corvées éreintantes me mirent d'humeur rebelle. Debout à cinq heures, pour traire les vaches, oui maître. Allumer le feu sous la cuve à lessive, oui maître. S'assurer qu'il y a du kérosène dans toutes les lampes et effectuer toutes les besognes requises, oui maître. » Ce récit est apprenant. On découvre un pays La Nouvelle-Zélande, le front collé à la vitre de cette maisonnée où le grand-père est l'ombre persistante. On imagine des plaines vastes, des moutons sur l'herbe tendre. Les bras des hommes sont de labeur, de sueur, d'endurance, de soumission au Patriarche. Tout est avéré. Pas de pas de côté plausible. le Patriarche Tamihana veille. On aime sa femme Ramona, éprise de ses abeilles, lourde de secrets infinis. Femme dévorée par le manque d'amour, rassemblant les morceaux d'étoiles tombés à terre. « Celui-Qui-Doit-Etre-Obéi » s'affronte de plus en plus avec Simeon grandissant. Ses parents sont des écueils, torturés et pris en tenaille entre le grand-père et leur fils et leurs propres craintes. Cette saga est fabuleuse, réaliste. Witi Ihimaera est doué. le Patriarche a donné lieu à un film, « Mahana » en 2016. Cette saga casse les codes, dévoile et surprend par sa force intrinsèque. La persévérance de Simeon est un modèle. Sa force de caractère est un point fort de ce beau récit. On découvre, assiste, écoute, se rebelle, on est au coeur de cette famille (grande) maorie. « le Patriarche » est lauréat du Montana Books Awards. Traduit de l'anglais (Nouvelle-Zélande) avec brio par Mireille Vignol. Publié par majeures Editions Au Vent des îles. Brillant.

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Au fil des pages de la narration de cette grande sage maori, je me suis remémorer le film avec lequel je n'avais pas fait le rapprochement. J'ai retrouvé avec plaisir Siméon le rebelle, ce garçon maori évoluant entre les deux cultures, celle maori de sa famille, et celle anglo-saxonne de la société néo-zélandaise des années 50, sa révolte contre la tyrannie de son grand-père sur ses enfants. Une approche très intéressante par un auteur maori de la place de cette population dans ce pays mais aussi un incroyable histoire sentimentale totalement shakespearienne.
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Toujours pour le voyage en Nouvelle Zélande.
Auteur Maori.
L'histoire du clan Mahana depuis les années 1950.
On vit avec cette famille, et là encore, c'est pas facile mais c'est raconté avec beaucoup d'humour et de tendresse. C'est drôle, jamais méchant.
Je pensais que j'allais décrocher rapidement et puis non, les courses de bagnoles, les tournois de rugby, les concours de tonte (sujets qui me captivent au plus haut point) m'ont bien amusé.
Et la fin a été inattendu pour moi.
Sale Bulibasha.
Faudrait que je trouve le film.
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