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Critique de Charybde2


Le chant envoûtant d'une éco-poésie du vivant, alternative, exploratoire, futuriste et radicale.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/04/25/note-de-lecture-payvagues-florence-jou/

Quatre récits : « la chose, arrache, détache et met en déroute », « odor under control », « le stable n'est pas le commencement » et « via the moon to the beach ». Quatre manières différentes mais subtilement résonantes d'inventer un nouveau rapport à un vivant décati, voire effondré, mais dont la capacité de régénération, voire de résurgence, sous les mêmes formes ou sous d'autres, impressionnera toujours autant. Entre rituels physiques, notices techniques dissimulées et incantations musculaires, Florence Jou invente, avec ce « Payvagues » paru aux éditions de l'Attente en janvier 2023, situé dans la lignée de son précédent texte, « Explorizons » (auquel le troisième récit, ici, renvoie d'ailleurs très directement), de nouvelles possibilités d'habiter ici ou ailleurs, même lorsque le monde s'est beaucoup penché. Récits ensorcelés ou chamaniques, naviguant entre terres nourricières et bétons reconquis, plages décharges et océans ressourcés, ils explorent, entre algues proliférantes, déchets électroniques et mauvaises herbes nécessaires, un étonnant terreau de possibilités organiques, qui doivent tout, avant tout, à la langue merveilleuse ici à l'oeuvre.

Poésie post-écologique volontiers machiavélique, qui pourraient lorgner du côté du Jérémie Brugidou de « Ici, la Béringie », de la Céline Minard de « Plasmas », du collectif Bombyx Mori de « La trame » ou du Lucien Raphmaj de « Capitale songe », par exemple, « Payvagues » manie avec une grande virtuosité son vocabulaire méticuleux pour créer une ambiance post-apocalyptique d'un « déjà demain » riche d'espoirs, sans en raconter les tenants et les aboutissants, pour rappeler les contagions permanentes qu'instillent encore et toujours le développement personnel et le lexique lénifiant des start-ups déployant leur greenwashing ici et maintenant – et que s'en déprendre demande du temps, malgré tout -, et pour mobiliser un formidable trésor de guerre de références radicales (Anna L. Tsing, Philippe Descola, Donna Haraway, Ursula K. le Guin, Starhawk, parmi bien d'autres – l'extraordinaire boulangère de « Shaolin Soccer » fera ici plutôt figure d'exception) que l'on ressent sans les voir – ce qui est la marque d'une belle maîtrise du langage écologique et science-fictif et de ses codes poétiques, quitte à ce que de légères claudications résiduelles signent justement, comme un magnifique aveu, qu'ici on explore, on ne fige pas.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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