AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,76

sur 104 notes
5
13 avis
4
21 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis
Mai 1824. Après plusieurs années marquées par la maladie et les échecs, Franz Schubert est appelé auprès de la famille du comte Esterhazy comme maître de musique pour les deux enfants, Marie et Caroline. Pour quelques mois loin du tumulte de Vienne, le jeune prodige de 27 ans veut profiter du calme de la campagne de Zseliz pour composer l'opéra et la symphonie qu'il a en projet. le jeune homme, timide et un peu gauche, se révèle dès qu'il se met devant son clavier. Il prend la plume et compose, dans le secret de sa chambre, d'autant qu'il sera inspiré par la présence de la cadette, une jeune fille harmonieuse, gracieuse dans ses gestes, sensible et qui se révèle dès qu'elle joue. Franz voit en elle une âme soeur mais aussi un amour impossible...

Mélomane depuis toujours, Gaëlle Josse, à partir d'un mystère dans la biographie de Franz Schubert, imagine, avec subtilité et délicatesse, les quelques mois passés auprès de la famille Esterhazy. D'abord heureux puis tourmenté, le compositeur quittera précipitamment Zseliz sous un étonnant prétexte. Au coeur de cet été étouffant et sec, Franz composera une série d'oeuvres pour piano à quatre mains. L'auteure imagine, non sans mal, le rapprochement entre Caroline et Franz, l'effleurement de leurs mains sur le clavier, les regards empreints d'admiration et d'amour. Que d'harmonie et de délicatesse dans les mots, que de sensibilité dans les sentiments, que d'évidence dans ces silences et que d'amour mais aussi de douleur dans ces regards... Gaëlle Josse nous plonge dans une ambiance intimiste, gracile, presque fragile. Sa plume, vibrante et mélodieuse, rend grâce à la musique de Schubert.
Commenter  J’apprécie          813
"La musique de Schubert m'accompagne depuis longtemps, depuis toujours, serais-je tentée de dire ......sa musique nous atteint avec une désarmante simplicité", écrit Gaëlle Josse. Des propos que je peux reprendre mot pour mot, à mon propre compte, y ajoutant, que sa prose m'atteint également avec une désarmante simplicité.

Le temps d'un été à Zseliz, dans la campagne hongroise, elle nous donne le plaisir de rencontrer Schubert, engagé six ans après, de nouveau en tant que maitre de musique pour les filles des Esterhazy, aristocrates hongrois.
Il a vingt-sept ans et se remet d'une maladie vénérienne.
Un été qui fait son bonheur et la notre, malgré la quête d'un amour partagé qui lui est refusé.
Un été à quatre mains où les muses affluent en dépit de la chaleur, il compose pour elle, Caroline, la fille cadette de la famille. Caroline, l'âme soeur, l'amour impossible, qui ne semble être à l'aise qu'avec la musique, " un langage qui est le sien, d'instinct".


Qui aurait pu mieux et aussi simplement décrire que Josse,
Le talent,
-"Avec quelle émotion il confie avoir vu Schubert composer le Roi des Aulnes, sur le poème de Goethe, en une poignée de minutes, un après-midi, à l'âge de dix-sept ans, sans une rature."-
Et l'amour de la musique,
-"Jamais il n'oserait avouer au grand, à l'immense Vogl qu'il vendit un jour, alors élève au Konvikt, ses livres de classe pour pouvoir aller l'entendre dans le rôle de Pizzaro lors de la première du Fidelio de Beethoven."-

Un Schubertkugel de soixante pages à déguster !
Commenter  J’apprécie          655
Gaëlle Josse proclame dans l'introduction de ce très court roman qu'elle aime Schubert, passionnément. Moi aussi, je l'aime. Schubert est le musicien de l'âme, de la nostalgie, des mots à demi dévoilés, de la douceur. Et Gaëlle Josse est la poétesse de l'émotion.

Ici, elle nous raconte un été, quatre ans avant la mort de ce musicien. Un été en Hongrie, dans la propriété d'une famille aristocratique, où Schubert a été invité en tant que maitre de musique des deux jeunes filles. Il tombe amoureux de la seconde, Caroline. Tout les sépare, hélas : la naissance, le physique, l'argent… Mais tout les unit : la discrétion, l'émotion qui affleure, l'intériorité. Schubert repartira en octobre, seul, pauvre, humble, mais génial.

Cet été où finalement il ne se passera rien de concret, où la musique de Schubert palpitera, Gaëlle Josse nous le raconte finement, à mon avis de façon trop répétitive. Je me suis un peu ennuyée, à vrai dire. Elle en profite pour insérer des informations sur la vie du musicien, qui me semblent connues de tous. Disons qu'elle ne m'a pas appris grand-chose.
Sa belle écriture s'est unie aux mélodies de mon compositeur préféré, je la salue pour cela.
Mais cet été à quatre mains n'a pas eu pour moi la fulgurance attendue.
Schubert m'est cher, Gaëlle Josse aussi : je ne les abandonnerai pas pour autant !
Commenter  J’apprécie          366
Merci à Babelio et aux Editions Ateliers Henry Dougier pour le roman « Un été à quatre mains » de Gaëlle Josse. Un court roman de moins de 100 pages, presque une longue nouvelle, sur un été de la courte vie du compositeur autrichien Franz Schubert. Né en 1797, il meurt à l'âge de 31 ans de la fièvre typhoïde en novembre 1828, en laissant un nombre considérable de compositions.
Dans ce texte, Gaëlle Josse nous narre ces quelques semaines d'été en 1824, où, sans le sou, Schubert va donner des cours de piano en tant que maître de musique à deux jeunes filles, Marie et Caroline Esterhazy -famille aristocrate de Vienne-, dans leur résidence d'été en Hongrie.
Il connait déjà cette famille, ayant donné des cours quelques années plus tôt aux jeunes filles qui n'étaient alors que des enfants. Timide, de nature plutôt mélancolique, et n'étant pas très beau pour certains (petit de surcroit), ajouté à son manque d'argent, il ne se sent pas à sa place parmi ces gens plus fortunés, avec ces parents guindés. Son statut ne lui permet pas non plus de s'immiscer dans les discussions des domestiques de la maison. Il préférerait être ailleurs, avec ses amis, avec qui il peut jouer et être lui-même ou encore être seul à composer, les doigts dansant sur le piano. Mais il n'a pas le choix. Même s'il commence à être connu, Schubert n'arrive pas encore à vivre de ses compositions.
Heureusement, il y a les heures de piano auprès de Caroline, la plus jeune des deux élèves. Avec elle, il a tant de plaisir et d'émotions à travailler les morceaux, les gammes, plus encore lorsqu'ils sont l'un à côté de l'autre, à jouer ensemble. Caroline qui lui ressemble un peu par son calme et sa douceur. Leurs jeux à quatre mains sur le piano sont peut-être les seuls moments où le jeune homme se sent bien et qu'il apprécie durant cet été.
Et c'est cet amour impossible, si discret, que relate Gaëlle Josse avec son habituelle délicatesse dans le choix des mots, du rythme musical, si j'ose l'écrire. Moi qui connaissais peu l'univers de Schubert (« La truite » et « la jeune fille et la mort » principalement), j'ai aimé découvrir sa vie au travers de cet instantané émotionnel, ces quelques mois où le jeune compositeur a été amoureux. (J'ajoute un tout petit bémol : le texte m'a paru cependant un peu trop court pour m'y plonger totalement).
Grâce à ce récit, ma curiosité éveillée, j'ai poursuivi ma lecture et ma découverte, en lisant en détail la biographie de ce compositeur sur internet et en réécoutant quelques-unes de ses oeuvres majeures, lui qui est resté dans l'ombre de Beethoven (mort un an avant lui à l'âge de 56 ans).
C'est sûrement bien la preuve que Gaëlle Josse a réussi à nous faire entrer dans la vie de ce compositeur, mort si jeune, ou en tout cas, pour ma part, à m'intriguer. Ce texte confirme encore une fois tout le talent de cette auteure.
Merci aussi, une nouvelle fois, à Babelio et à toutes ces petites maisons d'Editions qui m'offrent de belles notes de musique, des notes que je n'aurais peut-être pas écoutées seule et qui donnent envie d'en écouter d'autres.

Commenter  J’apprécie          361
Un été à quatre mains. Fin mai 1824 , 17 octobre 1824, le domaine de Zseliz ,résidence d'été de la famille Estherazy.
Franz Schubert y est convié à charge pour lui de donner des cours aux jeunes comtesse Marie L ainée et Caroline la cadette celle qui va faire battre son coeur, sans espoir bien sur mais il n'empêche.
Une fois de plus , Gaelle Josse m'a séduite. En peu de mots elle nous fait découvrir ce musicien de génie malmené par la vie au talent reconnu mais en mal de la notoriété à laquelle il aurait droit , en mal d'amour sans en encourir les risques de maladie. Quelques pages et Schubert est là en chair et en os sous nos yeux nous enchantant toujours et encore...
Commenter  J’apprécie          350
“Il ne s'agit pas ici d'assujettir le cours d'une destinée à un imaginaire personnel, à des suppositions ou interprétations hasardeuses, mais simplement de chercher à relier quelques indices, quelques traces - qui seules font rêver, on le sait -, pour approcher l'un des mystères d'une vie”... précise Gaëlle Josse dans l'avant-lire de ce roman. Et dans le fil malheureusement très court de la vie de Franz Schubert, mort en 1818 à l'âge de 31 ans, cet amour fugitif qu'ont supposé certains biographes du musicien pour la comtesse Caroline Esterhazy durant l'été 1824 n'est en effet qu'une trace sur laquelle Schubert lui-même ne s'est jamais exprimé et qu'explore Gaëlle Josse dans "Un été à quatre mains".

C'est le second séjour de Schubert dans la résidence d'été de la famille Esterhazy (une illustre famille d'aristocrates qui furent les protecteurs de Haydn, Mozart et Beethoven) à Zseliz, en Hongrie, où, bien que rétribué, il est reçu cette fois comme un hôte et non un domestique. le premier séjour date de six ans, déjà. Les comtesses Marie et Caroline, quinze et treize ans à l'époque, ont bien grandi - des jeunes filles désormais à qui Franz, comme lors de son premier séjour, devra enseigner la musique.

La campagne est luxuriante, le temps superbe, le séjour promet d'être enchanteur, propice au repos après l'hospitalisation due à la syphilis, propice à la composition surtout dans le calme et l'absence de contraintes autres que les leçons à donner aux deux soeurs. Deux soeurs dont la cadette, Caroline, a un charme encore enfantin qui le trouble et l'émeut autant que son toucher agile au piano, sa grâce inconsciente et légère, sa difficulté à être au monde… Caroline en qui Franz pressent une âme-soeur.

De cet émoi, réel ou supposé, du musicien pour la toute jeune fille de huit ans sa cadette, Gaëlle Josse tire un joli conte plein de finesse et de sensibilité où sont revisités les thèmes éternels des tendresses sans réciproque possible et des amours empêchées par les barrières sociales. Même si rien n'est avéré, même si tout ceci, peut-être, n'est que pure invention, l'histoire que nous raconte Gaëlle Josse avec la liberté assumée de l'écrivain et son droit revendiqué à l'imaginaire nous restitue avec beaucoup de finesse et d'émotion le portrait d'un jeune homme timide, maladroit et pauvre, empêtré de lui-même dans tout domaine autre que la musique, de son corps disproportionné, de son physique ingrat, de la violence de ses sentiments, de sa délicatesse et de sa pudeur… avec, en arrière-plan, dans l'intime de son âme de créateur, la musique à écrire, pressante, impérieuse, fulgurante, lui que “la musique (...) a choisi pour exprimer ce qu'elle a de plus beau, de plus tendre, de plus désespéré”, les tourments de la création, les doutes sur soi-même face à l'ombre dressée des grands anciens et de Beethoven, le grand Maître, et la trajectoire d'une vie précaire, complexe et difficile, au bord de la misère.

Une belle plume, alerte et douce, pour un roman très court plein de tendresse et de respect à l'égard de l'un de mes compositeurs préférés, et une histoire attachante et sensible que j'ai beaucoup aimée. ❤
Commenter  J’apprécie          340
C'est avec une parfaite liberté que Gaëlle Josse nous compose une histoire romancée de la vie de Franz Schubert, sur une partition de quelques mois, accompagnée de notes douces et poétiques, sa marque d'écriture !
" Un été à quatre mains " de Gaëlle Josse est publié en 2017 aux Editions Ateliers Henry Dougier.
p. 13 : " de ce mystère sur la réciprocité, ou non, de cette passion amoureuse ébauchée devant le Bösendorfer en bois blond du vaste salon de musique de cette villégiature hongroise, j'ai imaginé ces pages. Elles sont pure liberté. "
Franz Schubert n'a pas remis les pieds au Château de Zseliz, en Hongrie, depuis six ans. Son inspiration, il le sait, n'est que plus fructueuse à Vienne, entouré de ses amis, qui reconnaissent en lui un talentueux compositeur.
p. 38 : " Troublante maturité, fulgurance de l'inspiration, perfection de la forme. "
Après avoir lutté contre la syphilis, son retour en terre hongroise n'a pas le même goût d'antan. Il a vingt-sept ans. Tout a changé.
Engagé comme maître de musique pour une famille bourgeoise hongroise, les Esterhazi, il dispense des leçons de musique à Marie et Caroline, les jeunes comtesses. le coup de foudre est immédiat pour la cadette. Franz ne compose plus que pour Caroline, âgée de dix-neuf ans, partageant autant que possible les moments de complicité au piano. Mais cette passion amoureuse, est-elle réellement réciproque ? L'effleurement de leurs bras lorsqu'ils jouent à quatre mains, n'est-il pas le fruit de son imagination ?
D'une sensibilité exacerbée, sa douleur est néanmoins sa meilleure alliée dans ses compositions.
p. 55 : " Où est la paix, où est le repos ? Il sait que le bonheur de ce monde ne lui est pas destiné. Il ne lui reste qu'à composer, à partager ce flux incessant de musique qui est en lui et qu'il accueille en ami, en seule consolation. Pas d'autre réparation pour lui. "
Sa timidité maladive lors de ses échanges avec Caroline, pourtant réduits au strict minimum, n'ont, semble-t-il, pas échapper aux parents de la jeune fille, qui voient ce rapprochement particulièrement inapproprié. En effet, Franz Schubert compose depuis son adolescence, et, si son génie est reconnu, il n'en reste pas moins impécunieux.
p. 72 : " Où sont ses espérances de jeunesse ? Il a vingt-sept ans. Depuis l'adolescence il n'a cessé de composer. L'estime, la notoriété, la reconnaissance sont là, mais le succès, le vrai succès, la gloire, la célébrité se dérobent, il pressent qu'il en sera toujours ainsi. Seules la pauvreté, la maladie font route avec lui. Pourtant, il a encore tant de musique à accueillir. "
Une fois encore, Gaëlle Josse nous fait voyager au travers des époques et des paysages, dans une prose et une sensibilité qui me subjuguent à chacune de mes lectures.
Lien : https://missbook85.wordpress..
Commenter  J’apprécie          260
Gaëlle Josse, avec son immense talent et sa belle sensibilité évoque un amour de Schubert, ce mal aimé génial qui a transposé dans sa musique tous les tourments de son âme.
" Nul ne peut soupçonner les larmes accumulées pour faire surgir tant de beauté, ni le coeur trop lourd qui ne sait dire sa tendresse qu'avec des notes. Son royaume est immense, inépuisable, tout comme son coeur est démuni, et sa peine insondable".
C'est à la fois sobre et superbe, comme tous les romans de l'auteure ; chacun étant une pièce unique et précieuse.
Commenter  J’apprécie          263
Je ne suis pas musicienne, je ne connais pas grand-chose à l'histoire des grands compositeurs, je ne sais même pas reconnaître les morceaux les plus célèbres lorsque je les entends... Mes émotions artistiques me viennent essentiellement de la peinture, jamais un air de musique classique n'a réussi à m'émouvoir. Mais je n'avais aucun doute en ouvrant ce petit livre. Car la signature de Gaëlle Josse est la promesse d'une bulle de beauté, sa plume sensible serait capable de transformer une simple liste de courses en la plus émouvante des natures mortes.

Alors... attendre le bon moment, un samedi soir un peu solitaire bien à l'abri sous un plaid tandis que les éléments se déchaînent à l'extérieur, fin d'hiver, giboulées. Eteindre la télé. Se déconnecter du marasme ambiant, ces infos qui crachent en continu les images d'un monde violent, corrompu, gagné par la peur. Souffler. Sentir le calme, goûter le silence. Et commencer...

"Il est inutile de chercher là oeuvre de biographe ou de musicologue. C'est un risque. C'est avant tout un geste d'amour envers l'ami, le frère dont chaque note, depuis si longtemps, me berce ou m'étreint le coeur. Et entre risquer et aimer, y a-t-il finalement beaucoup de différence ?"

Et avec vous, Gaëlle, le risque est un plaisir délicat. Ces quelques mois dans la vie de Franz Schubert sont pour vous l'occasion d'explorer les non-dits, les silences et les clairs obscurs, tout en esquissant un contexte, une époque, une histoire et les contours d'un homme avec ses failles, ses doutes, ses aspirations, ses craintes, ses espoirs fracassés. En quelques pages, quelques fragments de vie, Schubert m'a soudain semblé très proche. Cet été dans la campagne hongroise, le poids de la dépendance de l'artiste envers un mécène ou un employeur, la musique qui réunit deux être que les contraintes sociales opposent, le poids d'un regard ou d'un simple effleurement...

Il a suffi d'un mystère, d'un détail dans la biographie de Schubert pour titiller l'inspiration de Gaëlle Josse et lui donner envie de recréer ces moments à l'aune de sa propre sensibilité et des émotions que le compositeur a su lui procurer tout au long de sa vie. C'est sa proximité avec lui, avec sa musique qui lui permet de nous faire partager ses sensations avec une pudeur exquise. Non, effectivement, ce n'est là nullement oeuvre de biographe, mais oeuvre d'Artiste. Avec un A majuscule.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          212
87 pages de délicatesse et de tendresse sans mièvrerie aucune. J'aime quand la plume d'un auteur entoure de son affection un personnage. Dans un "Avant-lire", Gaëlle Josse nous confie à quel point la musique de Schubert l'accompagne et la touche depuis longtemps. "Schubert parle au coeur, en accompagnant les plus ténus, les plus impalpables de nos états émotionnels intérieurs, sa musique nous atteint avec une désarmante simplicité, comme la main d'un ami posée sur notre épaule". C'est donc en amie qu'elle lui rend hommage dans ce court roman qui, prévient-elle, n'est pas oeuvre de biographe, ni de musicologue.
Elle ancre cependant son récit dans des éléments biographiques avérés, celui du deuxième séjour que fit Schubert au cours de l'été 1824, dans la propriété hongroise de la riche famille Esterhazy, à Zseliz. Engagé comme six ans auparavant en tant que maître de musique pour les deux jeunes filles de la maison, le compositeur n'est pas spécialement à son aise dans ce milieu fortuné où il lui faut soigner son apparence et ses manières. Mais lui qui est constamment sans le sou a été pressé par ses amis de Vienne d'accepter ce poste, bien rémunéré et reposant pour sa santé précaire. Il s'est laissé convaincre, persuadé que cet emploi de répétiteur, même associé à l'obligation de créer quelques compositions plaisantes pour les jeunes comtesses lui laissera le loisir d'être inspiré pour des oeuvres de plus grande envergure. C'est avec une grande tendresse que Gaëlle Josse nous dépeint ce compositeur au génie précoce, mal payé de retour dans cette Vienne mélomane où la concurrence est rude. A 27 ans, il a acquis une certaine notoriété mais ne parvient pas à accéder à la gloire. Malgré le soutien du plus célèbre baryton de l'époque, il est trop timide et ne sait ni flatter ni séduire dans les salons. Courtaud et maladroit, pas franchement beau, il n'aime rien tant que composer librement dans une petite chambre pour jouer ensuite ses compositions devant ses amis réunis dans l'ambiance chaleureuse d'un café viennois. C'est un homme déjà fort mélancolique, marqué par les années austères de l'internat, par des échecs sentimentaux qui découvre en la personne de sa jeune élève, Caroline Esterhazy, moins brillante que sa soeur aînée, non pas une fiancée éventuelle_leurs conditions sociales sont trop différentes_ mais une semblable de coeur et de tempérament. Composer des oeuvres à quatre mains et susciter ainsi le trouble de quelques frôlements, voici tout ce que le jeune compositeur peut s'autoriser, mais peut-être est-ce déjà trop demandé...
L'écriture sensible et visuelle de Gaëlle Josse permet à l'imagination de se projeter en compagnie de Caroline et Franz dans le salon cossu du château de Zseliz. On se sent un peu comme un ami qui les observerait, attendri par cette romance et cette complicité musicale. On ne sait si l'inclination du compositeur pour la jeune comtesse a été réciproque. Gaëlle Josse dont l'écriture est tout en délicatesse ne nous imposera rien mais nous laissera le choix de l'interprétation...


Lien : http://leschroniquesdepetite..
Commenter  J’apprécie          152




Lecteurs (223) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3202 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..