Bonheur ; quel arbre invisible, infini
donne-t-il ton fruit, que l'âme parfois
cueille, en sa plénitude ?
De ces idées lesquelles sont tes branches,
de ces sentiments lesquels sont tes fleurs,
de ces chants quels sont tes oiseaux,
de ces sourires quels sont tes arômes ?
Qu'est-ce qui nourrit tes racines ?
Comment, par où, pareil à ce citron,
pénètres-tu par ma fenêtre,
en notre plus profonde chambre,
y effleurant, tout doucement, le cœur ?
Ne pas détruire la lumière...
Laisser l'heure mauvaise
s'écouler, tomber seule enfin
sous l'acacia en fleur du sentiment,
sous le ciel étoilé de l'idée.
Rien ne vaut le bonheur
de se comprendre, enfin, sous le front et le coeur,
pleins de bonté !
Puis,
dans un lent et souriant retour,!
recouvrir d'une âme fleurie
les fosses entrouvertes,
y entasser les roses
- toutes, toutes les roses ;
car l'âme bien taillée
ne cessera plus d'en donner ! -
Toujours plus vivant, oui
- plus profond et plus haut -
plus nouées les racines
et plus libres les ailes !
Liberté de l'enraciné !
Sûreté du vol infini !
Je voudrais que mon livre
fût ainsi que le ciel, la nuit
toute vérité présente, sans histoire,
Qu’à chaque instant se donne, comme lui,
toute chose, avec ses étoiles…