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EAN : 9782494466258
304 pages
DALVA (07/09/2023)
2.97/5   19 notes
Résumé :
La situation est sans appel : elle est la femme du porc. Elle a toujours su que son mari avait des aven­tures avec des étudiantes et cela ne la gênait pas. C’était leur mode de fonctionnement. Mais voilà son époux cloué au pilori, menacé de perdre le prestige d’une carrière pour laquelle elle, sa brillante épouse - meilleure autrice, meilleur esprit, meilleure en tout - avait accepté de se mettre en retrait. Qu’a-t- elle fait de toutes ces années ? Aurait-elle depui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le délicieux professeur V. ou comment écrire un tel roman à l'époque #metoo

J'avoue avoir d'abord été très intriguée par ce titre énigmatique (qui n'a rien à voir avec le titre original qui se nomme tout simplement Vladimir), et la quatrième de couverture a fini de me convaincre. Et? J'ai sincèrement passé un très bon moment de lecture avec ce roman.

La narratrice est une femme, professeure d'université, à l'aube de la soixantaine. Très appréciée par ses étudiants, elle vit une drôle de période puisque son cher époux, lui-même professeur dans la même université et responsable du département littérature, est accusé par plusieurs étudiantes d'avoir abusé de son statut pour les mettre dans son lit. Elles ne parlent pas à proprement parler de viols mais de non-discernement au consentement. Pour cette femme, qui savait que son mari couchait ailleurs, notamment avec ses étudiantes, et qui lui avait implicitement donné son accord, c'est la douche froide. Parce qu'elle se trouve confrontée à l'ère #metoo, que pour elle, il n'y a pas mort d'homme comme on dit. C'est la confrontation de deux générations qui ne parviennent pas à se comprendre, ou se mettre d'accord, sur certains points. Sur ce, arrive le troublant Vladimir, professeur d'à peine 40 ans, qui va semer le trouble chez notre narratrice...

Il est très compliqué de résumer convenablement ce roman tant je l'ai, pour ma part, trouvé foisonnant. La parole est ici donnée à une femme entre deux âges, ni jeune, ni vieille, et qui se cherche encore. J'ai beaucoup apprécié, justement, ce point de vue, notamment dans ses réactions face au scandale. Elle réagit comme je pense beaucoup de femmes de cette génération réagiraient en pareille occasion: même si ce n'est pas glorieux, il n'y a pas eu agression. Et même si je comprends les jeunes femmes qui peuvent se sentir "obligées" de coucher avec leur prof, je comprends aussi sa réaction à elle qui est, finalement, tout sauf manichéenne.

Le roman est relativement court (300 pages environ) mais ne se laisse pas lire si facilement. Je l'ai trouvé très dense, et j'ai pensé aussi qu'il n'était pas si facile d'y entrer. Si, pour ma part, j'ai éprouvé une certaine forme de sympathie pour notre héroïne, je peux aussi comprendre qu'elle puisse agacer. Et si ce personnage vous agace, la lecture ne sera pas plaisante. L'univers qu'il décrit également, soit le microcosme universitaire américain, peut aussi jouer un rôle déterminant dans la lecture. Pour ma part, j'aime beaucoup ce genre d'ambiance. Et j'ai donc beaucoup apprécié ma lecture même si j'admets que cela manque de rythme parfois.

En bref, une belle découverte pour ma part. Un roman que je conseille surtout aux fans d'écrivaines américaines contemporaines, en tête desquelles Laura Kasischke, Joyce Carol Oates ou Donna Tartt.
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Comme l'annonce la présentation de ce livre, il est clair que nous nous souviendrons du mouvement #metoo comme étant le scandale de notre époque. Des essais sur le sujet, des fictions le reprenant, il y en a eu des dizaines. Ce qui "change" chez celui-ci, c'est que l'on ne se pose pas du côté du bourreau, de la victime ou de la justice ... ici, nous suivons le raisonnement et le quotidien de la femme du porc. (et je me suis interrogée lors de la rédaction de cette chronique car je ne crois même pas qu'elle soit nommée...)

Dès le début, elle l'admet. Elle a toujours été attirée par des hommes plus vieux, elle a toujours su que son mari entretenait des relations avec des femmes plus jeunes, des étudiantes et elle était totalement d'accord avec ça. Elle n'est pas dans l'ombre de son mari. Elle est professeur de littérature, elle est mère, elle a publié 2 livres. Elle a excellé dans tous les domaines et l'on pourrait croire qu'elle a confiance en elle si l'on ne nous révélait pas quelques blessures liées aux diktas de la société.
Son quotidien prend une tournure différente le jour où une pétition comprend 300 signatures dénonçant son mari d'avoir eu des rapports sexuels avec 7 de ses étudiantes pendant ses 28 ans de carrière. Ce qu'elle comprend bien assez tôt, c'est qu'avec le procès de son mari, dans l'ombre, le sien va aussi se dérouler.

Accusée d'être antiféministe, elle va devoir se justifier des raisons qui la pousse à rester avec son mari, à ne pas démissionner de son poste, à ne pas prendre la parole. Des questions se posent : est-ce que dans un mariage, les bourrasques de l'un doivent elles devenir les préoccupations de l'autre ? Est-ce diffèrent dans ce cas ? Et les plaignantes, elles étaient majeures non ? Ont-elles consenties ?

Dans ce tsunami, notre femme va y trouver une échappatoire : le beau Vladimir. Nouveau professeur de littérature, il est jeune et a tout pour plaire. Elle va s'enticher de cet homme et profiter de ses problèmes familiaux pour tenter de parvenir à ses fins. Mais n'userait elle pas des mêmes charmes que son mari ?

Tantôt humoristique, tantôt émouvant et philosophique, ce livre aurait pu être un régal total si le rebondissement n'avait pas tant tardé à venir. Il reste malgré tout un très bon roman qui nous questionne sur notre propre vision des choses et des événements. On perçoit la détresse d'une femme qui a peur de paraitre périmée, qui a toujours voulu être au top autant intellectuellement que physiquement. Ses questionnements, sa vision du désir, de la maternité, de la vie qui passe sont néanmoins savoureux.

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Pour écrire cette chronique, j'ai d'abord laissé peu à peu l'enchantement se dissiper, comme la griserie d'un verre en fin de journée s'estompe avec les corvées du soir.
Ce roman raconte la vague #MeToo dans le monde universitaire américain du point de vue de la génération des boomers.
La narratrice est une femme cultivée, élégante, professeur de littérature respectée par ses élèves, auteure de 2 romans, mère d'une jeune fille épanouie, propriétaire d'une magnifique maison et mariée à un homme socialement bien établi. Elle revendique sa modernité. Au seuil de l'âge d'or des humains matures, cette femme libérée va même jusqu'à succomber au démon de midi.
La réalité est beacoup plus compliquée : profondement traumatisée par les diktats de la société, elle redoute la prise de poids, la décrépitude de la vieillesse et le qu'en-dira-t-on. Confrontée publiquement aux appétits sexuels de son époux, elle garde le port altier mais, ébranlée, écoute surprise son désir de changer de place. Jusqu'ici forteresse du ménage, pilier du parcours universitaire de ses élèves, elle tente le désordre de la passion. Cette expérience l'amène à découvrir son credo : l'ordre.
Pour exprimer cette quête obsessionnelle, Julia May Jonas utilise la trame du roman français traditionnelle c'est-à-dire une oeuvre qui raconte une histoire dans laquelle chaque étape concourt au dénouement final.
Les égarements du couple implosent dans une grandiose scène finale. le dénouement montre l'ordre revenu. L' auteure utilise un symbole religieux de pureté retrouvée : le feu salvateur d'où le couple ressuscite, lavé de ses péchés. de coupables, la société les reconnaît victimes marquées de cicatrices indélébiles.
L'intrigue repose sur les incohérences entre la liberté de moeurs revendiquée par l'épouse et son obsessionnelle posture conservatrice de femme mariée qui reste au côté de son conjoint jusqu'à ce que la mort les sépare.
Remarquable.
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J'avais découvert les éditions Dalva à l'occasion d'un VLEEL (encore me direz-vous, mais oui ces conférences littéraires sont des perles de découverte de nouvelles maisons et de pépites littéraires) sans pour autant m'être procurée une de leurs oeuvres. Alors, en me promenant un week-end dans une librairie indépendante du village de mon amoureux (monsieur chat sur les instagram), et que le délicieux Professeur V. trônait paresseusement sur un étal coup de coeur du libraire, je me suis dis pourquoi pas me lancer. L'offre est alléchante, une professeure de la quasi soixantaine qui explore sa libido en fantasmant sur son collègue plus jeune tandis que son mari se retrouve la cible du #metoo (à juste titre). Un livre qui promet de la réflexion, une illustration de la vie de cette femme que l'on considère d'âge mur voir "dépassée" alors qu'il lui reste encore tant d'années à vivre et d'expériences à avoir (qu'elles soient littéraires que sexuelles).
Il faut dire que pour pouvoir finir le délicieux Professeur V., j'ai du pour ma part faire preuve d'une grande résilience. Qui m'a apporté tout un tas de réflexion très intéressante sur ma manière de lire et le genre de livre que j'aime bien. Pour la suite, vous comprendrez bien qu'il y a un peu de subjectif dans ce que je vais dire, mais je trouvais ça assez pertinent de vous en parler. Je me suis aperçue que je me rattachais beaucoup aux dialogues des personnages d'une manière générale, et dans ce livre il y en a peu. C'est très certainement voulu, puisqu'on assiste aux introspections de cette femme sur sa condition et la condition des autres. Alors, il y a cette femme qui pense, qui pense de nouveau et qui n'agit que très peu. Je dis cette femme, car je me rends compte au milieu du livre que j'ai oublié son prénom alors même que je viens de passer une centaine de pages à suivre ses pérégrinations littéraires, ses allusions sexuelles sur son jeune collègue et sa critique de la génération qui la suit. Je suis plus jeune (d'une trentaine d'années), et peut-être que pour moi, son opinion reflète l'opinion des autres femmes de cette tranche d'âge, que mon esprit a volontairement effacé son patronyme pour en faire un symbole de la femme d'âge mur. Une réflexion assez simpliste puisqu'il y a autant de femme que de vie.
En parcourant de nouveau les pages du livre, je me demande même si une fois son nom est mentionné ? Encore une fois, surement une volonté de l'auteure. Ce récit à la première personne retrace le parcours littéraire et amoureux de notre professeure, et nous connaissons le prénom de sa fille, de son mari, de ses amants tandis que je n'arrive pas à mettre le doigt sur son prénom. Enfin, passons. Elle en reste un personnage à part entière, complexe à mourir, dénonçant le moi-je pour en devenir la définition même tout au long de son récit. Elle est à la fois imbuvable et touchante, agaçante et tendre ; je dois dire que la construction de ce personnage est un véritable plaisir de littérature. Il y a bien sur évidemment la description de John, son mari, qui reste au second plan, mais dont les apparitions ne cessent de me faire hérisser le poil. Et en même temps je comprends la tendresse qu'éprouve notre protagoniste pour son mari, autant que la haine qu'il lui évoque, devant des années de cohabitation et surement des années d'amour auparavant.
Les messages sont bien surs assez puissants, avec un féminisme qui s'affiche au départ timide, puis qui finit par se moquer de toutes les générations, qui se veulent ouvertes et tolérantes et qui finissent par rattacher la femme aux actions de son mari "c'est un porc, mais elle le savait". Certains se pensent déconstruits mais reproduisent des schémas patriarcaux inconscients, qu'ils soient de la "jeune" génération ou de la "vieille", oubliant la sororité qu'ils prônent à longueur de journée. Ce livre, quand bien même la forme ne m'a pas forcément plu, est une apostille de la vie d'une femme, des femmes, et j'en ressors étonnamment délibérative. Intrigant donc, et qui vaut peut-être le coup d'être lu.
Lien : http://thereadingsession.fr/..
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C'est un constat sans appel : elle est la femme du « porc ». Son mari, professeur à l'université, est accusé d'attouchements sexuels envers des étudiantes. Elle a soixante ans, est également professeure à la fac, et elle a toujours su que son mari avait des aventures. Elle était même d'accord, cela lui octroyait la liberté dont elle avait besoin. Mais alors qu'il est mis au pilori, elle s'interroge : sur sa féminité, son féminisme, son désir. Et voilà qu'elle est fascinée par le nouveau professeur V., de vingt ans son cadet… Une fascination qui tournera rapidement à l'obsession malsaine.

J'ai dévoré et plutôt apprécié les premiers chapitres de cette histoire. Pour son premier roman, Julia May Jonas propose une histoire forte, post #MeToo, dans le monde (plutôt méconnu pour nous) des universités américaines. Son personnage principal est intriguant : cette femme qui se rend compte de la fracture entre les générations étudiantes d'aujourd'hui et les enseignants dépassés. Qui s'interroge : elle savait que son mari avait des liaisons avec des étudiantes, mais elle ne savait pas tout ; est-ce que cela fait d'elle une complice ? une victime ?

La quatrième de couverture envoyait du lourd, mais j'avoue que c'est un rendez-vous manqué pour moi. Ça ne tient pas trop ses promesses ; on est davantage dans un loooong monologue intérieur digne de James Joyce, avec cette femme qui s'interroge sur son désir, qui veut plaire, et qui fait une fixette (à force c'est un peu trop) sur sa soi disant vieillesse. Et puis il y a une ou deux scènes quand-même vachement craignos entre elle et le fameux professeur V… Après, l'omniprésence de la littérature et de l'écriture dans ce roman est très intéressante, les thèmes abordés le sont aussi, mais je ne sais pas, j'ai trouvé tout ça un peu plat. Ça manquait d'un petit quelque chose ! Encore une fois ce n'est que mon avis, et ce n'est pas parce que ça ne m'a pas particulièrement plu que ça ne plaira à personne.
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critiques presse (1)
LeMonde
06 octobre 2023
L’autrice ­offre un roman vivifiant autour de l’âge et de la libido sous toutes ses formes.
Lire la critique sur le site : LeMonde

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