Jouer la petite innocente stupide m’avait sauvé la mise quelques fois par le passé, mais cette fois j’étais trop en colère pour ce rôle. Je résistai à l’envie de regarder derrière moi lorsque la porte se referma. Mes sens me dirent que son larbin était redescendu dans le hall, mais qu’il n’était pas allé plus loin.
On pouvait fabriquer une fausse carte, mais pas altérer son odeur naturelle, même avec du parfum. Un loup-garou pouvait deviner votre âge à une année près avec seulement un ou deux reniflements.
La plupart des clubs surnaturels maintenaient des règles strictes quant à leur traitement des humains. C’était bon pour les affaires, mais je ne saurais pas de quel genre était celui-ci avant d’y avoir mis les pieds. C’était d’ailleurs un risque pour moi : on pourrait qualifier les personnes comme moi, les sensibles, comme les équivalents paranormaux des criminels les plus recherchés. Le fait que nous avions une apparence humaine était notre meilleure protection.
Pour être plus précise, nous étions en réalité des humains un peu améliorés. Les différences résidaient dans notre capacité à sentir la présence proche des êtres surnaturels, à être immunisés contre la magie, et à être dotés d’empathie.
N’importe quoi pouvait arriver quand les sups étaient impliqués, je n’avais qu’à croiser les doigts et continuer à jouer mon rôle d’humaine ignorante. Elle ne savait pas que je savais.
Un vrai ami sera toujours là quand vous avez besoin de lui ; mais il sera aussi le premier à vous entraîner dans un nid de vipères.