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Critique de Alzie


Le minimalisme poétique (haïku) et l'épure du trait (estampe) à l'unisson dans un livre tout public propre à faire naître des vocations précoces pour peu qu'on le mette entre des mains enfantines. Dédié à la figure la plus ronronnante du bestiaire universel : le chat, un ami parfois câlin (Foujita en couverture). Petits, moyens et gros chats observés et célébrés par un maître prolifique Kobayashi Issa (1763-1828), dont la préface brosse rapidement la biographie, avec le renfort de plusieurs artistes de "l'ukiyo-e" venus aussi les illustrer. Des arts qui font merveille ensemble, portés à leur perfection par la tradition japonaise pendant la période d'effervescence artistique d'Edo avant leur diffusion en Europe où ils furent introduits à la fin du XIXe siècle. Chats à l'affût, affamés, repus, endormis, fugueurs, éthologie poétique du chat. Moustaches fines et museaux frémissants, pattes de velours et griffes étirées.

Chatons batailleurs ou facetieux (p. 49 et p. 124) :

"D'un coup de patte,
Le chaton provoque en duel
Le rosier en fleur.
(Carnet de l'ère Bunsei, 1822)

"Plus un fruit sur le houx,
Qui décorait ma maison -
Un coup des chatons !"
Carnet de l'ère Bunsei, 1822.

Matous fatigués et chattes amoureuses (p. 78 et p. 94) :

" Dans la bambouseraie,
Mouillée jusqu'aux os sous la pluie,
La chatte en chaleur."
Septième journal,1817.

"Le matou énorme,
Épuisé par l'amour,
Ronfle. "
Carnet de l'ère Bunsei, 1822.

La poésie du "Ici et maintenant" et les félines notations teintées de réalisme et d'humour des haïkus d'Issa entre lesquelles se glissent pivoines et papillons, lézards, pissenlits, grillons et araignées, trouvent un écho immédiat dans l'esthétique naturaliste et raffinée du Monde flottant posée en vis-à-vis. L'irruption de l'éphémère instant, la soudaineté du mouvement, la fusion des règnes animal et végétal dans l'intemporalité de deux arts qui captivent ou poussent à la méditation. Là où les mots s'arrêtent entre vergers fleuris, rosée d'automne et premiers flocons la vue des oeuvres peintes, dessinées et tracées sur soie ou sur papier (xylographies pour la plupart anciennes, encres et nacre, quelques photographies, un bronze, un bois), prolonge ou ajoute un supplément d'émotion. Livre à ouvrir au fil des saisons, que j'aime particulièrement, dont je remercie pour leur envoi les éditions De La Martinière et Babelio.
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