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Critique de ElizabethBennet


Lauréat de plusieurs prix prestigieux, construit sur une intrigue plutôt originale et alléchante, mélangeant enquête rationnelle et fantasy, Comme un conte ne manque pas d'atouts pour attirer le lecteur.

C'est vrai, le début du roman est plutôt prenant, avec le retour inexpliqué d'une Tara étrangement inchangée malgré les vingt années écoulées. Mais plus elle évoque les véritables circonstances de sa disparition, plus le charme se brise, et c'est le cas de le dire : comment adhérer un seul instant à son histoire d'enlèvement, au milieu d'une forêt féérique, par un homme séduisant, monté sur un cheval blanc et l'emmenant dans un monde extraordinaire, peuplé d'êtres exceptionnels... dont la principale activité consiste visiblement à forniquer au vu et au su de tout le monde, dans toutes les positions possibles ? Voilà des créatures bien surprenantes. Et lorsqu'ils arrêtent de faire catleya, les voilà qui plongent tout nus dans le lac, dans un grand délire orgiaque qui se conclut en orgasme collectif. Nous sommes très, très loin d'un monde à la Tolkien ou à la George R.R. Martin...

Ajoutons à cela que les personnages sont peu attachants, à commencer par Tara, dont le comportement passif et immature agace vite le lecteur. L'idée de faire intervenir un psychanalyste chargé de faire la lumière sur les élucubrations de Tara est intéressante, mais tourne à la psychologie de comptoir et à un vague gloubiboulga mêlant "Freud pour les nuls" et travaux de Bruno Bettelheim sur l'interprétation des contes de fées. Ainsi, le personnage d'Ekko, aux moeurs particulièrement libérées, évoqué par Tara devient chez le psy Echo, donc une projection évidente de l'inconscient de Tara, adolescente prude et fleur bleue. Pour la subtilité, on repassera...

de plus, le mélange étonnant entre franche vulgarité (les fées ont un langage fort peu châtié, sachez-le) et scènes d'une naïveté confondante (cf. le passage où Tara, à l'aide d'une guitare, charme les souris qui ont élu domicile chez Richie, façon Joueur de flûte de Hamelin) ne prend pas vraiment, et est plus déconcertant qu'autre chose.

Enfin, le style, peu travaillé, les longueurs (l'intrigue tient sur timbre-poste mais est délayée sur 250 pages) et les invraisemblances déconcertantes, comme le fait qu'aucun personnage ne songe un instant à prévenir la police du retour inexplicable de Tara vingt ans après sa disparition et son éventuel assassinat, achèvent de rendre ce livre insipide et décevant, malgré les prestigieuses récompenses qu'il a reçues.

Bref, Comme un conte est un roman qui aurait pu être intéressant par sa façon de jouer sur le folklore britannique et sa trame intrigante, mais qui ne tient pas ses promesses et frustre par sa fin, complètement bâclée et prévisible de surcroît. Comme quoi, les contes de fées ne finissent pas toujours bien.

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