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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bon livre d'histoire qui fait le tour de son sujet. Quelques passages sont très marquants, par exemple à propos des quelques juifs qui ont réussi à s'échapper du vélodrome d'hiver le jour de « la grande rafle », vraiment poignant. de même les raisons de l'échec relatif de cette opération, grâce aux fuites de commissaires, aux réseaux d'entraide, ou aux refus de faire du zèle de part d'un certain nombre de policiers illustrent le décalage entre des ordres inhumains et ceux chargés de les appliquer.

Le reste de l'ouvrage est tout aussi intéressant, qu'il s'agisse des petites histoires d'arrestations, de la façon dont les décisions sont prises, ou encore le peu d'épuration qui a été fait lors de la libération... La partie sur l'après grande rafle, à propos des interpellations quotidiennes et des autres rafles qui ont été organisées, est aussi saisissante. On ressent l'étau se resserrer sur les juifs étrangers qui ne peuvent pas se cacher indéfiniment. Petit à petit toutes les exceptions « morales », ceux qui étaient d'anciens combattants, les moins de 16 ans, les plus de 60 ans, les malades mentaux etc... sautent, en on poursuit la route vers l'horreur nazi et l'hypocrisie de la collaboration.

Enfin les mises au point historiographiques sont plus que salutaires : c'est bien la police française, et non la gestapo, qui était chargé d'organiser ces arrestations, et oui, nombre de juifs déportés avaient la nationalité française (c'est le cas, par exemple de 3 000 des 4 000 enfants qui étaient enfermés au vel d'hiv les 16-17 juillet 1942...). Bref, un livre que je recommande si on s'intéresse à ce sujet. Il est relativement court, complet, et très clair.
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Pendant que certain polémiste se permet de rectifier l'histoire, il se trouve des chercheurs qui analysent les sources disponibles : des centaines de témoignages, des milliers de fiches de recensement, les archives de la police, les comptes-rendus des dossiers d'épuration des agents de la Préfecture de police ont servi de base à l'ouvrage de Laurent Joly.

Une masse de documents qui mettent en lumière ce qui s'est réellement passé à partir de juillet 1942 à Paris et en province, les étapes de la persécution des juifs, ce que le président Chirac, le premier, a qualifié d'irréparable.

Le bilan officiel de la grande rafle du Vel d'Hiv des 16 et 17 juillet 1942 est de 12884 personnes arrêtées : 8833 juifs et juives de plus de 16 ans (5802 femmes, 3031 hommes, plus 4051 enfants) embarqués par 4500 policiers. Plus de femmes que d'hommes car les maris ont déjà été arrêtés. Aucune autre opération en Europe n'eut une telle ampleur, pas même à Berlin entre 1941 et 1943.

Car en 1942, les policiers parisiens ne sont plus de simples exécutants des nazis. Ils sont les agents d'une politique de coopération imposée par René Bousquet, secrétaire général de la police du gouvernement de Vichy, et d'une opération co-organisée par leurs chefs de la Préfecture de police. Aucun Allemand ne prend part à la grande rafle, pas même le sinistre Theodor Dannecker, le représentant à Paris d'Eichmann.

Cependant, le taux de « réussite » de ces arrestations est inférieur aux objectifs. Il y a des « fuites », certains policiers, certains concierges se montrent « négligents », d'autres fervents antisémites font du zèle. Il y a des dispenses : les anciens combattants, les épouses de prisonniers de guerre, les jeunes de moins de 16 ans, les femmes enceintes près de leur terme, les femmes mariées à de non-juifs … et les « fourreurs », ces juifs qui travaillent pour l'armée allemande et sont protégés pour des raisons économiques.

Cependant, comme la police a des difficultés à fournir le contingent de juifs étrangers ou apatrides* réclamé par l'occupant, la rafle se poursuit à bas bruit … Comme on ne sait pas que faire des enfants, on les rafle aussi alors que l'essentiel d'entre eux, nés en France, sont français, mais cela gonfle les statistiques, les anciens protégés sont eux aussi raflés vers les camps Drancy, Beaune la Rolande, Pithiviers, puis Auschwitz.

La machine de destruction massive s'arrête avec les protestations des hautes autorités catholiques.

Ce document est illustré par une série de destins tragiques et de récits de rescapés. Il se lit dans un souffle. On imagine mal aujourd'hui comment tant de Français ont pu se prêter à une telle ignominie. D'autant plus que les dossiers d'épuration de l'après-guerre montrent que la justice fut clémente.

Laval et Bousquet, convaincus de la victoire des nazis, ont bafoué les droits humains, la convention de la Haye et la convention d'armistice. Ils prétendent n'avoir pas eu d'autre choix que de renvoyer les juifs étrangers considérés comme inassimilables selon eux.

René Bousquet, le donneur d'ordre, est acquitté par la Haute Cour en 1949. L'ex-préfet de la Seine Amédée Bussière est condamné aux travaux forcés à perpétuité, Emile Hennequin prend 8 ans comme d'autres tortionnaires, dont Louis Sadorski de la 3ème section des RG. Les technocrates du Service juif ne sont pas jugés, ni les 20 commissaires des arrondissements de Paris. Certains sont mis à pied ou révoqués.

Ainsi, la participation de la police française à la persécution des Juifs reste un tabou jusqu'à la déclaration de Jacques Chirac en 1995. Il n'était que temps.



* En 1927, une loi avait assoupli les conditions requises (présence sur le territoire depuis plus de 3 ans, entre autres) pour obtenir la nationalité française - la France étant déjà confrontée à sa situation démographique. Dès juin 1940, et sans aucune pression de l'occupant, Vichy a abrogé cette loi et dénaturalisé toutes les personnes devenues françaises après la promulgation de la loi de 1927. Dont une très grande majorité de Juifs fuyant les nazis. ces personnes sont donc devenues apatrides


Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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