une passionnante plongée dans les conditions de la création d'un hebdomadaire ("La Semaine") dans un territoire où un quotidien ("le Républicain Lorrain"), dans lequel l'auteur du livre avait fait ses premiers pas, souhaitait à tout prix conserver son monopole.
Les dirigeants de ce quotidien, qui estiment avoir "fait" (trente ans auparavant!) le maire de l'époque, et qui pensent avoir barre sur le comportement de tout ce qui compte dans le département et au-delà, mettent tout en oeuvre pour tuer dans l'oeuf cet importun : menaces d'"invisibilisation" pour quiconque oserait participer au capital de l'hebdomadaire, lui financer de la publicité, s'y faire interviewer, de boycott de ceux qui pousseraient l'affront jusqu'à le distribuer, l'imprimer, etc....sans parler de la création ex abrupto d'un hebdomadaire gratuit que les bureaux de tabacs et de presse étaient priés de présenter avantageusement.
Près de vingt ans après, et grâce à quelques associés, élus et professionnels courageux qui ne cédèrent pas aux intimidations initiales, l'hebdomadaire est parfaitement installé dans le paysage médiatique messin et thionvillois, et s'est même enrichi d'une édition nancéienne.
Extrêmement instructive, la lecture de ce livre est peut-être rendue un peu lourde, surtout pour les personnes extérieures à la région qui ne les connaîtraient pas, par les références nombreuses à des personnalités, journalistes ou autres, qu'il s'agisse de rendre hommage à leur contribution à la réussite de ce projet audacieux, ou au contraire, de souligner une prudence qui frise la lâcheté. Ces coups de chapeau ou de griffe étaient peut-être indispensables, mais nuisent à ce qui constitue presque une intrigue de roman.
Et, à la réflexion, je me demande justement si un roman ne nous plongerait pas davantage dans les affres des porteurs du projet, dans les troubles de conscience de ceux qui aimeraient le soutenir et en voient l'intérêt, mais pensent aux risques que cela ferait courir à leur carrière ou à leur vie économique et sociale, ou encore dans les machinations imaginées par les élus pour se sortir de ce dilemme.
La littérature est décidément une forme de connaissance indispensable du coeur de l'homme et des pulsations des sociétés qui ajoute à celle apportée par la seule description factuelle des évènements.
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