Il n'y a que les bords de mer pour éveiller la nostalgie et en même temps délivrer des tourments.
...
Je sais, Diego, vous êtes napolitain et vous n'êtes pas peintre. Mais regarder la beauté vaut toujours la peine.
je finis par croire que tout ce qui se disait, cette masse de phrases déversées dans le sein de la justice ne me concernait pas, que ce n’était pas moi dont on était en train de s’entretenir. Et je touchais peut-être là à la vérité : au fond, c’est d’eux-mêmes que tous parlaient, c’est eux-mêmes qu’ils écoutaient, leur bonne conscience ou ce qu’ils prenaient pour tel, ou ce qu’ils voulaient faire passer pour tel. La rumeur faisait palpiter leurs mornes vies, ils l’alimentaient comme un bon feu qui eût pu éclairer d’une lumière nouvelle leurs maigres existences. Ils étaient les rois d’une fête dont les étincelles de joie ressemblaient à une épidémie.
Alors, je me sentais indifférente, que Dieu me pardonne.
L'âge m'avait fait prendre conscience qu'on attachait peut-être trop d'importance aux tourments de l'amour et que mieux valait en prendre congé sur le pas de la porte.
C'est toujours lorsqu'on s'apprête à quitter une ville, quels que soient les souvenirs qui s'y attachent, que la nostalgie vient bercer vos pensées et que les images par grappes affleurent.
C'était cela que je n'avais pas saisi. Il ne m'avait pas pardonné d'avoir du talent pour quelque chose qui pût dépasser son entendement, il ne me le pardonnerait jamais. Je ne l'attendrissais pas, je lui inspirais de la peur. Il ne plierait pas, car c'étaient ses propres limites qu'il ne supporterait pas, et faire preuve à mon égard d'ouverture eût signifié les enfreindre, donc les reconnaître.
… était-ce le seul fait de pouvoir marcher, à grandes enjambées assurées, reconquérant un territoire vibrant comme celui de l’enfance, cette époque où l’on ose croire que rien ne présente de risque ?
Quant à savoir si Agostino est aimable ou pas, accordez-moi la capacité d’en juger par moi-même. L’amabilité, par ailleurs, est une qualité qui doit faire ses preuves avant d’en mériter le nom…
Le vrai peintre devrait être avant tout un philosophe, afin de bien pénétrer la nature des choses et de donner à chacune d’elles, selon la raison, la quantité de lumière qui lui convient.
(Giovan Paolo Lomazo - Idea del tempio della pittura 1590)
En faire trop, nous dit maman, c’est rarement assez.
Une habitude néfaste s’est développée dans l’esprit du vulgaire, et peut-être aussi des gens cultivés : il leur paraît presque naturel qu’un peintre ne puisse pas être excellent sans être souillé de quelque vice, laid ou infâme, doublé d’une humeur capricieuse ou excentrique, engendrée par une cervelle pleine de bizarreries. Le pire, c’est que de nombreux artistes se nourrissent de cette même erreur, en affectant une bizarrerie mélancolique dont ils pensent qu’elle fait d’eux des êtres exceptionnels.
(Giovan Battista Armenini 1587)