« Quelques mots qui cheminent
Sur la page
À tenter de saisir le murmure
D’un pétale qui tombe
La trace de tes doigts sur ma peau
La porte entrouverte
Sur un jardin
L’esquisse d’un geste
Qui n’ose avouer davantage
Et toujours
Guetter
Ce qui brûle
Ce qui attend » …
« de la fleur ne rien posséder
ni le parfum ni
le satin froissé d’un pétale
de l’aimé ne rien posséder
que le souvenir des caresses
pour une vie à venir
du monde ne rien posséder
que notre nudité au premier jour et
au dernier
entre les deux
la joie les larmes
et le souvenir d’un peu de
douceur » …..
le lent attelage des jours
quand nous rêvons d'une légèreté de troïka
d'un bateau aux voiles blanches
caravelle pour traverser nos songes
nous voulons un feu pour nous réchauffer
des arbres pour se glisser sous les branches et
grimacer aux éclats de soleil
nous cherchons une innocence une lueur qui
jamais ne nous
abandonne
Ce que le fleuve emmène
Ce que nos mains retiennent
La joie du torrent
Les baisers les larmes
L’or derrière les nuages et
Aussi
Cette étoile tremblante
Qui nous sourit
Tenir la ligne de chant jusqu’à
Ce qu’elle se brise
Et fasse de nous un enfant du silence
À la recherche d’une trace
Couleur de ciel
Tombée sur le chemin » ….
« Désir de quelque chose qui
Demeurerait
Intact
Gai comme des draps qui sèchent
Au soleil
Quelque chose qu’aucune grande marée
Aucun grand vent
N’emporterait
Ta voix sur ma peau
Dans la nuit
Par exemple » ..
Chambre noire de l’enfance
chambre aux jouets oubliés
Le chien à roulettes
L’ours éventré
Des étoiles éteintes collées sur les murs
Elles ne brillent plus
Des voix confuses dans la maison
Assise au bas des marches
Cette enfant qui me regarde
J’aimerais prendre sa main
Lui murmurer que
Tout n’est pas si terrible
Parfois » .,..
l'odeur d'herbe fraiche de la nuit
le cri d''un oiseau entre les feuilles
un vêtement oublié sur un banc
il frissonne comme
un bouquet abandonné
et peut-être il danse
lorsque tout dort au jardin
« Pieds nus
aussi légère qu’une ombre
sur le mur de pierre
d’une maison endormie
Je raconterai des histoires puisées
au feu des légendes
Je chanterai à voix basse une berceuse
dans une langue inconnue
Je marcherai dans l’herbe haute et
M’assiérai dans l’odeur de la terre chaude
J’attendrai ce moment celui
Du grand bruit du monde un instant arrêté
attendant de glisser le jour venu
comme le vent sur le sable » .
Penchée
À la pointe du temps
Je crains de chuter
Dans le tumulte des rapides
Je voudrais atterrir dans un jardin
Avec des iris des mûres violettes
Du trèfle et des fleurs inconnues
M’endormir en guettant les bruits de la nuit
Et la pluie qui vient
Féconder la terre » ….
« Nous voulions des arcs- en- ciel
Des orages mauves et joyeux
Le tambour de nos cœurs à l’unisson
Et toutes les audaces
De ceux qui marchent dans la ville
Ignorant des horloges
À construire des châteaux éphémères
Pour y abriter
Le souvenir d’un soir d’été
Nous partirons sans avoir percé tous les secrets
Sans avoir entendu tous les chants
Sans avoir cueilli tous les fruits
Nous partirons inachevés
Comme un poème juste commencé
Sur une table face à la fenêtre
Auprès d’une tasse de café
À demi - pleine » …