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Critique de florence0805


En 1936, sur ordre du gouvernement canadien, tous les enfants de la communauté Innue (dont Michel Jean est originaire), sont arrachés à leurs familles, jugées inaptes à les élever : les enfants et adolescents sont envoyés à 1000 kilomètres de chez eux, dans le pensionnat de Fort George, où les religieux catholiques s'emploient à « tuer l'Indien dans l'enfant » (au risque de tuer les enfants eux-mêmes.
Violences verbales, physiques et sexuelles, les religieux exercent toutes formes de sévices sur les enfants, en toute impunité. le roman focalise plus particulièrement sur trois adolescents : Marie, Virginie et Charles, qui parviennent à s'entraider comme ils le peuvent face à la cruauté des catholiques. La scène inaugurale du roman laisse envisager une issue tragique à l'histoire.
En alternance avec les chapitres éprouvants de Fort Georges, on suit Audrey, jeune avocate chargée en 2013 de retrouver les survivants des pensionnats afin de les aider à obtenir une indemnisation. Elle s'aperçoit que nombre d'entre eux portent de lourdes séquelles de ces funestes années, et peine à retrouver Marie, Virginie et Charles. Son enquête la conduit vers Marie, qui vit recluse et ne dessoule jamais…
Ce roman est absolument bouleversant et révoltant : l'écriture pourtant toute en délicatesse de Michel Jean ne peut que susciter de la colère chez le lecteur, même si l'alternance des temporalités nous permet de souffler. On ne peut le lâcher avant de savoir si Marie, Virginie et Charles vont se sortir de cet enfer. On n'est d'autant plus révolté que les coupables sont religieux, et les victimes des enfants.
Michel Jean, descendant de la communauté Innue, construit un magnifique travail de mémoire sur l'histoire de cette communauté, ses coutumes et leur destruction par un gouvernement canadien qui ne cherchait qu'une assimilation brutale.
Paru en 2013, Maikan prend une dimension encore plus actuelle avec la découverte des tombes de centaines de victimes des pensionnats sur le territoire canadien. Même si les autochtones savent très bien ce qui s'est passé dans ces établissements, il est important que ces crimes soient connus de tous, les Canadiens comme la communauté internationale. Malheureusement, on ne peut que se dire que le Canada n'a pas fini de compter les tombes…
Maikan, Kukum, pour moi deux très gros coups de coeur d'un auteur à suivre, assurément.

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