AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ninachevalier


Serge Joncour Combien de fois je t'aime
En poche : J'ai lu et broché chez Flammarion

Serge Joncour signe un recueil dans la lignée de Situations délicates dont le fil rouge
est l'amour. Dans les 17 courts récits qui composent Combien de fois je t'aime ,
l'auteur radiographie la vie à deux. Il ausculte les relations amoureuses à l'ère du virtuel, du portable. Il montre comment les nouvelles technologies influent sur nos relations affectives et nos comportements: difficulté de communiquer et d'aimer, d'atteindre harmonie et bonheur. Il met l'accent sur le paradoxe de la solitude dans le couple ou au sein d'un groupe, ce qui n'est pas sans rappeler des dessins de Sempé.
Serge Joncour dépeint des situations courantes sur un ton facétieux et nous réserve
des chutes cocasses et du suspense. le lecteur y croisera des femmes et des hommes
cabossés de la vie, attachants, sympathiques dont le quotidien a été métamorphosé par le net, les textos, les courriels. Difficiles de ne pas reconnaître nos semblables dans tous ces « je » qui décident d'une nouvelle vie.
Ridicules, ces accros du portable, déconnectés du réel, tel le gendre qui guette ses messages, indifférent au spectacle féerique déclenché par son beau-père à Noël. Désespéré, cet homme dont le portable reste muet, qui fait défiler une ribambelle de noms sans trouver l'ami à joindre.
Attendrissant,ce couple qui, après des années de galère, se résout à vivre sans enfant.
Lucide, cet enfant élevé par une mère célibataire,qui se sent de trop, souffre de désamour, et dont le rêve une fois adulte sera de retrouver le père déserteur.
Maladroits, ces deux invités qui se rencontrent lors d'un anniversaire et que le champagne désinhibe.
Insolite et choquant, cet homme qui aime une gamine d'une façon trop démonstrative.
Fusionnelles, les étreintes de deux amoureux interrompues par un gosse braillard.
Frustrant, la vue du gâteau au chocolat oublié par la maîtresse du logis et qui sera dévoré par le môme « dont les dents auront poussé ».
Pathétiques, ces couples, réfugiés dans le silence, qui assistent, passifs, au délitement de leur amour, leurs moments heureux portant l'amertume de leurs fins.
Peu enthousiastes, ces deux internautes qui ont décidé de se rencontrer.
Émouvants, ces deux patients, le moral en partance, ressemblant à des marionnettes qui se soutiennent et ironisent sur leur sort.
Poignant, ce couple divorcé que la maladie rapproche et qui sait dire merci à la vie.
Optimiste, ce couple décidé à rajeunir, à coups de bistouri, avant des vacances à la plage. « Demain on sera jeunes » confient-ils en se tenant par la main. Leurs gestes de tendresse ont remplacé la passion.
Intimidé, le passager du Corail qui fantasme sur l'inconnue endormie. Burlesque, la scène de son réveil venant contrarier les plans de son séducteur, gauche avec son bouquet. Imprévisible et plein d'espoir, le rendez-vous donné à la dernière seconde.

Dans ce recueil, les couples se retrouvent ou s'éloignent. Les amours se délitent ou naissent sous la plume drôle et juste de Serge Joncour. En fin observateur, il pointe nos failles, nos échecs et se livre à une riche exploration dans l'incertitude des sentiments et les multiples facettes de l'amour. Il aborde la question de la séduction, du désir, de la liberté, des rencontres éphémères qui laissent des empreintes pour toujours, sans se départir de son humour. L'auteur maîtrise parfaitement l'art de la chute, sait rendre attachants ses personnages anonymes, ces coeurs solitaires, victimes d'une société en phase de déshumanisation, dans laquelle on fait « l'économie de nos sentiments ». L'amour serait-il surestimé ? Comme le chante Dominique A. Ne manquez pas ce rendez-vous avec l 'amour, car AIMER, écrit Serge Joncour, « c'est aussi une partition de soliste, c'est un mouvement de l'intérieur, c'est vivre des tas de petites chose rien que pour soi, c'est rayonner de l'éclat intime d'une lumière qu'on s'invente à deux, et qui est là même s'il n'y a que soi ».


Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Serge Joncour, lisez ses deux derniers romans : L'amour sans le faire et L'écrivain national. L'amour y est aussi au rendez-vous. Laissez-vous « Joncouriser » !
Commenter  J’apprécie          172



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}