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Citations sur Le pèlerin du coeur (10)

Je me rappelle que dès ma plus fragile adolescence, à l'âge de 15-16 ans, quand j'ai quitté la lecture de romans sensationnels et ouvert les yeux sur le beau domaine de la vraie littérature, je me demandais, après chaque lecture qui me plaisait : l'auteur est-il un homme bon ? Et plus tard, quand je découvris la littérature biographique, je me jetai avec avidité sur les vies de grands hommes, mais j'avais toujours le regret de constater que rarement on touchait à la question qui m'intéressait le plus, à l'humanité intime de l'écrivain, de l'artiste.
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Est-ce l'approche d'un événement, qui fait naître son désir, ou c'est le désir qui provoque l'événement ? Je ne sais. Il se peut aussi que ce ne soit ni l'un ni l'autre, mais tout simplement des faits qui se produisent dans la vie des hommes comme les nuages dans le ciel.
Toujours est-il que Braïla fut la première ville dans l'histoire moderne de la Roumanie, qui connût ce déplaisant sursaut dont notre estomac est victime lorsqu'il nous arrive d'avaler des morceaux indigestes. Et Braïla ouvrière venait justement d'avaler quelques morceaux comme elle n'en avait jamais vu, depuis qu'elle existe.
(p. 53)
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30 avril [1921]
Capitalisme !… Argent !…… Humanité égoïste d'aujourd'hui !… Je te maudis de toute la force de mon être et je maudis aussi ma nature ingrate, laquelle, au lieu de diriger l'impétuosité de mes sentiments dans la direction de luttes sociales, faire de moi un batailleur journalier, un journaliste puissant, un orateur qui bouleverse les foules, un militant, un manieur de cette pioche foudroyante qui frappe incessamment la base de cette société absurde, m'a dirigé dans la voie stérile du penseur qui s'arrête à toutes les tares du caractère humain, qui voit trop près ou trop loin et qui épuise son énergie dans les spéculations sentimentales idiotes, dans les rêveries plaintives, quand le temps est de serrer les dents et de frapper pour démolir. (Je maudis encore cette circonstance qui, au lieu de me permettre d'écrire dans ma propre langue, qui m'est familière, m'a banni à mille lieues de mon pays et me force de prendre le temps dans des recherches de dictionnaire, pour la stupide raison que dans tel endroit il faut deux l, deux m, deux n, et qu'un seul n'est pas suffisant. Mais, au risque de paraître ridicule, je m'accroche à cette langue que j'aime et que je veux connaître.)
Pages 111–112.
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Hors du monde, dans le monde.

J'épuiserai ma vie tel qu'on le voit, je mourrai penché inutilement sur cette feuille de papier, mais je dirai sans cesse que l'art est plus fort que la vie, plus précieux que de "beaux enfants", qu'une femme qui aimerait "sans réserve"; il est plus fort même que cette nature splendide qui n'a pas de splendeur pour les yeux dépourvus d'art.
Sans art, le monde n'existerait pas, il ne pourrait pas respirer. (p. 113)
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La « Roumanie littéraire » et la Société des Gens de Lettres roumaines se sont décidées à réparer une injustice, en me faisant ressusciter. Pour le lecteur roumain.
Je remercie l'une et l'autre, ainsi que les confrères, que je connais pour la plupart par leurs écrits. Ceux qui ont bien voulu avoir pour moi de bonnes pensées.
Et maintenant ? Quelle est la suite de ce geste spontané ? Puisqu'il faut une suite. Autrement j'ai l'impression qu'au jour où est parue « La Page » qu'on m'a dédiée, ce n'était pas seulement Jean Bart*, mais moi aussi qui étions morts. Le même jour sur lui et sur moi on n'exprimait que de bonnes pensées, avec photo, sur deux colonnes.
Mais malheureusement je ne suis pas encore mort. Et il ne serait pas poli de me taire, comme est obligé de le faire le doux chantre des horizons marins.
* Jean Bart : pseudonyme littéraire de Eugen Botez, ancien officier de marine et auteur d'une remarquable œuvre littéraire. (Note de l'auteur)
(p. 233)
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Pourquoi je me suis retiré à Braïla

[A l'automne 1930, Panaït Istrati retourne à Braïla, ville de sa naissance, malade et avec l'âme meurtrie par l'effondrement de son idéal social et "d'autres hécatombes de précieux sentiments". Il veut ramasser ses forces, et si possible repartir. ]

(...) Seuls les vaincus sont dignes de sympathie. L'être humain devient un fauve dès qu'on lui accorde un brin de pouvoir, c'est-à-dire de l'importance. Il l'utilise, sur-le-champ, pour écraser son semblable. De sorte que j'en ai assez des hommes importants et que je me séparerai, à l'avenir, de tout ami qui deviendra important. (p. 231)
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Sur la mémoire de nos amis qui meurent...

(...) Car dire la vérité et mourir pour elle, c'est de l'héroïsme, alors que dire la vérité et continuer à vivre, même vivre d'elle, c'est de la -littérature- (p. 207)
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La première rencontre avec Romain Rolland

- Comment m'écriai-je, après vingt-ans de liberté, Gorki n'a pas encore appris une langue européenne ?...
-Mais, mon cher Istrati, fait Rolland, tout le monde n'a pas votre facilité à apprendre les langues ! Moi-même, j'en parle peu, bien que j'en lise plusieurs ! ... Vous écrivez en français après six ans de pratique sans avoir consulté une grammaire : c'est phénoménal !... (p. 123)
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Pourquoi je me suis retiré à Braïla

[A l'automne 1930, Panaït Istrati retourne à Braïla, ville de sa naissance, malade et avec l'âme meurtrie par l'effondrement de son idéal social et "d'autres hécatombes de précieux sentiments". Il veut ramasser ses forces, et si possible repartir. ]

Nul ne peut aimer l'humanité. On ne peut aimer ce qui est anonyme et ce qui vous échappe totalement. Mais on peut aimer un être humain, dix, vingt, au long de toute sa vie. On peut leur sauver la vie, au besoin, et eux peuvent sauver la vôtre. C'est cela toute l'humanité ! Je me suis brouillé avec elle en allant à sa découverte sans la trouver, en essayant de l'aimer sans le pouvoir.
Aujourd'hui, à Braïla, ne courant plus après personne et ne me faisant plus un devoir de l'amour, je découvre des êtres humains sans les chercher et ils me sont sympathiques sans peine. Et , d'ailleurs, je ne vois plus que des vaincus, étant moi-même le vaincu de ma propre victoire. (p. 230)
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Pourquoi je me suis retiré à Braïla

[A l'automne 1930, Panaît Istrati retourne à Braïla, ville de sa naissance, malade et avec l'âme meurtrie par l'effondrement de son idéal social et "d'autres hécatombes de précieux sentiments". Il veut ramasser ses forces, et si possible repartir. ]


Braila est la ville où, pour la première fois, j'ai vu la lumière du jour. Je l'ai aimée dans mon enfance, je l'ai haïe dans mon adolescence, puis je l'ai perdue. Je suis parti à travers le monde. Je n'ai plus été pour elle qu'un hôte. Aujourd'hui; après avoir fait le tour de plusieurs vies, je retrouve ma Braïla. (p. 225)
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