AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Baldrico


Comment parler au 20e siècle de Maître Kong (Kong Zi, latinisé en Confucius par les jésuites)? Voilà un personnage dont la biographie se perd dans les traditions légendaires et dont les textes mêmes sont d'authenticité incertaine. Alors doit-on se fier à son imagination pour écrire à son propos? Pas tout à fait. le grand romancier japonais Yasushi Inoué a trouvé un biais narratif qui souligne la distance qui nous sépare de Confucius tout en rendant présente la discussion sur les traces qu'il a laissées et en restituant l'écho qu'il laissa derrière lui.
Nous suivons les pas de Yanjiang, "Vieux Gingembre". Il n'est pas un disciple du maître à proprement parler. Lors des pérégrinations de Confucius, il croisa sa route et celle de ses trois disciples, Zilu, Zigong et Yanhui, et se mit à leur service. Il joua dès lors un rôle d'homme à tout faire. Et pourtant, s'il a servi le maître jusqu'à la fin de sa vie, c'est en raison de la force spirituelle qui émanait de lui.
La vie de Confucius s'est déroulée durant la période dite "Des printemps et des automnes", pendant laquelle les divers royaumes du centre de la Chine se firent une guerre acharnée, entraînant la disparition des royaumes les plus faibles. Vieux Gingembre appartenait à un de ces royaumes disparus, le royaume de Cai. le récit d'Inoué évoque le désarroi des populations ballottées d'un royaume à l'autre, dont l'identité se fond dans celle de royaumes plus puissants, voire qui sont déportés d'une région à l'autre. Dès lors, sans attaches, il devient réconfortant de suivre Maître Kong.
Après la mort du Maître, Vieux Gingembre se retire dans un village de montagne. C'est là que viennent le trouver des chercheurs en études confucéennes, qui recherchent des témoignages sur Confucius et espèrent authentifier quelques unes de ses paroles. Après avoir raconté son histoire, notre narrateur répond à différentes questions des participants aux réunions, sur des notions comme l'humanité, la confiance, la volonté céleste, ou sur l'histoire des disciples ou la personnalité du maître. Comme il n'est pas un disciple à proprement parler, ses réponses sont très prudentes et même incertaines. Malgré cela, les auditeurs lui sont très reconnaissants, puisqu'il est un des derniers ayant fréquenté le Maître. Ainsi, Inoué multiplie les biais pour évoquer de façon indirecte cette figure si imposante. Certaines discussions peuvent paraître un peu longues ou répétitives. Mais la sagesse ne s'acquiert pas en un jour. Et le rythme de cet ouvrage invite à la méditation.
Commenter  J’apprécie          250



Ont apprécié cette critique (25)voir plus




{* *}