Citations sur Le voyage de Ludwig (32)
Les résonances m’apaisent. La musique des hommes cicatrise tout. Je dors un peu et rêve de nager dans un champ d’été, dont les vagues de blé s’écrasent les unes contre les autres au gré des bourrasques moelleuses. Je flotte, à la poursuite du bourdonnement des abeilles. J’aimerais que cette nuit ne voie jamais le jour.
Chez les hommes, la guerre est une cinquième saison, dont la marche condense toutes les autres : les esprits chauffent en été, les morts tombent en automne, les cœurs frissonnent en hiver, puis la paix refleurit au printemps, enfin, parfois… Hannah reste ainsi plusieurs minutes sans rien prononcer de plus. Ça ne me gêne pas, je pourrais la contempler des jours entiers. Elle parlera quand elle le souhaitera. Mon corps s’enflammera au moindre son de sa voix et aucune de ses confessions ne remettra en cause l’amour que je lui porte.
Je ne sais pas ce que mes frères et sœurs sont devenus, j’espère juste qu’une famille humaine aussi merveilleuse que la mienne les a accueillis. Je n’en doute pas, quel serait l’intérêt de nous adopter si ce n’est pas pour nous aimer ?
Peu importe ce que tu vois, ce que tu entends ou ce que tu sens. Même si je ne suis plus là. Si tu as un long chemin à faire, emprunte-le, toujours en courant. Ne te retourne pas, fuis, jusqu’à trouver refuge dans le silence. Seul le calme autour de toi signifiera que tu seras loin des hommes, et en sécurité.
Certains clients voyaient d’un mauvais œil la présence d’un animal près de leurs affaires. Même ceux-là, j’aimerais les recroiser. Depuis l’arrivée des Crieurs, ils ne viennent plus. J’attendais chaque fin d’après-midi qu’Hannah sorte du lycée et vienne rire en me soulevant ou se consoler en me caressant. Son parfum remplace tous les autres dans mon cerveau : un mariage de sucre, de fleurs et d’énergie perpétuelle. Le sucre, c’est parce qu’elle a croqué tellement de bonbons ! Pour les fleurs, c’est parce que, dans sa chambre, des tulipes reposaient près de son lit et scintillaient dès la nuit tombée. Quant à sa douce transpiration, elle souligne sa vivacité et sa détermination. Ces trois éléments sculptent toujours son être. Ils apaisent mon cerveau et purifient mes poumons… La blanchisserie reste sombre aujourd’hui.
Je ne parviens pas à maîtriser la définition précise des mots, mais simplement à enregistrer leur sonorité, afin de la reconnaître et d’agir en conséquence.
Chez les hommes, la guerre est une cinquième saison, dont la marche condense toutes les autres: les esprits chauffent en été, les morts tombent en automne, les cœurs frissonnent en hiver, puis la paix refleurit au printemps, enfin, parfois...
Je cours entre les bras d'acier, je stoppe et regarde derrière moi. Le chef de gare s'est à nouveau assis sur le banc, la tête entre les mains. J'aboie pour lui dire au revoir. Il sourit. Je repars vers l'horizon. Je ne l'oublierai jamais. Il n'y a pas d'être plus humain que celui qui sauve un animal.
Tout ce remue-méninges mathématique épuise mes dernières forces. Nous ne sommes pas des animaux créés pour cela. Nous ne sommes pas des singes savants censés amuser la galerie.
Dans notre monde, les odeurs règnent aussi en divinités ou démons. Elles vagabondent partout, endossent parfois le rôle de guides. Qu’il s’agisse d’une larme versée dans un champ ou d’une goutte de miel qui dévale un tronc d’arbre, leur empreinte dessine une trajectoire exclusive dans le ciel,laissant des traces sur le sol et les murs, comme maculés de sang frais. Jamais nous ne nous ennuyons !