Laurent Joly vous présente son ouvrage "La France et la Shoah : Vichy, l'occupant, les victimes, l'opinion" aux éditions Calmann-Lévy Mémorial de la Shoah. Entretien avec
Nicolas Patin.
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Loin d’être un égarement ou un dérapage (« Je ne dérape jamais, je dis ce que je pense »), cette réhabilitation du régime pétainiste et de sa politique antisémite est un élément fondamental de sa construction politique. Elle vise à libérer la droite de ses complexes supposés ; à rendre acceptables des mesures jusqu’alors impensables à cause du souvenir des crimes de la collaboration ; à lever l’hypothèque Vichy afin de réunir droite et extrême droite ; à préparer les esprits à une réaction nationaliste et antimusulmane.
Cette réhabilitation du régime pétainiste et de sa politique antisémite est un élément fondamental de sa construction politique. Elle vise à libérer la droite de ses complexes supposés ; à rendre acceptable des mesures jusqu’alors impensables à cause du souvenir des crimes de la collaboration; à lever l’hypothèque Vichy afin de réunir droite et extrême-droite ; à préparer les esprits à une réaction nationale et antimusulmane.
En pratique, dénoncer consiste pour un citoyen ordinaire à en signaler un autre à l’attention des autorités de police ou de justice, ou à une instance intermédiaire (organisation politique, journal partisan, etc.), dans l’espoir de suites répressives. La lettre, anonyme le plus souvent, est la modalité la plus fréquente. Mais bien des délations sont orales.
(p. 125)
Grand pourfendeur de la confusion des valeurs, du nivellement par le bas ou de l'inculture historique de ses contemporains, Éric Zemmour participe pleinement, en vérité, de ce qu'il dénonce. Il est le produit d'un système médiatique mettant sur le même plan débatteurs professionnels et historiens, dont le savoir est dénigré ou galvaudé.
Le principe du talk-show est taillé sur mesure pour des gens comme Zemmour, qui s'arrange toujours pour débattre avec des journalistes ou des politiques qui en savent moins que lui ou qu'il peut déborder par son éloquence. Et, quand il se trouve face à un spécialiste qui le place devant l'une de ses falsifications flagrantes, tel l'historien Patrick Weil, il rétorque qu'il est livre de ses interprétations !
Une telle propension au mensonge (n’est-ce pas Zemmour qui ramène tout aux années de guerre, voit partout des « résistants » et des « collabos », ne cesse d’invoquer Pétain et de Gaulle ?) et à la victimisation devrait dessiller les yeux des femmes et hommes de bonne foi qui voient dans le polémiste d’extrême droite un sauveur de la Nation.
Surtout, les contrevérités qu’il émet sur des faits établis de longue date par la recherche historique devraient faire douter de la pertinence de ses diagnostics sur les problèmes, si complexes, du présent.
P 108
Grâce aux ressources qu'ils ont su trouver en eux-mêmes et autour d'eux, les juifs de France ont, dans leur majorité, échappé à la politique d'extermination. Mais si l'environnement social s'est finalement avéré favorable aux victimes, il est toujours - et jusqu'au bout- demeuré précaire. Survivre aux rafles puis à la traque nécessitait, en effet, d'innombrables gestes de solidarité, tandis qu'une dénonciation, une seule, était susceptible d'entraîner l'arrestation et la mort.
Grâce aux ressources qu'ils ont su trouver en eux-mêmes et autour d'eux, les juifs de France ont, dans leur majorité, échappé à la politique d'extermination. Mais si l'environnement social s'est finalement avéré favorable aux victimes, il est toujours - et jusqu'au bout- demeuré précaire. Survivre aux rafles puis à la traque nécessitait, en effet, d'innombrables gestes de solidarité, tandis qu'une dénonciation, une seule, était susceptible d'entraîner l'arrestation et la mort.
(...) 4000 individus obligés d'abandonner leur profession indépendante ou libérale (avocat, médecin, dentiste, sage-femme). Entre 500 et 1000 étudiants doivent arrêter leurs études (...). Enfin, artisans, commerçants, et industriels juifs sont spoliés sur une grande échelle : avec la loi du 22 juillet 1941, Vallat étend l'"aryanisation économique"à la zone libre et à l'Afrique du Nord.
Lorsqu’il se rend pour la dernière fois rue des Saussaies, (1)en août 1944, l’inspecter Beugin est reçu par l’officier SS Schmidt qui le toise ainsi « « Vous êtes content. Les Américains arrivent. Dites à vos compatriotes de ne pas être trop fers, car si nous avons travaillé (…), c’est grâce à leurs dénonciations. »
1 Cet immeuble situé au numéro 11 , fut de 1940 à 1944, le siège de la Sipo (police de sûreté) - SD (Service de sécurité), qui comprenait dans ses services, la section IV connue sous le nom de Gestapo. Lieu de sinistre mémoire : de nombreux interrogatoires et tortures eurent lieu dans ces locaux
(p. 133)
Éditeur et ami de vingt ans, Christophe Bataille m'avait proposé d'écrire ce livre en octobre 2018. L'idée a cheminé à travers différents méandres jusqu'à la percée d'Éric Zemmour dans les sondages pour l'élection présidentielle.
Ce qui m'intéressait surtout était de raconter comment l'histoire de Vichy et de l'extermination des juifs a été écrite depuis 1945. C'était, je crois, la meilleure réponse à donner aux falsifications historiques de Zemmour et pour démonter le mythe, le fantasme, d'une "doxa" incarnée par l'historien américain Robert Paxton.