Ce court recueil est formidable pour découvrir Issa. La petite introduction biographique, la présentation aérée, la transcription des vers en écriture romane, la traduction simple et fluide, tout concourt à nous rendre accessible ce grand poète. Mais il s'agit d'une toute petite sélection parmi 20000 haïkus. Il ne faut donc pas trop chercher de lien logique ou chronologique entre chaque poème. Il vaut mieux les apprécier un par un sans se presser.
La poésie d'Issa est bouleversante, entre larmes et rires. J'aime sa compassion à l'égard des plus humbles bestioles, j'aime sa malice quand il se moque des puissants, j'aime son humour franc et sa verdeur étonnante, j'aime sa pudeur quand il évoque sa petite fille disparue. Issa c'est l'humanité incarnée, c'est notre frère à tous.
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Issa s'éveille au printemps, sous une pluie de fleurs de cerisiers, et nous convie avec lui pour une promenade dans la nature japonaise. Il est attentif aux petites bêtes pourtant si discrètes, telles le papillon que l'on n'entend pas et qui vole « comme si le monde n'avait aucun but » (j'avais lu « bruit » initialement, ça marche aussi non ?). Dans la nature, on trouve des multitudes de chants discrets, audibles pour celui qui veut bien paresser quelques instants… mais chut, éloignons-nous un peu de ce microcosme que nous risquons de troubler avec nos bruyants discours.
Ses semblables qui parlent à tort et à travers, Issa s'en détourne (ne serait-ce que par la concision propre à son art) et prend un malin plaisir à relativiser leurs valeurs, avec une irrévérence pleine d'élégance :
« Ah ! le rossignol,
même en présence d'un prince,
son chant est le même »
La statue du bouddha endormi accompagne Issa. Il lui est reconnaissant de ce sommeil bienveillant, qui emplit sa solitude rongée par le deuil et la crainte de la vieillesse, pour le porter à travers la mélancolie de l'automne, jusqu'au coeur de l'hiver, où l'idole reste imperturbable même sévèrement enrhumée :
« Le bouddha du champ -
depuis le bout de son nez
pend un long glaçon »
Malicieux jusqu'au bout, Issa... Comme cette stalactite, ses haïkus retiennent et rallongent la fuite d'un présent qui est sous notre nez.
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Comme généralement avec les recueils de haïkus, il me reste une sensation d'avoir trouvé le livre trop court (même en prenant mon temps la lecture est rapidement terminée).
Chaque page présente la même structure:
- En haut horizontalement la transcription du haïkus en romaji
- À gauche verticalement, en écriture japonaise (kanji, hiragana, katakana)
- En bas la traduction en français
Cette structure laisse la page respirer et le vide central peut être utilisé comme un espace d'interprétation où notre esprit vient s'approprier les vers.
C'est un recueil qui propose de très beaux haïkus d'Issa. Je l'ai beaucoup apprécié et j'ai repéré pas mal d'haïkus que je vais recopier dans un carnet où je note mes haïkus préférés. Certains sont particulièrement étincelants, évoquant ces moments où le temps semble se figer juste le temps qu'un rayon de soleil brille dans une goutte de rosée.
N'hésitez pas à faire un tour dans les citations, les haïkus proposés valent le détour!
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La présentation du livre est déjà très poétique , sobre et amène à la pure contemplation. le papier est joli et bien évidemment les haïkus écrits en japonais sont à eux seuls une illustration. A s'offrir ou à offrir, à prendre et à laisser avant de reprendre. pour ma part, je ne m'en lasse pas.
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Petit escargot
grimpe doucement surtout
c'est le mont Fuji !
Ce monde imparfait
Mais pourtant recouvert de
Cerisiers en fleurs
Bien tranquillement
elle observe la montagne
la grenouille verte
Sortant du sommeil
Après de longs bâillements
Les amours du chat
Pluie de pétales --
on aimerait boire l'eau
des brumes lointaines!