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Critique de migdal


Les Editions Langlois ont lancé une collection « humaniste » publiant les chefs d'oeuvres de la littérature mondiale expurgés de leurs contenus « politiquement incorrects ». Etienne Weil, le directeur de collection, est secondé dans ce jeu de massacre par Clément Artois un jeune diplômé que Lise, sa fiancée, a pistonné en jouant de ses relations universitaires.

Weil et Artois ont mis un mouchoir sur leurs scrupules de « censeurs » quand ils ont vu le succès médiatique et financier de la collection … rapidement copiée par les concurrents. Certes effacer quatre-vingt pour cent d'un livre de Céline n'est pas anodin, mais les lecteurs se délectent de l'ouvrage aseptisé et les rares critiques sont rapidement pulvérisées par le talentueux Etienne Weil, redoutable polémiste et référence morale inattaquable dans le milieu germanopratin qui dicte sa loi aux médias.

Doté d'un regard incisif et d'une plume caustique, humoristique et ironique, Patrice Jean régale son lecteur en décrivant les éditeurs, les universitaires, les sociologues et les modes qui façonnent l'édition. D'une écriture élégante il peint la réussite des lancements « humanistes ».

Mais tout se corse quand il s'agit de rewriter « L'homme surnuméraire », ouvrage commis par l'obscur Patrice Horlaville dont la conclusion, notamment mais pas seulement, est jugée « incorrecte ». La vie romanesque de Serge le Chenadec, Claire son épouse, leurs deux enfants et leurs amants respectifs va devoir s'inscire dans cet « humanisme » pour nous offrir le feu d'artifice final.

Il y a du Houellebecq en Patrice Jean et je suis ravi de le voir désormais publié par Gallimard qui va le sortir de sa « Tour d'ivoire » et le révéler. Quel art pour jongler entre deux couloirs narratifs en menant le lecteur de rebondissement en rebondissement. Quelle liberté de propos pour s'amuser de nos « précieuses ridicules » qui encombrent les médias avec leurs expressions préfabriquées ! Quelle empathie vis à vis des petites gens (Chantal), des provinciaux et des paysans.

Et surtout l'auteur plaide pour la culture classique, les humanités, la littérature … de quoi le classer du coté des nostalgiques soupçonnés de collusion avec qui vous savez.

Dois je avouer que je me suis délecté avec ce chef d'oeuvre qui évoque « Le Voyant d'Étampes » ?
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