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Critique de Talec0904


« Plus il y a de souffrances, plus il y a d'humour » (entretien avec Alexandre Ikonnikov)


C'est un livre avec des histoires, plein de petites histoires qui finissent par donner une vue d'ensemble, sensible et drôle.
Édité en Allemagne sous le titre de « Taïga Blues » évoquant mélancolie et absurde.
En France, sous le titre « Dernières nouvelles du Bourbier » avec, donc, une couleur plus satirique.
Mais il ne faut pas toujours regarder ce que le doigt vous montre !
De l'ironie il y en a :
Sous la rubrique "Temps Modernes", des textes sarcastiques montrent les Russes face à la société de consommation et au post soviétisme. le médecin urgentiste abandonne l'hôpital pour devenir gardien de supermarché. Faute d'évacuation, le superbe lave-linge qu'achète le kolkhozien Valentin ne peut être mis en service et sa femme continue de faire la lessive à la rivière.
A ce thème moderniste s'oppose celui du "Village éternel" des paysans roublards. Ici, du moujik au directeur du kolkhoze, tous pensent prioritairement à la vodka. « La fête de la Moisson se prolongea ainsi jusqu'aux premières gelées…»
Un aperçu de la Russie profonde, dérisoire, drôle et touchante où « l'âme russe » est ivre mais souvent bienveillante.
Le régime soviétique n'est pas plus critiqué que la Russie libérale. Les hommes ne semblent pas plus heureux dans l'une ou l'autre société.
Lorsque le propos devient moins politique et plus humain, la tristesse prend le relais du rire.
Mais, malgré la difficulté à vivre, malgré le manque même de sens, le rire cède peu de terrain.
Les derniers textes invitent à relire les premiers et l'ensemble sous l'angle du rire, du tragique et de l'absurde, de la tendresse et la brutalité, la dureté et l'émotion.
Rire et larmes de Gogol et drôlerie incisive de Tchekhov : au XXI° siècle bien sûr.

Pour ceux qui s'intéressent à la littérature russe contemporaine : quelques remarques.
Ces textes ont été écrits dans les années 2002/2004.
Malgré mes recherches ( y compris sur 'Yandex ', le Google russe) : aucune nouvelle de cet écrivain
depuis 2008.
Il était alors employé d'une société de création et promotion de sites Internet : viatka.net.et déclarait :
« Ce que dit Putik( ?), tout le monde est immédiatement d'accord, et personne ne fait rien. Une sorte de retour à l'URSS : armes à feu et missiles, anciennes méthodes de consolidation du pouvoir par la création d'influences extérieures et ennemis internes... Drôle et amusant ! « . « Goethe l'a bien dit : il n'est pas nécessaire de parcourir le monde pour comprendre que le ciel est bleu partout »
A rapprocher d'un autre écrivain russe de la même génération : Vladimir Kaminer, (né en 1967), à la trajectoire différente : réfugié en Allemagne depuis 1990 et qui écrit en allemand : cf. son blog : https://www.wladimirkaminer.de/blog
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