La guerre a pris fin voilà vingt ans. Pour autant le monde est menacé de façon insidieuse. Au nord, le bord du monde s'effrite et sa chute pourrait entraîner la débâcle de créatures retenues pour le moment en son sein. Avant la guerre, il y avait des dieux qu'on appelait des Augures. Mais elle les a anéantis et leurs pouvoirs avec. Des descendants humains les perpétuent, des Talentés, mais dont les pouvoirs sont bridés par des Préceptes qui marquent leur corps et protègent la population. Trois d'entre eux sont élèves dans une école des terres d'Andarra : Davian qui ne parvient pas à maîtriser l'Essence ; Wirr son ami, énergique et populaire ; et Asha, une jeune femme intrépide. La veille de l'examen, Davian fuit, entraînant Wirr dans son sillage bien malgré lui. Leur destin va croiser celui d'un jeune homme, mystérieux et amnésique. Ils vont joindre leurs pouvoirs contre les forces obscures venues du nord.
Avec « L'ombre du savoir perdu », l'australien
James Islington inaugure sa Trilogie de Licanius.
Dans cette oeuvre de dark fantasy, l'auteur déploie les codes propres à ce genre : il construit un univers, des personnages, une mythologie. Il imagine une hiérarchisation entre les différents groupes sociaux : rois, princes, administrateurs, augures, talentés et leur envers, les ombres. Il dote certains de pouvoirs qu'il décrit avec de belles nuances : Essence, kan, … Des objets sont aussi sources de magie, tels les réceptacles. Face à ces êtres qui ont forme humaine se tient, dans les recoins, un monde bien plus interlope : des êtres monstrueux sur lesquels on a peu voire pas de prise et dont la puissance destructrice est extrême. de chapitre en chapitre, l'auteur décrit la quête de Davian et Wirr, celle d'Asha, ainsi que les tractations et manoeuvres politiques en toile de fond.
L'univers est riche, foisonnant, complexe, jusqu'à l'extrême. Bon nombre de fois, je me suis laissée porter par les mots sans pouvoir pleinement en saisir leur sens global. Et pourtant, cela ne m'a pas découragée, tant l'auteur sait nous emmener dans son univers dépaysant. Les rebondissements se multiplient, là encore jusqu'au trop-plein voire l'écoeurement (d'ailleurs, bien souvent les protagonistes sont saisis de nausée, la répétition surprend). Et le motif est toujours identique : peut-on faire confiance à tel ou tel personnage ? Est-on bien sûr des intentions de tel ou tel ?
L'écriture quant à elle est simple (d'aucuns la qualifieraient de pauvre ; pour ma part, j'ai trouvé çà et là de belles descriptions liées à l'utilisation des pouvoirs), sans fioritures n'étaient-ce parfois des erreurs de syntaxes ou des oublis de mots (un effet de la traduction ? de la relecture ?) Toutefois l'univers reste riche et dense, bien pensé, même si la carte censée l'illustrer au début n'est pas très lisible ou reste parcellaire.
En somme, malgré quelques défauts, ce fut une lecture plaisante et dépaysante, à poursuivre.