Elle était donc venue ici. Dans cet endroit désolé. Les tourbières entre le Dasland et le Värmland Et c'était peut etre cela le plus important."
... vous savez sans doute qu'on enfonçait un pieu dans le corps des sacrifiés pour qu'ils ne remontent pas à la surface et peut-être aussi pour qu'ils ne puissent pas venir nous hanter.
Elle s'avança vers la voiture. [...] Son ancienne vie défilait devant ses yeux. Tout lui semblait si étranger et en même temps si familier. L'hiver avec les skis sur le toit de la voiture. L'été en route pour une baignade dans le lac, le dos en sueur et une glace dégoulinante dans la main. La grande banquette arrière de la Volvo. Son envie d'avoir une soeur à côté d'elle. Son père au volant. Sa mère qui n'arrêtait pas de se retourner pour s'assurer que tout allait bien. Ses cheveux blonds et courts. Son regard vif. La voiture était là. Elle s'était toujours trouvée là. Comme si elle l'attendait. C'est à l'intérieur d'elle qu'elle s'était réfugiée ce fameux soir. D'abord elle avait appelé les secours et ensuite elle était sortie s'asseoir dans la Volvo où la police l'avait retrouvée. La portière arrière grinça et sortit de ses gonds quand elle l'ouvrit.
C'est une contradiction de dire que les fantômes existent. Parce que les fantômes sont une négation, un vide. Mais ce vide, ce manque peut posséder une force énorme. Une sorte de...soif. (...) ils sont à la recherche du corps et de l'âme qui leur manquent.
Ce n'était pas plus difficile que ça
Elle salivait encore en repensant au plat qu'elle avait mangé : du chou gratiné farci au fromage de chèvre, aux épinards parfaitement épicés, le tout saupoudré de noix hachées.
La lune apparut derrière les nuages dans le ciel sombre. La brume prit forme et se déroula lentement sur le sol humide. Il eut l'impression d'entendre un bruit. Etais-ce le vent? Ou un animal? On aurait presque dit des gémissements. Ou des cris lointains.
Les hommes des tourbières. c'est ainsi qu'on appelait les êtres humains qui, à l'âge du fer, avaient été enterrés dans la tourbière et dont la peau, les cheveux, les ongles et les vêtements avaient été épargnés…
Rien n'est comparable à la douleur de quelqu'un dont le dernier espoir vient de s'envoler. L'espoir de revoir en vie son enfant ou un proche. Les circonstances peuvent varier, les détails sont toujours différents mais la sphère touchée semble être la même. Il n'y a plus rien à quoi s'accrocher. Plus rien.
Les photographies sont un moyen d'emprisonner la réalité... On ne peut pas posséder la réalité, on peut posséder les images... ( p 212 )