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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Qui n'a pas un jour hésité à débuter un roman en raison de son nombre de pages ? Je crois que cela nous est tous arrivé et ici, je l'avoue, c'est ce qui m'a retenu de lire ce roman plus tôt, en dépit des chaudes recommandations qui l'accompagnaient. Alors je peux vous le dire maintenant, faites fi de toutes vos réticences. Oui, il fait 607 pages, mais je vous promets que vous ne les verrez pas passer et je peux même avancer que vous les quitterez à regret.
Que dire de l'histoire ? Peut-être simplement que vous découvrirez une dizaine de personnages, sont liens apparents entre eux, que vous les suivrez de 1993 à 2020, et que vous voyagerez du Morvan à la Californie, du bordelais à l'Oklahoma, en passant par le Mexique ou Paris, mais surtout je peux vous dire que vous y prendrez un grand plaisir. Sans linéarité temporelle, vous suivrez leurs destinées, imaginerez leurs possibles. Certains basculeront du côté des gagnants, d'autres vers celui des perdants, de manière parfois évidente, mais le plus souvent de façon surprenante. C'est foisonnant, c'est dense, mais c'est surtout terriblement addictif en même tant que follement instructif. On passe ainsi de pages sur l'assemblage du vin à l'enfer des stages de conversion, des arcanes du Dark Web, à la mécanique implacable des jeux de télé-réalité , des coulisses du FBI au calvaire des migrants latinos, presque sans transition mais toujours avec un incroyable sens du détail et surtout un égal plaisir. C'est tout simplement bluffant et pour tout dire remarquable.
La quatrième de couverture présente ce roman comme un « livre-monde». Je dirais pour ma part que c'est la radiographie d'une époque. Il traverse les principaux évènements de cette fin de siècle, des années Chirac aux gilets jaunes, du 11 septembre à l'élection de Trump, mais il va bien au-delà, en nous immergeant dans cette époque avec force détails. Les résultats d'une équipe de foot, les noms des enseignes d'une zone commerciale de banlieue, le titre d'une chanson en haut des charts, ou encore une émission de télé populaire, autant d'éléments qui nous transportent dans le temps, bien mieux que de longues descriptions, et c'est tout simplement savoureux. Quant aux personnages, ils sont bien sur la force de ce roman. Ils sont dépeints dans toute leur complexité, sans complaisance, avec une acuité et un talent incroyable.
Alors oubliez le nombre de pages et foncez à votre tour dans cette lecture incroyable
Vous ne le regretterez pas!
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« La géométrie des possibles » est le second livre d'Édouard Jousselin. À seulement 35 ans, il propose ici un roman-fleuve doublé d'un roman choral d'une remarquable densité. le texte s'étend des années 90 aux années 2000 et trace le destin de plusieurs personnages, à travers les époques et les lieux. du petit village de Quarré-les-Tombes dans le Morvan aux vignes bordelaises, de Paris aux États-Unis, de l'État d'Oklahoma à la Californie, le monde bruisse et la destinée des personnages s'entrelace. le texte s'ouvre sur un accident de voiture. Les détails qui y sont apportés donnent le ton : précision, mélange des genres entre cinéma et littérature, références pointues et émotions.

Différents personnages hantent ces pages avec un seul point commun : l'attachement immédiat et instinctif du lecteur. Si on les connaît à peine, on les aime déjà. Cette affection quasi reptilienne se renforce au fil de « La géométrie des possibles » sans que l'on comprenne réellement ni comment ni pourquoi. L'auteur parvient si rapidement à nous les faire aimer ! Une famille, voilà ce qu'ils seront tous à la fin des 600 pages de lecture. Dans la partie française du récit, on rencontre Lucien, ancien résistant, qui ne s'est pas remis des atrocités de la guerre et dont les nuits sont peuplées par des fantômes. Sa fille, Isabelle, mariée avec Dominique, a deux enfants, Max et Marine. le premier ne sait pas vraiment quoi faire de sa carcasse, la seconde a une ambition démesurée. Il y a aussi Clarice, petite amie de Max, qui rêve de devenir une grande actrice à Hollywood. Pour la partie américaine, plusieurs personnages masculins vont avoir un rôle à jouer dans le récit. Steve est fan de super-héros et d'une trilogie cinématographique en particulier. Il use et abuse des paradis artificiels en Oklahoma. Ben, père de famille est le jouet d'un destin bien facétieux. Candidó, d'origine mexicaine, veut vivre une existence plus douce en Californie. Pour y parvenir, son parcours sera semé d'embûches. Chacun de ces personnages a des ambitions particulières pour son avenir. Chacun des rêves et des espoirs. Chacun subira des désillusions, des regrets et des changements de cap. Quel est le fil conducteur qui permettra à Édouard Jousselin de rapprocher ces femmes et ces hommes au fil du temps ?

Dans « La géométrie des possibles », la structure narrative n'est pas linéaire. L'auteur joue avec les époques. Si l'on considère que les années 2000 sont le présent du récit, de nombreux retours dans le passé permettent de comprendre la genèse des personnages et des situations. de la même façon, les années qui passent permettent d'appréhender les changements qui s'opèrent en eux. C'est un enchantement d'explorations et de découvertes ! Parallèlement à ce choix narratif, Édouard Jousselin a façonné son roman en naviguant dans les espaces (entre la France et les États-Unis) et a opté pour le roman choral afin d'être au plus près de ses personnages. Dans les parties consacrées aux années 90, les détails sont impressionnants. Préparez-vous à une résurgence de vos souvenirs ! Les changements de temporalité, de lieux, de personnages enrichissent considérablement le récit, complexifient l'histoire sans la rendre nébuleuse et autorisent une intense jubilation de lecture.

Pour s'attarder un peu sur les lieux, il me faut vous parler de la précision des parties californiennes. Pour y avoir vécu, vous savez à quel point je suis sensible aux détails, qu'ils relèvent des lieux, de la façon d'y vivre, ou des subtilités du quotidien qu'il est difficile d'appréhender sans y avoir vécu. J'ai été enchantée par l'acuité des indications topographiques (Topanga canyon notamment, mais aussi les routes/autoroutes mentionnées), les descriptions des rituels américains (le café) et la connaissance des spécificités inhérentes à ce pays où effectivement le surnom de William est Bill (comme celui de Richard est Dick, ou celui de John, Jack). Tous mes souvenirs sont remontés à la surface tant les détails sont soignés et les remarques pertinentes. Mais, « La géométrie des possibles » est également une balade bucolique dans les vignes bordelaises et les plaines du Morvan, Morvan qui inspire bon nombre d'auteurs en ce moment. Les lieux collent littéralement à la peau de certains protagonistes, tant et si bien qu'ils sont des personnages à part entière. Qu'on veuille les fuir ou s'y ancrer, ils sont omniprésents et apportent au récit une dimension sociale très importante. Ils ancrent le roman dans une réalité tangible.

« La géométrie des possibles » immerge le lecteur dans le monde contemporain. D'abord par l'Histoire, ensuite par les thématiques abordées. le roman couvre environ trente années marquées par de nombreux événements historiques, catastrophes, rebondissements politiques, attentats, etc. Les histoires des personnages sont habilement entrelacées avec la grande Histoire, ce qui ponctue le texte de réalisme en nous replongeant dans des faits marquants de notre passé commun. Passionnant ! Évidemment, les thématiques décortiquées reflètent les enjeux de ces années comme l'arrivée massive d'internet, le du darknet, la précarité, les crises sociales, les rebondissements et surprises politiques, la lente progression vers une ubérisation de la société pour ne citer qu'elles. Au coeur des personnages, de leurs destins, de leurs espoirs, Édouard Jousselin transcende les amitiés et les traîtrises, les secrets de familles, les amours contrariés ou déçus, les chemins de vie tout tracés qui changent de trajectoire ou au contraire les itinéraires prédestinés.

Édouard Jousselin réussit ici un tour de force par sa virtuosité à relier les destins de ses personnages grâce à une construction si ingénieuse qu'elle frôle le génie. À travers les voyages dans le temps et les espaces, la découverte progressive du vécu de ses personnages et les choses de la vie qui les frappent, il tient son lecteur sans jamais l'embrouiller ou le lâcher. Les détails qu'il procure renforcent cette immersion totale et ses descriptions ancrent le récit dans le réel. L'attachement envers les protagonistes n'en est que plus exceptionnel, le lecteur tremble avec eux, vit avec eux, existe à travers eux. Ces destins croisés complexes, histoires dans l'Histoire font de « La géométrie des possibles » un roman à tiroirs, un ravissement pour ces lecteurs qui aiment l'audace, la prise de risque, l'absence de facilité et l'originalité.

« La géométrie des possibles », fresque contemporaine, roman choral, est une oeuvre éblouissante, aboutie et brillante, digne des plus grands. Ces personnages, qui ne cherchent qu'à exister dans leurs vies respectives, existent dans la nôtre. Que leurs trajectoires se croisent ou divergent au gré du hasard ne change rien à la tendresse qu'on leur porte. Ils ont leurs propres ambitions, mais capturent véritablement notre époque en donnant le pouls des trente dernières années.

Ne vous laissez pas décourager par sa taille, une fois le roman achevé, vous en demanderez encore. Je vous garantis un maelstrom d'émotions ! MAGISTRAL !
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Comme un puzzle, les pièces s'assemblent au fil des pages. le fil invisible s'illumine entre cette multitude de personnages sans lien apparent.
Car quel est le lien entre un ancien résistant en Bourgogne, un producteur français à Los Angeles, un migrant mexicain, un agent du FBI, un auteur français, une étudiante acharnée, un rescapé d'un attentat ? Comment des personnages vivant sur deux continents et n'ayant aucun lien de parenté, ni point commun peuvent-ils se croiser ?
L'histoire s'ouvre sur un accident de voiture, deux voitures se percutent sur une route de Los Angeles. Une victime. Un rescapé. Des victimes et des rescapés dans ce roman qui met en scène une multitude de personnages, tous plus différents les uns que les autres. Tous, ayant une trajectoire différente.
Un chapitre par année. Un chapitre pour dessiner un pan de notre histoire contemporaine. Des années 90 aux années 2000, 2012 et les mois de confinement. Des aller-retours entre la France et les Etats-Unis.
Les pages s'enchaînent. La vie des personnages se dessine. Leur présent s'explique par leur passé, les contours de leur futur se précisent.
Un roman addictif. Les pièces s'emboîtent au fur et à mesure.
De la finesse dans l'écriture. Des faits de société s'entremêlent au destin des personnages. Une description psychologique.
Une fresque sociétale qui explore notre histoire, nos faits de société et nos dérives.
Un roman très intéressant et à découvrir.

Lien : https://www.quandleslivresno..
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Vous est-il déjà arrivé de terminer un livre, de vous dire que vous avez adoré, vous n'avez pas ressenti une seconde d'ennui, pourtant, vous avez la tête tellement pleine de cette histoire si complexe que vous êtes incapable de la résumer ?

Et bien, ça m'arrive maintenant. Avec ce livre.

J'ai l'image de ces séries TV où les inspecteurs de police tentent de résoudre une affaire en liant d'un fil rouge plusieurs photos, plus suspects. Je suis persuadée que c'est ce que Jousselin a fait pour préparer ce roman.

Dans ce livre, nous sommes partout. En France, aux Etats-Unis. Nous balayons presque 30 ans de vie. Et quelles vies ! Ce livre, c'est l'histoire de tant de personnages, de tant de choses. Une famille américaine sans histoire, un mexicain prêt à tout pour vivre l'American Dream, un papi faux résistant, une femme au palais fin, une famille de vignoble, une française qui rêve d'Hollywood alors qu'une américaine étudie Camus et rêve de Tour Eiffel. C'est un jeune homme qui plonge dans les rouages du Darkweb alors que d'autres comprennent qu'il vaut mieux travailler à l'école.

C'est l'histoire de gens qui rêvent grand, trop peut-être, c'est aussi une partie de notre Histoire, c'est vivre dans un monde qui va trop vite, c'est la possibilité d'être lié à tous. C'est s'intéresser à qui / à quoi l'on attribue la réussite de nos jours. C'est comprendre « comment » atteindre nos objectifs au sein de notre société.

A travers le parcours de ces personnages, Jousselin nous peint la fresque de notre époque.

Ses chances mais aussi ses dangers. Ses incompréhensions, ses vérités autant que ses mensonges.
La plume est addictive, chaque personnage compte, chaque histoire nous embarque.
Un style très mature digne des grands écrivains américains.
Une grande découverte.
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Un roman fascinant, addictif et très original à bien des égards. Exigeant également.

Tout commence par un accident sur la Route 101 à Los Angeles. Un homme gémit dans sa Maserati, un autre s'éloigne de la scène en titubant, abandonnant sa Honda sur place.
À partir de là, le narrateur, omniscient et véritable marionnettiste, nous balade dans une histoire aux multiples fils sur lesquels il tire à sa convenance.
De Los Angeles à l'Oklahoma en passant par le Morvan, Paris ou Dijon, des personnages entrent en scène, acteurs ou victimes de nombreuses thématiques sociétales. On assiste à la construction d'un puzzle, les pièces s'assemblent habilement formant, au rythme d'événements réels ou fictifs, le tableau de notre monde occidental contemporain.

Vous appréciez la fiction et l'art de la narration ? Vous aimez les écritures créatives de qualité ? Vous aimez l'humour, du plus cinglant au franc éclat de rire ? Vous croyez aux destins tracés à l'avance ? Alors vous aimerez ce roman dont les 600 pages se tournent sans pouvoir s'arrêter. Un livre hors du commun, brillant et vertigineux.
Bravo maestro !
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Soyons honnête, vu la taille du livre, celui-ci est resté un peu à côté de ma pile car je pensais mettre des semaines à le lire et accumuler du retard. Mais je m'y suis mit, et je l'ai dévoré en deux jours seulement.

Pourtant, un livre avec autant de personnage, sur des époques différentes, ce n'est pas simple pour moi en général, mais là, il y avait quelque chose dans ce roman qui a fait que j'ai eu aucun souci.

Est-ce le style d'écriture que j'ai trouvé assez fluide, avec des mots et des tournures abordables, le rythme avec des paragraphes courts changeant rapidement, me permettant ainsi de ne pas perdre le fil de qui est qui, les personnages en eux-mêmes, tous un peu torturés et attachants, sûrement le mélange de tout cela.

Passant allègrement de Quarré-les-Tombes dans le Morvan, à Hollywood avec un détour par le darkweb et la télé-réalité, l'auteur nous fait suivre des destinées très diverses et variées, contemporaines, qui vont finir par se croiser à un moment ou à un autre. Un point également que j'ai beaucoup apprécié, je n'arrivais pas à savoir quel personnage allait avoir une interaction avec quel autre tant qu'Edouard Josselin ne l'avait pas décidé.

Ne vous découragez pas comme moi devant les 600 pages, vous passeriez à coté d'un livre audacieux et parfaitement maitrisé.
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En jonglant avec les époques et les personnages, Édouard Jousselin nous propose un roman à la construction impeccable. Il brosse une vaste fresque sur deux décennies, dans laquelle se débattent une dizaine de personnages.

Nous avançons entre la France et les États-Unis sur un fil tendu qui jamais ne se rompt. Progressivement, les liens invisibles qui relient les personnes apparaissent, une toile se forme. Nous rencontrons des personnages aussi divers qu'un migrant mexicain, un adolescent un peu paumé, une mère de famille qui refait sa vie, un producteur hollywoodien, et tant d'autres encore. Par un habile jeu de va-et-vient, ils se dévoilent et évoluent. Ils affrontent les évènements de leur temps : attentats, gilets jaunes et Covid.

La grande force de ce roman, ce sont ces personnages. Malgré leur différence et leur nombre, l'auteur réussit à en faire des figures extrêmement crédibles. Ils sont tous suffisamment singuliers pour qu'on ne se perde jamais entre les histoires, ils ne sont pas non plus caricaturaux. Il y a une part de tendresse dans les portraits, quelque chose qui fait que jamais nous ne rions d'eux, même dans les moments où ils sont misérables. Certains aspirent à de grands destins et d'autres se contentent de vies routinières et sans éclats. Certains réussissent brillamment et d'autres les regardent avec envie. Il y a forcément, dans ce livre, des échos à notre propre existence, à nos relations, à nos espoirs et à nos échecs.

Ni lassitude ni temps mort n'apparaissent tout au long de ces six cents pages. La lecture est extrêmement fluide malgré la grande complexité du récit. Les attentats du 11 septembre, les gilets jaunes ou le Covid sont des toiles de fonds et jamais le sujet – comme dans nos vies finalement, et j'ai aimé qu'ils ne soient que cela dans le roman.

« La géométrie des possibles » raconte les virages que prennent parfois nos vies. Ce roman dit notre capacité à nous réinventer et à saisir ou non les opportunités. Il y a tant à dire sur chacun des personnages, sur leurs choix ou leur absence de choix.
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Pour son second roman, Edouard Jousselin se lance dans un tourbillon narratif où s'entrecroisent les époques, les personnes et les lieux. de 1993 à nos jours, du Morvan à Paris, du Mexique à Los Angeles, s'y déploient les existences de protagonistes incarnant à la fois des problèmes universels – désir de suivre ses rêves et difficultés à encaisser ses mauvaises décisions ; amours déçus et persistance du deuil affectif ; carrières décourageantes et inégalités sociales ; racisme et impunité… – et des enjeux spécifiques au monde contemporain – attentats terroristes, divertissement de masse, escroqueries en ligne, manipulation politiques, mise en lumière de la masculinité toxique, crise des gilets jaunes, pandémies sanitaires. On y suit des transfuges de classe, des laissés pour compte, des humains désabusés, en quête de rédemption, d'une seconde chance, ou au contraire contents d'eux, fiers de tromper leur entourage, voire aptes à basculer dans la violence.

On devine l'ambition de saisir l'époque d'un seul geste, de multiplier les personnages et les situations pour offrir un panorama complet. On pense à la manière dont Jonathan Coe raconte l'Angleterre via ses romans chorals, ou aux fresques magistrales des grands auteurs américains, à même de disséquer l'âme de leur pays à travers l'histoire d'une famille. On reste surtout stupéfait de constater combien Edouard Jousselin, à seulement 35 ans, est à la hauteur de cette ambition, fasciné aussi par la somme de travail.

Les dizaines de récits qui constituent les 600 pages de la Géométrie des possibles convergent et divergent de façon inattendue, au sein d'une structure romanesque qui s'autorise allers-retours entre le passé et le présent, et incursions dans le futur. Si l'on est épaté par les mécanismes qui engendreront la rencontre entre deux fils narratifs, ces derniers ne sont pas une raison d'être, mais une cerise sur le gâteau. L'incroyable force du roman est que chacune de ses parties est autosuffisante, grâce à l'originalité des scènes et à la pertinence du point de vue de l'auteur, dont la conscience économique et politique équivaut sa sensibilité et sa description de la complexité humaine.

C'est un texte sans borne. La Géométrie des possibles aurait pu être deux fois plus court ou trois fois plus long, suivre d'autres personnages que ceux auxquels il s'attache, ou explorer les années 1980 ou 2020, qu'il n'aurait rien perdu de sa puissance. La Géométrie des possibles, c'est également celle qui soutient le travail de l'écrivain. Ici, il s'agit d'une architecture précise et définie, mais qui semble pouvoir s'autogénérer de mille manières différentes. Une infinité de possibilités, tout aussi mathématiques les unes que les autres.

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Cette "Géométrie des possibles", c'est une fresque incroyable qui nous est peinte par l'auteur, avec un soucis du détail et une précision comme seul un grand artiste peut le faire. Avec savoir-faire, Édouard Jousselin met en scène des personnages diversifiés qui n'ont, à première vue, aucun point en commun. Leurs destins se croisent et nous attendons avec nervosité la fatalité de chacune de ces trajectoires.

Du terrorisme à Hollywood, de la criminologie au Dark Web, les thèmes qui y sont abordés rendent bien compte de la complexité de notre contemporanéité. La narration, maîtrisée et captivante, nous donne presque l'impression d'être au cinéma. Je vous avertis : il est impossible de se lever de son siège. Nous sommes cramponnés à son roman, du début jusqu'à la fin.
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Quel fil invisible relie un ancien résistant, une starlette de la téléréalité, un père de famille américain, un couple d'étudiants appliqués, un migrant mexicain et une jeune mère au bord de la crise de nerfs ? Aucun en apparence, et pourtant.
Des brumes du Morvan aux plages de Californie, des profondeurs du Darkweb aux paillettes d'Hollywood, espaces et temps se télescopent, selon les lois d'une énigmatique géométrie des possibles.
Dans ce deuxième roman, audacieux et addictif, Édouard Jousselin déploie une chronique vertigineuse de notre époque.

J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir la jolie plume de l'auteur. Je suis tombée sous le charme du style de cet écrivain manipulateur du "temps des horloges". Il est clair que pour ce récit sélectif, Édouard Jousselin a décidé que le temps calendaire est un corset trop étroit...mais, pour moi, il est clarifiant (je le tiens pour acquis maintenant 😂). le récit oscille entre passé et présent avec une opiniâtreté diabolique. J'ai deux fois été saisie d'un vertige provoqué par le bazar mental d'une lecture hachée avant de percevoir l'effet papillon. Ce roman in-fine trace une ligne dans le fouillis inextricable des agissements humains. Ici, l'écrivain n'a pas choisi le risque d'être simpliste. Il met en évidence la complexité de ce que la spontanéité de la vie livre de façon floue. Il joue avec le temps :  Anachronisme, ellipses, interférences temporelles, analepses et prolepses bouleversent l'ordre de présentation.
Une lecture qui m'a suivie dans mes rêves. J'ai reconstruit la nuit suivante la chronologie de l'histoire des protagonistes de Quarré-les-Tombes.
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