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Critique de fanfanouche24


Un intense moment de lecture… où on ferme cet ouvrage, la gorge complètement serrée par l'émotion !
« Vivian Maier fut donc cette gouvernante aux origines françaises et autrichienne , cette nourrice née à New-York en 1926, qui consacra tout son temps, toute sa vie à la photographie de rue, avec un talent égal à celui des plus grands.

Une oeuvre découverte par hasard, par erreur- à moins d'y voir la main réparatrice du destin-, et portée à la lumière après sa mort, dans ce qui s'apparente à la découverte d'un Van Gogh ou d'un Caravage dans le grenier. Aux innocents les mains pleines, dit-on parfois...
Peut-on imaginer matériau plus "romanesque", et plus désespérante histoire ? » (p. 151)

Un livre que je désirais lire dès sa publication…et puis, le temps a filé avec d'autres curiosités, d'autres boulimies…Je répare donc, avec un retard certain, une envie de longue date, grâce au fond de ma médiathèque…
Une grand abondance de chroniques, justifiées, sur un livre qui ne peut pas laisser indifférent ; Un véritable miracle… que cette « photographe-née » n'ait pas complètement disparu ? Et combien, d'autres destinées tragiques…sûrement, qui sont restée dans l'Invisibilité » ?

Une vie incroyable qui nous serre le coeur tant l'histoire familiale ne fut pas de tout repos. Une mère toxique, mal-aimante…une enfant, en dehors d'une grand-mère maternelle aussi protectrice qu'elle le pouvait, l'enfant Vivian fut le plus souvent laissée à elle-même, devant se débrouiller devant un désert familial violent…La photographie fut « sa compagne » tout le long du chemin ! Une vie « obscure », solitaire…en dépit de son talent ! Un parcours d'immense solitude…

Une existence des plus modestes, en dehors des dites »normes », dont les milliers de photos ont failli finir dans l'ignorance de tous ! Tout le long de ce magnifique texte très sobre, un autre artiste ne m'a pas quitté un instant… Robert Walser et son ami, ,Carl Seelig , homme sensible de talent, qui allait rendre visite à l'écrivain, dans un asile, oublié de tous. Un autre créateur , tout dans l'Effacement !...

Gaëlle Josse s'interroge sur son propre travail d'écriture ainsi que sur son choix non anodin qu'est ; l'énigme « Vivian Maier » ; Pourquoi le choix de cette destinée « tragique »…

« À me pencher sur Vivian Maier, c'est aussi la vie d'autres artistes qui me vient à l'esprit. Tous ceux de l'anéantissement, de l'inutile, des miracles ignorés. C'est Ossip Mandelstam, le poète, le sacrifié des purges staliniennes, qui écrit sur la route, en chemin vers la Kolyma. Il meurt dans un camp de transit, près de Vladivostok, quelques jours après Noël, de faim, de froid, du typhus. Il a pu sauver un crayon, quelques morceaux de papier taché, froissé. Un trésor. Jusqu'à l'épuisement, jusqu'à la perte de conscience, il écrit.”

« Elle n'est pas une nourrice qui prend des photos pour se distraire, mais une artiste qui se contente d'un travail alimentaire. Question de focale. de point de vue.”

« Au cours des années cinquante, entre deux emplois, dès qu'elle le peut elle parcourt les Etats-Unis, Texas, Floride, Californie, Illinois, et le Canada, l'Amérique latine. Organisée, audacieuse, téméraire, comme peu de femmes se permettent de l'être dans ces années-là. le temps des routards n'est pas encore venu, l'Amérique célèbre la femme au foyer, la mère, l'épouse accomplie, souriante et épanouie en compagnie de son réfrigérateur, de sa cuisinière et de sa panoplie de mixers. Comme Vivian est loin de cette imagerie ! Elle est seule. Elle est libre. Elle court le monde.”

Certes LIBRE… mais Vivian Maier paiera très chèrement cette LIBERTE, et son non-conformisme !

Une lecture aussi poignante que brillante, qui me restera très durablement en mémoire…ainsi que des images…qui surviennent sans « crier gare ». Merci à Gaëlle Josse d'avoir , avec ce très beau livre, redonné une véritable existence et reconnaissance, à cette femme-artiste, si singulière !
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