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Critique de Butterflies


Gaëlle Josse nous offre ici une version possible du second passage du compositeur très connu aujourd'hui mais alors très désargenté et peu reconnu pour son talent dans la résidence d'été d'une grande famille aristocrate viennoise en Hongrie.

En1824, Franz Schubert passe donc quatre mois et demi à Zseliz chez les Esterhazy invité comme maître de musique et répétiteur pour les deux jeunes filles du couple alors qu'il y était l'an passé comme domestique. Franz est âgé de vingt-sept ans, il mourra quelques années plus tard, à trente et un ans.

Ce nouveau statut d'invité, loin de lui conférait tous les droits, l'oblige à assister à tous les dîners en compagnie des convives et de ses hôtes. S'il apprécie celle de la comtesse Caroline, âgée de dix-neuf ans et passionnée de musique comme lui, jeune femme discrète et fragile, il n'aime guère celle des autres aristocrates, qui le mettent mal à l'aise. Ses amis de Vienne lui manquent.



« […] fuir ce château, fuir Madame et le comte, fuir les tables encombrées de porcelaine et de cristaux, fuir ces couloirs sans fin et leurs miroirs où il ne peut échapper à son reflet, leurs angelots fesses à l'air, dodus et souriants, et leurs dorures. Il se moque de vivre ici ou là, du moment qu'on l'accueille avec chaleur et qu'il peut composer en paix. le reste n'a pas d'importance. Depuis ses années d'enfermement au Konvikt, son uniforme, sa discipline, ses dortoirs glacés, toute chambre, même la plus modeste, est un royaume, dès lors qu'il s'y sent libre. «
P. 66-67

Ce livre raconte l'éloignement de Vienne et le ravissement amoureux que Franz va découvrir, le déchirement des amours impossibles personnifié en la jeune comtesse de Caroline, connue aussi sous le nom de Cardine. Pendant cet été, il va composer plusieurs morceaux destinées à être joués à 4 mains avec la comtesse. Plus atrd, deux pièces majeurs pour quatre mains, un divertissement à la hongroise dont l'un des thèmes fut entendu à Zleliz. Et au début de 1828, il compose la déchirante et élégiaque fantaisie en FA mineure, dédiée à Caroline, pour la première fois.

« Et lorsqu'elle lui joue ses compositions, il voudrait la serrer contre lui et lui dire combien il est heureux de ces heures volées à sa tristesse, à ses déceptions, à la souffrance de son corps, combien il se sent consolé de tout lorsqu'il est près d'elle. Rien de cela ne lui est permis«

Franz Schubert ne possédait aucune fortune. Il n'avait que sa musique. Il a reconnu en Cardine sa moitié mais n'a pu l'aimer qu'en secret.

« Ils jouent, et pour Franz, le temps s'arrête. »
P.73

On ignore tout de ce qui s'est véritablement déroulé à Zleliz. L'auteur nous confie juste les faits. Caroline ne revit jamais Schubert après cet été, se maria vingt ans plus tard alors qu'elle était déjà âgée de trente-neuf ans. Fait assez étrange [...]

« La mort dans l'âme, il arrive au salon de musique et se faufile derrière le piano. de toute façon, personne ne l'a remarqué. Il installe ses partitions qui n'attendent que ses doigts et ceux de Caroline pour prendre vie, pour livrer leurs élans, leurs ondulations, leurs abandons, leurs scintillements, pour laisser sourdre leur chant et leur mélancolie qui dilatent le coeur. Nul ne peut soupçonner les larmes accumulées pour faire surgir tant de beauté, ni le coeur trop lourd qui ne sait dire sa tendresse qu'avec des notes. Son royaume est immense, inépuisable, tout comme son coeur est démuni, et sa peine insondable. «

critique complète sur mon blog
https://blogapostrophe.wordpress.com/2021/04/16/un-ete-a-quatre-mains-de-gaelle-josse/
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