Citations sur 100 Mots pour comprendre les chinois (13)
Chaque langue se bâtit une représentation du monde à partir des termes qu'elle emploie pour désigner et écrire les objets qui l'entourent.
Jadis la Chine était au bout du monde, maintenant elle est au centre de nos préoccupations. Pourtant, plus elle prend place dans notre quotidien, plus elle reste lointaine, mystérieuse et incompréhensible. Il y a beaucoup de raisons à cela, dont l'une des plus évidentes est la plus méconnue : les Chinois n'écrivent pas comme nous. Ils n'utilisent pas des mots mais des idéogrammes, des signes formés, à l'origine, de dessins schématiques. Or les mots avec lesquels on écrit sont les outils avec lesquels on pense.
p. 303 Cette figure, maintenant asse répandue en Occident, y est souvent appelée "dessin du Tao". Voilà un nom un peu curieux dans la mesure où dans le Dao De Jing, le livre maître du taoïsme, chacun est prévenu dès le premier verset que toute nomination, comme toute représentation,, du Tao sont impossible puisque le Tao n'existe pas au sens où les choses existent, il n'est que leur fonctionnement.
Les anciens Grecs comme les anciens Chinois avaient également été frappés par la violence de la foudre et des éclairs. Mais alors que ceux-là en avaient fait un attributs vengeurs de ZZeus, ceux-ci y voyaient un fluide régénérateur qui réveillait l'énergie vitale enfouie dans la terre au cours de l'hiver.
On pensait que la vision résultait d'une onde émise par les yeux et renvoyée vers eux par les objets qu'ils rencontraient. Physiquement naïve, cette conception ne manque pas de justesse psychologique. Posant l'acte de voir comme résultant d'un couplage, elle inclut l'observateur dans l'observation.
La chauve-souris est un petit animal très mal considéré en Occident où il a plutôt une représentation proche de celle des vampires et autres fantômes nocturnes buveurs du sang des vivants. En Chine, son image est complètement différente. Non seulement il est fort apprécié mais on voit son image représentée partout, très souvent de manière stylisée, comme motif décoratif, notamment sur les ustensiles de table, bol, tasses, etc., mais aussi de façon tout à fait réaliste sur les cartes de vœux ou les images de bon augure dont on décore volontiers les maisons.
Figuration abstraite d'un dispositif énergétique, les trigrammes du Yi Jing sont chacun associés à une image naturelle qui aide à mieux se figurer ce qu'ils emblématisent.
Ecrire l'idée de "vivre" avec la représentation d'une pousse printanière est plus qu'une image, c'est un manifeste philosophique : la vie n'est pas un etat mais une continuelle renaissance. Le caractère vivre, en effet, ne représente pas une pousse sortant de terre, la plante qu'il dessine a déjà vécu et vivra encore tout au long du cycle sans commencement ni fin prévisible de la ronde des saisons.
kilomètre 里 Dans cet idéogramme, le signe des champs (田 tian) est disposé au dessus de celui de la terre ( 土 tu)
Inchangé depuis plus de trois mille ans, le caractère 田 tian, dont la forme est si semblable à ce qu'il représente (les champs chinois sont globalement rectangulaires et divisés en petite parcelles), est un bon exemple du sentiment d'évidence morphologique avec lequel les Chinois aprécient leur écriture.