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Critique de JeanPierreV


Philippe Jaenada me fait penser par son physique et son comportement à un patou (Montagne des Pyrénées).... vous savez, ces chiens de bergers débonnaires et câlins, patients et courageux, rongeant méticuleusement leurs os, et terriblement efficaces pour lutter contre les loups et protéger les brebis. J'espère qu'il ne m'en voudra pas
Emmanuel, qu'il rencontre par hasard lui parle de son grand-père, dont tout le monde a entendu parler : Georges Arnaud, vous savez….c'est l'auteur qui a inspiré le film "Le salaire de la peur"…oui, le film est plus connu que le roman. Georges Arnaud - nom de plume d' Henri Girard - a été accusé d'un triple meurtre, celui de son père, de sa tante et de la bonne, un meurtre commis avec une serpe qu'il avait emprunté et dont il s'était servi pour élaguer des jeunes sapins.
Acquitté il a échappé de peu à la peine de mort…Oui c'est une vieille histoire qui remonte aux années d'occupation entre 1941 et 1943. Il avait 24 ans.
Il n'en faut pas plus pour Jaenada, pour sortir du périphérique parisien, prendre l'autoroute au volant de sa Mériva capricieuse et se rendre en Périgord, sur les lieux du crime, afin de comprendre…et de partager. J'avais déjà apprécié l'auteur et le texte "La petite femelle", dont le nombre de pages ne m'avait pas découragé.
Et je n'ai pas été déçu par "La Serpe".
Jaenada va s'imprégner des lieux du crime, un vieux château familial qui a depuis été racheté, transformé en colonie de vacances, puis en gentilhommière, rencontrer les gens du crû, dépouiller tout ce qui a été écrit sur cette affaire, journaux et comptes rendu du procès, correspondances entre Henri, et son père assassiné… nous prendre par la main tel Maigret, ne négligeant aucun indice, aucune petite phrase, aucune rencontre…jusqu'au dénouement final.
Surprise!
Quand Henri Girard est emmené vers le tribunal, il a entendu "le surveillant en chef, a dit devant lui à l'un des matons : « Vous ferez préparer la cellule des condamnés à mort. »"
Jaenada va jongler avec plusieurs histoires, plusieurs périodes, qui vont toutes s'entremêler.
L'histoire tout d'abord d'Henri Girard l'accusé, et de sa famille. Henri Girard fantasque, faisant les 400 coups, dilapidant la fortune familiale, escroquant sa tante, paraissant peu sympathique. Devenu plus sage et moins fantasque après ce procès, Henri, Georges Arnaud, partira pour l'Amérique du Sud et mettra sa plume au service de justes causes, écrira plusieurs livres, travaillera avec Clouzot qui réalisera le film "Le salaire de la peur"….Avec lui j'ai agrandi ma liste de livres à lire.
Puis le contexte historique du procès, la grande et la petite histoire de la période 1941-1943, celle de personnages de l'époque, Pétain, etc.
Jaenada nous parlera aussi de lui, de ses indignations, de ses amours, de son voyage vers le Périgord, de son séjour sur les lieux du crime, de ses soirées seul devant ses verres de whisky, ou dans les restaurants chinois... Il nous fera sourire, évoquera ses textes, reviendra à plusieurs reprises sur son précédent coup de gueule "La petite femelle" et partagera ses indignations diverses.
Il va jongler avec les périodes en passant de l'occupation à 2016, faire des allers-retours entre ces histoires et ses textes. Roi des digressions et des redites il en découragera peut-être certains.
Mais surtout il va implacablement chercher le coupable.
Philippe Jaenada a effectué un impressionnant travail de recherche, de croisement d'indices et de déclarations, un travail que la police et la justice n'ont pas fait entre 1941 et 1943, des lacunes qui auraient pu coûter la tête d'un homme, sans le talent de Maître Maurice avocat d'Henri.
On en tremble d'indignation… Un condamné ne pouvait pas faire appel de sa condamnation à la peine capitale. Combien d'innocents en sont morts ?

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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