Seattle, au nord-ouest des Etats-Unis. Dans les années 1980, plusieurs femmes disparaissent : des prostituées, pour la plupart mais aussi, comme s'attache à le montrer l'auteur, des mères, des soeurs, des filles. Certains des corps sont retrouvés dans la forêt, nus le plus souvent. Elles ont été étranglées après avoir eu un rapport sexuel.
Très vite, le lien est fait entre ces cadavres. le surnom est vite trouvé par la presse locale : ce sera
le tueur de la Green River. Car c'est près de cette rivière, et dans la rivière même, que sont retrouvées plusieurs des victimes. Une enquête est rapidement diligentée. Parmi les enquêteurs se trouve Tom Jensen, le père de l'auteur
Jeff Jensen, qui consacra plus de 20 ans à essayer de découvrir la vérité et l'identité du tueur.
Les indices sont minces ; l'homme a laissé peu de traces derrière lui. Il n'a laissé que des familles éplorées, des mères se demandant si leur fille est vivante ou bien morte. L'auteur ne laisse pas de mystère sur l'identité de cet homme : c'est Gary L. Ridgway, un ouvrier automobile de Seattle, dont personne n'aurait pu soupçonner une telle perversité, une telle cruauté. de fait le récit navigue effectivement entre le déroulement de l'enquête et les interrogatoires qu'ont réalisés les enquêteurs sur Ridgway après son arrestation, au début des années 2000.
De là, un dialogue permanent s'installe entre les époques. le récit se fait aussi hommage à la figure d'un père opiniâtre dans son travail, dévoué pour sa famille et dont la vie est pourtant profondément marquée par la quête d'une vérité certes horrible mais nécessaire. On voit d'ailleurs le personnage de Tom Jensen changer physiquement ainsi que ses collègues.
Le dessin est dans la grande tradition du comics à la Burns : trait épais, précision et sobriété. Pour autant, il est davantage une illustration de dialogues : il y a clairement une hiérarchie entre le texte et le dessin. Cependant, une grande attention est apportée à la mise en scène. Les cases sont comme autant d'épisodes d'un storyboard de film (on peut penser, par le sujet, à Zodiac de
David Fincher) : de là découle un rythme de narration soutenu, particulièrement bien adapté à cette BD qui oscille entre polar et documentaire.