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Critique de Ziliz


Ziliz
13 novembre 2013
Brillant !

Grégoire Beaujour a perdu un mot. Il ne l'a pas sur le bout de la langue, non, il ne peut plus le prononcer, ni même l'écrire. Ce mot est "non". Ce handicap semble difficilement compatible avec son emploi d'enquêteur pour un Institut de sondages et d'Études de marché. Quoique...
Pour la vie sociale et amoureuse, cela pourrait paraître appréciable a priori. Mais de conciliant à faible et/ou lâche, il n'y a qu'un pas aux yeux des autres, et on se fait vite manipuler.

Serge Joncour part de cette fable pour présenter des réflexions passionnantes sur le pouvoir des mots dans nos rapports à autrui et à nous-mêmes, sur les vertus libératrices et thérapeutiques de l'écriture. Ecriture pour soi à la recherche de son propre passé et de celui de ses ancêtres, pour retrouver ses bases, ses racines englouties (tout comme ont été noyés ces vieux villages recouverts pour construire des barrages, je trouve brillante cette métaphore qui revient en leitmotiv dans l'ouvrage).

A travers le regard de son personnage et ses souvenirs d'enfance, Joncour décortique aussi l'art de manipuler l'opinion publique, le conformisme, les phénomènes de mode et de masse qui se sont amplifiés avec les Trente glorieuses (dans les années 70 en particulier), et l'essor de la société de consommation.

Entre roman et essai, psychologie, philosophie et sociologie, cet ouvrage se dévore, sans prise de tête - n'ayons pas peur de ces "grands" mots en -ie.
Un régal d'intelligence, subtil et cynique sans être moralisateur.

--- Mais pourquoi faut-il que la plupart des couvertures en format poche et des titres de cet auteur soient si niais, moches, rédhibitoires ? Dommage, il cible probablement mal son public, de cette façon.
Son talent s'exerce pourtant dans des registres très variés (romans, nouvelles, thrillers). On retrouve ici le ton du recueil 'Combien de fois je t'aime'. J'ai apprécié également les ressemblances avec Tonino Benacquista ('Homo Erectus' en particulier) et Jean-Paul Dubois.
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