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C'est bien sûr le titre, intriguant, qui m'a poussé à chosir cette lecture dans le catalogue #Netgalley. Et force fut de constater que cela avait été un excellent choix!

L'histoire est celle de Nikki, une jeune londonienne d'origine Sikh qui va accepter un poste de professeure de français dans un centre communautaire. Alors que l'annonce lui promettait l'animation d'un atelier d'écriture, elle se trouve face à des veuves analphabètes. Pourtant ce sont ces femmes qui vont lui raconter d'étonnantes histoires...

Ce livre a été pour moi un très bon moment de lecture. L'auteur nous décrit avec finesse le poids des traditions et des usages au sein de la communauté sikh. La voix des femmes, sous couvert d'érotisme, se libère pour parler de leur vie, parfois sordide ou misérable, sans tabou.

C'est un roman drôle, émouvant, captivant. Avec humour, il évoque la condition de la femme, le communautarisme, les préjugés, le racisme, aussi. Même si on sourit souvent, il nous pousse à réfléchir sur ces femmes élevées dans un patriarcat dominant, et sur la place que prendrons leurs filles, pour lesquelles tout est encore possible.

A lire absolument!
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Pour Nikki, cet emploi représente bien plus qu'une fonction de simple animatrice. Elle y voit là le moyen de faire connaître la communauté sikhe. Elle veut d'autant plus cet emploi, car elle ne sait pas combien de temps le pub où elle travaille restera encore ouvert. Également, elle est à la recherche de ce qu'elle veut faire de sa vie maintenant qu'elle a arrêté ses études de droit et elle sent que ces ateliers pourraient bien l'aider à trouver sa voie.

Dès le premier cours, Nikki se rend compte que les quelques veuves qui se sont inscrites au cours ne savent même pas écrire. Elle est complètement découragée. Elle qui croyait pouvoir créer un recueil de textes afin de faire connaître la communauté, elle se rend compte que cela risque de s'avérer difficile, sinon impossible.

Au fil des séances, les veuves apprennent à lui faire confiance et lui font comprendre qu'en fait elles ont plutôt le goût de parler d'érotisme et partagent ainsi leurs fantasmes. L'une des participantes, Sheena, se retrouve à écrire ces textes dictés par ces veuves. Mais ces textes finissent par être partagés entre les femmes de la communauté, qu'adviendra-t-il si Kulwinder apprend leur existence? Et surtout que feront les Frères qui se croient en charge de la communauté des moeurs s'ils tombent sur ces textes érotiques?

Mais au-delà des ateliers de partage, Nikki apprend à connaître la communauté sous un nouvel angle. Elle, la jeune pendjabie moderne, découvre un peu mieux sa propre culture avec ses côtés lumineux et sombres. Jusqu'à quel point l'honneur peut-il jouer un rôle prédominant dans cette communauté sikhe? Au point d'intimider et faire vivre les femmes dans la peur?

Balli Kaur Jaswal nous fait découvrir la communauté sikhe de Londres avec ses zones d'ombres et de lumières. Certains aspects de cette communauté ont passablement irrité la femme occidentale que je suis tandis qu'à certains moments, j'étais sous le charme face à ces veuves à l'imagination fertile, mais surtout face à cette belle amitié qui les unit.

L'auteure aborde des sujets délicats qui nous font réfléchir. Les crimes d'honneur qui parsèment notre société et qui ont malheureusement lieu sans que l'on puisse vraiment s'en rendre compte. Mais également cette intimidation que certaines femmes vivent au quotidien afin de « rester dans les rangs » pour de ne pas jeter la honte sur leur famille et leurs proches.

Nous sentons au fil des pages que les femmes et les veuves de cette communauté ont un besoin d'émancipation, mais qu'en même temps, elles sont encore bien ancrées dans ces traditions qui ont toujours prises dans leur quotidien. Cela prendra encore combien d'années avant que l'égalité entre hommes et femmes puisse voir le jour au sein de toutes les communautés?

Personnellement, j'ai eu un peu de difficultés à adhérer au personnage de Nikki, notre protagoniste. Il me manquait un petit quelque chose qui aurait pu me charmer et me la rendre plus attachante. Quant à l'intrigue, elle est un peu longue à démarrer. Par contre, lorsqu'on arrive à mi-chemin du récit, nous entrons dans le vif du sujet et l'auteure réussit à nous captiver.

En résumé, je dirais que le sujet de ce récit est touchant et parfois même révoltant. Balli Kaur Jaswal nous fait découvrir une belle communauté sous divers angles, mais pour moi, il me manquait un petit quelque chose pour vraiment me charmer d'un bout à l'autre.

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Un roman qui mêle traditions littéraires orientales et occidentales pour une comédie sociale drôle et émouvante autour de la communauté sikhe de Londres. Derrière l'humour et l'érotisme des récits des veuves, des thèmes très durs, les mariages forcés, les crimes d'honneur, la soumission des femmes... Une galerie de personnages très réussie, attachants et drôles, en quête de liberté et de bonheur.
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Je ne m'attendais pas à lire une histoire si amusante et remplie de malice ! 🤭

J'ai découvert le Sikhisme, cette religion totalement inconnue pour ma part jusqu'à aujourd'hui.
Et quel plaisir de ressortir d'un roman avec plus de savoir.

Nikki, jeune femme d'origine indienne, vit en Grande-Bretagne.
C'est une femme forte, qui s'affirme et fait entendre ses choix, ses décisions.
Un poil rebelle, elle ne suit pas les traditions, elle refuse catégoriquement d'en entendre parler. Elle ne souhaite vivre que pour sa liberté, au grand désespoir de ses proches.

C'est une histoire qui relève les différences certaines entre deux cultures. Je me suis parfois senti révoltée face à la soumission de ces femmes, la violence, la peur dans laquelle elles vivent.

C'est aussi un roman… intime ! J'ai beaucoup rigolé quant à leur imagination, leur manière de conter leurs fantasmes et ce fut très touchant de voir ces veuves libérer leurs paroles, leurs pensées et souvenirs.

Ce fut une belle découverte, un roman qui révèle un choc des cultures, des mariages arrangés, des traditions et de la place des Femmes dans cette société.
C'était aussi une histoire d'amitié, d'entraide, d'intimité et de liberté d'expression.

J'ai réellement passé un bon moment à dévorer cet ouvrage captivant.
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Je viens de retrouver avec plaisir une auteure découverte avec les aventures des soeurs Shergill et ce fut un plaisir de passer du temps en compagnie de ces veuves délurées qui , sous la houlette d'une jeune femme londonienne, vont découvrir à la fois l'écriture mais aussi la solidarité et le respect d'elles-mêmes.
On en apprend forcément beaucoup sur le quotidien des indiennes immigrées à Londres qui vivent dans un quartier communautaire où les règles de vie en vigueur dans leur pays d'origine ont été importées et continuent à brider leur liberté. Mais il suffit d'un rien pour que la parole se libère...En permettant la mise à jour de leurs potentialités littéraires, la jeune Nikki permet à ses élèves d'un atelier d'alphabétisation de s'affirmer en tant que femme et de reconnaître la légitimité de leurs désirs. La tutelle des hommes peut tout à fait être rejetée et les violences qu'ils exercent sont reconnues comme insupportables.
Le roman est léger, drôle, mais aussi parfois poignant car il ne raconte pas que des fantasmes érotiques et se fait l'écho de crimes terribles commis à l'intérieur de la communauté pendjabie.
S'agissant d'un premier roman, il est incontestablement moins fouillé que le suivant "les soeurs Shergill" mais c'est une lecture détente qui fait néanmoins réfléchir sur le multiculturalisme et la nécessaire protection des femmes sous toutes les latitudes.
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J'ai un intérêt particulier pour la littérature indienne.
Ici nous suivons plusieurs femmes pendjabis sikhes dans une banlieue de l'ouest de Londres, Southall, aussi appelée little India.
Une jeune femme de 22 ans Nikki et des veuves jeunes ou moins jeunes qui se retrouvent dans le centre communautaire du gurudwara pour apprendre l'anglais et puis pour échanger, autour d'histoires qu'elles créent, sur le plaisir féminin.
Au delà de ce sujet léger, il faut s'arrêter sur la pression qui pèse sur les femmes indiennes même hors du sous continent, sur la vision des veuves sikhes ici mais qui pourrait concerner toutes les religions (rappelons le sati pour les veuves hindoues). Celles qui veulent échapper à la tradition peuvent être victimes de crime d'honneur et il y en a deux ici.
Quel seront les conséquences de ce club littéraire pour ces femmes ? Lisez ce livre !
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Nikki cherche désespérément à trouver un travail pour être totalement indépendante et ne pas la honte de revenir vivre chez ses parents. Alors qu'elle consulte les annonces pour trouver un mari à sa soeur, elle tombe sur une offre pour animer un club d'écriture. Loin d'imaginer qu'elle va se retrouver face à des femmes veuves, indiennes quasi illettrées, soumis au tradition ; ce club va prendre une tournure qu'elle était loin d'imaginer.

En voici un roman qui détend, drôle, enjoué qui nous fait prendre conscience du poids des traditions au delà des frontières, du regard de l'autre, du quand dira t on, des jugements mais aussi la solidarité.

L'écriture est fluide, vive et porte ce roman qui se lit avec entrain un sourire au coin des lèvres. Un livre qui libère la parole des femmes et laisse libre court à leur pensées les plus intimes, globalement dans la oie et la bonne humeur.

Un vrai bon moment de lecture.
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Voici un livre dont j'avais entendu parler depuis un moment, et je me suis tout à coup décidée à le lire dans le cadre du challenge des Globe-trotteurs sur Babelio (eh oui ! les trop nombreux challenges auxquels je participe déjà, pour certains depuis plus d'un an, sur Livraddict, ne me suffisaient plus semble-t-il ;) ), car une consigne « bonus » du mois demandait de lire un livre d'un pays dont le drapeau contient un croissant de lune – or, c'est bien le cas de Singapour, pays natal de l'autrice de ce roman.
Et puis bon, il faut bien le dire, et je ne suis sans doute pas la seule à avoir eu ce ressenti : ce livre a un titre bien interpellant, plus encore en français qu'en anglais – car, si la version anglaise parle explicitement de veuves pendjabies, la version française n'y fait pas référence, ce qui est une arme à double tranchant : c'est que l'aspect pendjabi est une part (très) importante de ce roman, et c'est peut-être intéressant de le savoir à l'avance ; mais en même temps, c'est bel et bien la belle histoire de veuves aimant la littérature érotique que nous livre l'autrice, bien au-delà des limites pendjabies ; dès lors, autant en profiter…

Oh ! il ne faut pas s'attendre à un roman érotique au premier degré. Il y a bien quelques scènes presque explicites parmi les histoires racontées par ces veuves (on a même une brève romance F/F tout à fait inattendue !), et toujours présentées en italique comme de courtes histoires dans l'histoire ; mais je dis « presque » explicites car tout est suggéré, et s'il y a bien quelques caresses de plus en plus prononcées, elles ne sombrent jamais dans le descriptif tel qu'on le retrouve dans certaines romances (même de très bonne facture !). On est bien davantage dans le domaine d'une certaine poésie, tout en restant proche de la réalité, et on se rend compte que le ressenti de ces femmes particulières, toujours très imagé – notamment dans une gamme de fruits et légumes qui fait bien (sou)rire et qui sonne pourtant très juste !, est aussi tellement ce que l'on peut ressentir soi-même, tellement universel !

Ainsi, nous suivons essentiellement Nikki, jeune femme qui se définit elle-même comme « anglaise, pendjabie et sikhe ». Née dans une famille indienne originaire du Pendjab (cette région, et même état de l'Inde, frontalière avec le Pakistan, à la longue et riche histoire, présentée ici comme intimement liée à la religion sikhe), émigrée à Londres mais ayant gardé de nombreux contacts avec la famille et la communauté restée en Inde, Nikki donc a décidé de suivre sa voie – renonçant à ses études de droit auxquelles elle ne parvient plus à s'intéresser, travaillant dans un pub anglais (un pub !) servant bières et thé earl grey plutôt que le traditionnel chai, et vivant seule dans un petit appartement au-dessus de ce pub, au lieu d'être restée dans le giron familial et de se préparer à un mariage arrangé, comme tant d'autres jeunes filles de son âge et de sa communauté, dont sa propre soeur qui en rêve… de passage dans l'enceinte du temple de Southall, la partie pendjabie de Londres, pour rendre un service à sa soeur, elle trouve une annonce proposant un emploi : des cours d'écriture pour veuves pendjabies. Seule candidate à ce poste, elle est embauchée, mais ce qu'elle imaginait comme un atelier d'écriture assez « classique » se révèle quelque chose qui tient plutôt à un atelier d'alphabétisation, la plupart de ces femmes ne parlant guère anglais, et n'écrivant même pas le gumurkhi (l'alphasyllabaire qui permet de retranscrire le pendjabi, ai-je appris sur Wiki). Et peu à peu, ces femmes privées de tout, car leur statut de veuve est quasi un enterrement social dans cette communauté, vont s'épanouir au sein de ce groupe où elles osent retrouver une certaine confiance, voire une joie de vivre malgré tout, et se lancer dans des histoires réellement érotiques à travers lesquelles elles libèrent tous ces non-dits qui règnent dans leur entourage – touchant pourtant à des sujets tellement universels, comme je disais plus haut.

Cependant, outre les aspects érotiques bien présents sous leur couverture plutôt poétique, ce livre aborde aussi et surtout toute la problématique de l'immigration – et ici, très précisément, l'immigration pendjabie en Grande-Bretagne. On comprend très vite qu'il s'agit d'une communauté très unie, aux membres originaires pour la plupart de villages plutôt traditionnels de cette région reculée de l'Inde ; ces lieux des origines avec lesquels ils n'ont jamais perdu contact et où ils retournent même (très) régulièrement. C'est donc une communauté qui se tient, qui s'entraide, mais aussi qui se surveille et se juge constamment, reproduisant certains des actes les plus extrêmes tels que ceux qui ont parfois défrayé la chronique quand ils sont relayé dans nos pays : ces crimes d'honneur ou, plus simplement, ces « Frères » (sikhs), des jeunes désoeuvrés mais se sentant investis d'une mission, qui patrouillent en veillant sur (entendez : terrorisant) les jeunes filles qui selon eux ne respectent pas strictement les règles de cette communauté et de leur religion, jusque dans les rues de Londres…

Jusque-là, ce n'est rien de bien nouveau sous le soleil, on a partout des phénomènes de regroupement des personnes immigrées par nationalité / religion dans leur pays d'accueil, et plus encore quand lesdits pays ne semblent pas capables (ou désireux) de mettre en place une réelle politique d'intégration dans le respect de tous – la Grande-Bretagne n'a pas l'apanage d'un certain « ratage » à ce sujet ! Mais alors, j'ai été consternée quand j'ai compris et bien compris que ces femmes pendjabies par exemple, non seulement ne parlent pas (du tout) anglais, vivant dans le huis-clos de leur communauté même en plein Londres, mais ont réellement peur de sortir des limites étriquées de leur quartier, craignant qu'on se moque d'elles et de leur tenue traditionnelle – car bien sûr elles ne portent rien d'autre ! Par ailleurs, on apprend aussi que certaines familles, pourtant peu à peu « européanisées », ont choisi tôt ou tard de retourner vivre dans ce quartier pendjab, pour que leurs enfants bénéficient d'une éducation plus proche de leurs racines – et leur coupant, en apparence du moins, toute opportunité de s'adapter davantage (et certainement mieux qu'eux-mêmes) à cette société anglaise dans laquelle ils ont pourtant choisi de vivre. Et puis j'ai été choquée, il n'y a pas d'autre mot, quand j'ai lu que, dans certaines boutiques de ce véritable « ghetto » pendjabi dans Londres, certaines boutiques permettent même de payer les achats… en roupies ! Comme le fait remarquer Nikki, cela n'a guère de sens quand on gagne son salaire en livres sterling…

Il n'empêche, la question surgit alors, cette question qui fait le lit de l'extrême-droite, mais qui se présente même quand on n'a aucune accointance avec ce courant de pensée (si tant est qu'il s'agit de « penser » quand on se réclame de cette tendance !) : que sont donc venus faire « ces gens » en Europe, à Londres, si c'est pour y reproduire purement et simplement, en tous points, ce qu'ils ont quitté sous d'autres cieux ?
Il faut alors se laisser embarquer profondément dans l'histoire, partager le ressenti de ces femmes, et ce n'est pas bien difficile grâce au formidable talent de conteuse de l'autrice. Sa plume légère, toujours juste, parfois proche de la romance sans mélo, parfois plutôt dans le drame sans larmes, parfois très sérieuse sans se prendre au sérieux, parfois tout simplement drôle ; cette plume donc nous entraîne réellement aux côtés de Nikki dans ces rues de Southall ou dans le pub où elle travaille. Même si on n'est pas concerné, moi lectrice belge née en Belgique de parents belges depuis plusieurs générations, on ressent réellement son désarroi initial face à ces femmes puis son intégration (car il s'agit bien de ça) au sein de cette communauté, de sa famille dont elle s'était pourtant éloignée, tout en restant tout autant la jeune Londonienne moderne et affranchie qu'elle avait réussi à devenir. Avec elle, on s'attache à ces femmes si différentes, aux histoires tellement variées mais ayant un seul douloureux point commun : elles ont perdu leur mari, peu importe la manière, et peu importe leur âge (certaines sont même encore très jeunes !). On ressent cette amitié qui va naître avec Sheena aux ongles pailletés en rose, et on a envie de partager cette amitié avec elles ! On vit à son rythme son histoire qui commence avec Jason et on a envie que « ça marche ».

Ainsi, peu à peu, Nikki se révèle à elle-même au fur et à mesure que ces veuves reprennent confiance en la vie, et entraîne le lecteur dans un tourbillon d'émotions, de couleurs, d'odeurs… et on a tout à coup une furieuse envie de chai !
Ainsi donc, c'est à travers ce personnage central de l'histoire, mais entourée de toute une série d'autres femmes terriblement typées sans jamais tomber dans le stéréotype, toutes terriblement attachantes chacune dans son genre, que l'autrice donne des pistes de réponse, par toutes petites touches, à la question qui avait surgi plus haut. Je recopie ici ces brefs passages, car l'autrice le dit bien mieux que moi ; d'abord dans un dialogue entre Nikki et sa mère, aux pages 314-315 (milieu chapitre 18), en parlant du dernier voyage des parents en Inde, voyage au cours duquel son père est décédé :

« (…) et papa a répondu : « Mes filles ont appris à faire leurs propres choix pour ce qui est de la réussite. »
- Papa a dit ça ?
- Je crois qu'il s'est surpris lui-même, poursuivit sa mère. Il n'a jamais été du genre à se vanter de ses réussites quand il retournait au pays. Mais quelque chose a changé ce jour-là. Parmi toutes les chances que la Grande-Bretagne nous a offertes, la possibilité de faire ses propres choix a été la plus importante. Il ne l'a vraiment compris qu'en l'affirmant devant ton oncle. »

Ou, un peu plus loin, plus mitigé mais tout aussi vrai, à la page 338 (fin chapitre 21) :
« Tout ce que les gens attendaient de Londres était là – jardins luxuriants, dômes majestueux et flèches d'église, ballet des taxis noirs. C'était royal et mystérieux. Elle comprenait que tout le monde ait envie d'y vivre. Les veuves surgirent dans ses pensées, elles qui ne savaient rien de ce Londres avant leur arrivée. Et pourtant, qu'en connaissaient-elles vraiment maintenant qu'elles y étaient ? La Grande-Bretagne était synonyme d'une vie meilleure, elles avaient dû se raccrocher à cette idée même si cette vie les déconcertait et leur demeurait étrangère. »

C'est donc un magnifique livre qui parle de quelques femmes exceptionnelles qui se révèlent peu à peu à elles-mêmes, à travers des histoires érotiques racontées dans un langage poétique très imagé, qui touchent tout un chacun tant elles sont universelles sans jamais tomber dans le vulgaire. Il traite tout à la fois, avec une grande sensibilité et un indéniable talent de conteuse, du sujet grave de l'immigration, d'une indéniable ghettoïsation de certaines communautés, et pourtant de l'espoir constant d'une vie meilleure, même si on ne la comprend pas tout à fait.
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« Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique » m'intriguait depuis un bon moment, entre son titre à rallonge (loin de refléter la richesse du contenu) et les critiques hautement élogieuses.
Pourtant, ça m'embête beaucoup, mais ce livre et moi, ça ne l'a pas fait. Pas parce que ça n'est pas intéressant en soi, pas à cause du fossé culturel (qui est, au contraire, le point fort du livre) mais à cause de défauts tout bêtes, comme la transparence de la plupart des personnages ou le rythme ultra-lent de l'histoire.

Dès les premières pages, immersion totale dans la communauté pendjabie de Londres, où les jeunes, bien que nés et élevés sur le territoire britannique, baignent bien davantage dans la culture d'origine de leur famille. C'est ainsi que l'on se retrouve avec des femmes résidant en Angleterre depuis vingt ans, mais qui ne parlent pas anglais et ne connaissent même pas l'alphabet : elles n'en ont, tout simplement, jamais eu besoin dans leur vie quotidienne ! Un monde à part, où les traditions sont autant un pilier solide sur lequel s'appuyer qu'un fardeau, en particulier pour les jeunes femmes émancipées comme Nikki, qui, de part sa place d'« entre-deux », sert aisément de pont entre le lectorat occidental et cette culture qu'il ne connaît pas. Et derrière les apparences bien codifiées, les veuves n'hésitent pas à complètement se lâcher. Les nouvelles érotiques qui parsèment le récit sont d'ailleurs franchement chouettes. le tout, sans forcer, parle d'émancipation, de féminisme, de liberté, d'assumer ses envies, de confiance en soi...

Mais alors, c'est quoi le problème ? le problème, c'est que l'histoire part dans tous les sens, comme si celle du club de littérature ne suffisait pas. A côté, on a donc le cas d'une mort aussi brutale que suspecte dont il ne faut surtout pas parler et qui n'est très probablement pas la seule, et un début de romance du côté de Nikki. Si le mystère autour de la disparition de Maya s'intègre bien au reste, même si l'on regrettera le côté léger et trop facilement résolu du truc, la romance n'apporte vraiment rien en plus d'être survolée. Un peu comme les différents personnages d'ailleurs : on retrouve d'une semaine à l'autre les mêmes membres au club d'écriture, et pourtant, jusqu'au bout, ces femmes, loin de devenir des amies de papier, restent des étrangères, des noms jetés sur une page que l'on n'apprend jamais à connaître. Dommage. Ajoutez à ça le fait que le récit ne soit pas très riche en rebondissements...

Bref, pour moi, le bilan est mitigé, mais, cette fois, j'ai clairement le sentiment d'un livre qui n'était pas fait pour moi, auquel je n'ai pas accroché, plutôt qu'autre chose.

Enfin, notons que l'éditions France Loisirs est BLINDÉE de coquilles !
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En allant à Southall déposer une annonce de demande de mariage pour sa soeur au temple, Nikki tomba sur une billet qui attira aussitôt son attention.
On recherchait une animatrice pour donner des cours d'écriture à des femmes, pour l'association communautaire sikhe.
Aucune qualification particulière n'était demandée, aucune expérience souhaitée. Une super aubaine pour Nikki qui recherchait désespérément un second petit boulot

. 
” Nikki s'arrêta et regarda autour d'elle. Il n'y avait que des femmes, la tête couverte (...) chacune avait une histoire. Elle s'imaginait parler à une pièce pleine de femmes pendjabies. Ses sens étaient maintenant submergés par la couleur des kameez, les froufrous du tissu et les crayons qui tapotent, l'odeur de parfum et de curcuma mêlés. Et son but se révéla dans toute sa clarté.

« Certaines personnes ne connaissent même pas l'existence de cet endroit, disait-elle. Il faut que ça change. »
L''oeil ardent, avec acharnement, elles écriraient leurs histoires pour que le monde entier les lise. “


Sa première rencontre avec les femmes qui se sont inscrites à ce cours va lui réserver quelques surprises. Elle qui pensait former de futures romancières se retrouve confrontée à une dizaine d'indiennes, de tous âges, la plupart veuves et qui plus est analphabètes.
Un sacré challenge s'annonce mais c'est sans compter sur l'imagination très fertile de toutes ces femmes.
Un florilège d'histoires très coquines et même plutôt osées se racontent dorénavant à chaque cours.


(...) Tant que les hommes n'ont pas vent de ces histoires, on ne risque rien. Nikki pensait au langar et à la frontière stricte qui courait comme un champ magnétique invisible entre hommes et femmes.

« J'imagine que ce ne sera pas un problème, nota-t-elle. Aucune de vous ne bavarde vraiment avec les hommes n'est-ce pas ?- Bien sûr que non. On est des veuves. On n'a plus de contact avec les hommes. C'est interdit, dit Preetam. “ 


Ce qui au départ amusa plus Nikki que de l'effrayer, se révéla pour elle très vite l'occasion d'aider ces femmes de manière détournée. Car chaque histoires soulevaient de sérieux problèmes que les femmes rencontraient chaque jour face à la soumission aux hommes, mais aussi face à la solitude et même parfois à la violence.
Nikki est une jeune femme émancipée qui se rebelle contre certaines traditions qui n'accordent aucune liberté aux femmes. C'est l'occasion pour elle de faire évoluer les choses et de tenter d'améliorer la condition des femmes.

. ” 
- Ça va aller. C'est seulement que ... ils disent des trucs terriblement insultants et j'en avais assez de fermer ma gueule.”

La fréquentation du club augmente de manière inattendue, et désormais Nikki souhaite plus que tout libérer la parole des femmes au delà de ces murs. Mais même si l'union fait la force, ce n'est jamais sans danger.


" Les autres histoires sont aussi osées ? Demanda Olive. 
- Plus ou moins.
- Espiègles et cochonnes ! Qui les lit, à part toi et les veuves ? 
- Personne, pour l'instant. Mais ça pourrait bien changer...“


Ce que j'en dis : Voilà le genre de roman idéal pour la pause estivale. En plus de divertir, il enrichit notre culture. À travers une histoire pleine de rebondissements et remplie d'humour, on découvre la culture indienne et hélas ses travers.
Tous les personnages ont leur importance, petit à petit une intrigue prend forme pour nous réserver de belles surprises. Grâce au courage de Nikki, à sa volonté de venir en aide à ses consoeurs on découvre le combat quotidien de ces femmes soumises, et le choc des cultures. Une histoire croustillante, émouvante, qui soulève le problème des femmes occidentales qui doivent faire face aux traditions ancestrales malgré un immense désir de liberté.
Un récit parsemé d'amour et d'humour, aussi épicé que les plats traditionnels, aussi coloré que les saris de leur pays.
Une histoire qui allie modernité et traditions. Dépaysement garanti, un beau voyage en compagnie de femmes touchantes qui vont unir leurs forces pour atteindre leur but et résoudre une terrible affaire. Ne vous privez surtout pas de ce roman " Bollywood ” qui risque d'en surprendre plus d'une.
Lien : https://dealerdelignes.wordp..
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