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Critique de Foufoubella


Le délicieux professeur V. ou comment écrire un tel roman à l'époque #metoo

J'avoue avoir d'abord été très intriguée par ce titre énigmatique (qui n'a rien à voir avec le titre original qui se nomme tout simplement Vladimir), et la quatrième de couverture a fini de me convaincre. Et? J'ai sincèrement passé un très bon moment de lecture avec ce roman.

La narratrice est une femme, professeure d'université, à l'aube de la soixantaine. Très appréciée par ses étudiants, elle vit une drôle de période puisque son cher époux, lui-même professeur dans la même université et responsable du département littérature, est accusé par plusieurs étudiantes d'avoir abusé de son statut pour les mettre dans son lit. Elles ne parlent pas à proprement parler de viols mais de non-discernement au consentement. Pour cette femme, qui savait que son mari couchait ailleurs, notamment avec ses étudiantes, et qui lui avait implicitement donné son accord, c'est la douche froide. Parce qu'elle se trouve confrontée à l'ère #metoo, que pour elle, il n'y a pas mort d'homme comme on dit. C'est la confrontation de deux générations qui ne parviennent pas à se comprendre, ou se mettre d'accord, sur certains points. Sur ce, arrive le troublant Vladimir, professeur d'à peine 40 ans, qui va semer le trouble chez notre narratrice...

Il est très compliqué de résumer convenablement ce roman tant je l'ai, pour ma part, trouvé foisonnant. La parole est ici donnée à une femme entre deux âges, ni jeune, ni vieille, et qui se cherche encore. J'ai beaucoup apprécié, justement, ce point de vue, notamment dans ses réactions face au scandale. Elle réagit comme je pense beaucoup de femmes de cette génération réagiraient en pareille occasion: même si ce n'est pas glorieux, il n'y a pas eu agression. Et même si je comprends les jeunes femmes qui peuvent se sentir "obligées" de coucher avec leur prof, je comprends aussi sa réaction à elle qui est, finalement, tout sauf manichéenne.

Le roman est relativement court (300 pages environ) mais ne se laisse pas lire si facilement. Je l'ai trouvé très dense, et j'ai pensé aussi qu'il n'était pas si facile d'y entrer. Si, pour ma part, j'ai éprouvé une certaine forme de sympathie pour notre héroïne, je peux aussi comprendre qu'elle puisse agacer. Et si ce personnage vous agace, la lecture ne sera pas plaisante. L'univers qu'il décrit également, soit le microcosme universitaire américain, peut aussi jouer un rôle déterminant dans la lecture. Pour ma part, j'aime beaucoup ce genre d'ambiance. Et j'ai donc beaucoup apprécié ma lecture même si j'admets que cela manque de rythme parfois.

En bref, une belle découverte pour ma part. Un roman que je conseille surtout aux fans d'écrivaines américaines contemporaines, en tête desquelles Laura Kasischke, Joyce Carol Oates ou Donna Tartt.
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